Ça rend fou

Le printemps est le temps de l’année où l’on procède au grand nettoyage. Tout s’est accumulé durant l’hiver et voilà venu le moment de remettre de l’ordre et de nettoyer tout ce gâchis.

robin-1160990_960_720

On sort les meubles de patio, le barbecue, les parasols, le hamac, les nains de jardin et les lumières de parterre. La vie reprend son cours, elle qui s’est remisée en attendant que le froid passe et se termine. Voilà, c’est plus ou moins chose faite.

Cependant, il reste encore un gros mois et quelques avant que le camping ne recommence. Dans les Laurentides, la neige persiste longtemps, elle disparaitra totalement pour la fête des Mères, premier weekend où les terrains seront rouverts.

chardonneret

Cette année, j’ai acheté une mangeoire à oiseaux. Je le regrette déjà! J’aime la nature… naturelle, alors j’ignore quelle idée farfelue m’a traversé la tête. Elle est jolie, tout en cuivre verni, les oiseaux vont la trouver attirante, me suis-je dit. Idiot! Le seul oiseau qui la trouvera jolie est cette tête de linotte de Corbot qui se l’est procurée.

Je vous tiendrai au courant de l’histoire de ma mangeoire, le temps qu’elle durera. Peut-être aurai-je quelques belles surprises! Mais sincèrement, j’en doute déjà!

En fin de compte, l’adage se vérifie, le printemps, ça rend fou.

Une rivière et un havre

Une journée d’été magnifique, un peu trop chaude à mon goût, malgré un mercure indulgent. Le soleil bénéficie de l’air relativement pur pour mieux nous assommer. Ma casquette endure l’épreuve en silence, mais pleure tout de même quelques larmes de sueur.

Riviere-Des-Prairies.png

Vous voyez dans cet article des clichés que je viens de réaliser à deux pas de chez moi à Montréal. Le plan d’eau, c’est la rivière des Prairies, un bras du fleuve Saint-Laurent ceignant la rive nord de l’ile de Montréal. La largeur de la rivière à cette hauteur atteint environ un kilomètre.

RDP.png

Le niveau de cette rivière et celui de son affluent demeurent très bas à cause de la chaleur et du manque de précipitations. Le débit du seul émissaire des Grands Lacs est régulé par une série de barrages contrôlant les niveaux des cinq immenses résidus d’eau douce de la dernière grande glaciation. La linéarité du fleuve exempt de méandres confirme sa jeunesse, mais aussi que son eau coule dans une faille géologique majeure, la faille Logan, séparant les Appalaches au sud du bouclier Précambrien au Nord.

RDP-Oiseaux.png

À cette hauteur, les rives sont gardées à leur état naturel et les oiseaux aquatiques viennent y nicher en grand nombre. Canards noirs, colverts, branchus, huards, pluviers, hérons et mouettes n’ont pas à se disputer le territoire beaucoup plus vaste que leurs besoins. Ça ne les empêche pas toutefois de participer à des petites sauteries en groupe où leur promiscuité contraste avec la vastitude des paysages. La grégarité se décline chez bien des espèces autres que l’humaine.

RDP-Rive.png

Les bosquets environnants regorgent d’oiseaux discrets, parulines, sittelles, chardonnerets, mésanges et étourneaux, mais la chaleur les cloue sur place, les rendant invisibles puisque les prédateurs rôdent en permanence. Le parc se situe à une dizaine de mètres au-dessus du niveau d’eau actuel. Au printemps, la rivière en crue atteint sa bordure. Le boulevard Gouin tout près est parfois inondé. La différence des niveaux saisonniers est impressionnante, et ce malgré les barrages régulant les débits. Maintenant, c’est tout le contraire et la navigation de plaisance peine à éviter les hauts-fonds. Tant mieux, ça fait moins de moteurs pour la polluer.

RDP-Parc.png

Le temps de rebrousser chemin est arrivé, confirmé par le niveau d’eau dans ma petite bouteille. Je dévisse mon trajet jusqu’à l’appart, heureux de la promenade, mais aussi d’une fraicheur retrouvée.

Je vois la vie comme à bord d’un voilier. Aussi plaisante que soit la navigation où le marin découvre des mers et des iles magnifiques, il n’est jamais aussi heureux que lorsqu’il jette l’ancre dans une anse qui lui servira de havre.

Disparition d’oiseaux en Oregon

L’Oregon est un état de la côte ouest des USA. Il se situe entre le nord de la Californie et le sud de l’état de Washington. La plaque tectonique Juan de Fuca s’insère sous le continent américain à la hauteur de cet état. Sa principale ville est Portland.

Plusieurs résidents de cette ville et de ses environs ont noté un étrange silence des oiseaux depuis quelque temps. Ont-ils disparus ? Restent-ils muets pour une quelconque raison ?

Le chant des oiseaux sert en période des amours à démontrer ses capacités et sa vigueur, mais il sert également pendant et après la couvaison pour avertir le mâle de rentrer au nid avant que madame ne se fâche et qu’il est mieux de ne pas avoir oublié de rapporter trois vers de terre bien dodus.

Les couples peuvent s’entendre et se répondre sur d’assez bonnes distances et les chants font partie de leur quotidien. Alors lorsque les oiseaux cessent de pépier, il y a de quoi s’inquiéter.

La plupart des oiseaux migrateurs vont retourner à leur point d’origine. Pour changer d’endroit où ils vont couver, il faut des conditions environnementales particulièrement désastreuses. Ça arrive également lorsqu’il existe trop de couples nicheurs et que le territoire est saturé, ou lorsque la prédation devient trop importante.

On associe également l’absence d’oiseaux à des désastres naturels. On les soupçonne de sentir le comportement de la Terre et de fuir devant des catastrophes en devenir.

L’Oregon étant un état américain susceptible d’être frappé par des séismes majeurs ainsi que par des explosions volcaniques. L’état est traversé du nord au sud par la chaine des Cascades, une série de volcans éteints, en sommeil et actifs dont le mont Hood, le sommet le plus élevé culminant à 3426 m et toujours considéré comme actif.

OE_Fig01_CascadeRange_Landsat_c1ayoSs

Le fait que le silence aviaire dure depuis un certain temps conforterait plutôt la thèse de leur absence plutôt que de leur mutisme. On a observé partout dans le monde des silences de la faune juste avant qu’il ne survienne des catastrophes majeures, mais pas des semaines durant. Alors celui de l’Oregon n’a peut-être pas à inquiéter.

Mais qui sait ?


Photo : Oregon’s Mt. Hood Territory.
Carte : oregonencyclopedia.org