La crise sanitaire nous a enlevé sinon l’envie du moins l’opportunité de visiter des villes dans d’autres pays. Dans mon cas, depuis plusieurs années déjà, pour des raisons personnelles relatives au réchauffement de la planète, j’ai décidé de ne plus prendre l’avion, donc cet empêchement ne m’atteint pas vraiment. Pourtant, mon inconscient n’est peut-être pas du même avis, car depuis quelques jours, je visite des villes de par le monde… en rêves. Des endroits jamais visités auparavant.
L’autre nuit ce fut Toulouse, ensuite Nantes et puis Paris, en fait pas tout Paris, seulement le siège social des dictionnaires Le Robert et dans un amphithéâtre quelconque.Ouais, bon, je vis au Québec et j’ai été un peu partout en Europe, mais pas dans ces villes françaises, pas même Paris.
L’idée que je me fais de ces endroits m’appartient. Cependant, le réalisme de mes images mentales me fait étrangement frissonner tellement je me sens véritablement investi dans ces lieux. Rues, bâtiments, automobiles, gens, météo, tout semble si vrai que je pourrais me demander si je ne voyage pas véritablement entre Montréal et la France entre 1 h et 5 h.
J’ai été bien des années à ne pas rêver, je dormais trop peu d’heures par nuit pour me rappeler mes balades nocturnes. Maintenant je redécouvre les plaisirs de ces virées partiellement incontrôlées même si j’éprouve toujours de la difficulté à m’en souvenir si je ne les enracine pas dès mon réveil.
À cause de leurs réalismes, j’en viens parfois à croire que nos rêves seraient de vrais voyages dans des mondes parallèles, dans des dimensions véritables, mais cependant repliées au fond de notre cerveau. Saurons-nous un jour la vérité sur nos songes ?
Quelles sont vos hypothèses sur nos mirages cérébraux ?
La réputation des usuriers n’est un secret pour personne. Visages à deux faces, ils sont tout miel lorsque vient le temps de vous prêter de l’argent et de véritables crapules sans aucun scrupule si vous avez eu la fâcheuse idée de ne pas respecter les termes de l’entente verbale vous liant à l’un d’eux.
Si vous êtes habité par un vice quelconque, ne cédez jamais à la tentation de vous racheter ou de payer un autre prêt en contractante une dette auprès de l’un ces faux amis. Obtenir un prêt est d’une facilité déconcertante, mais le rembourser devient une tout autre histoire. Les taux d’intérêt faramineux vous enchainent aussi sûrement qu’un esclavagiste en maraude. Et si par chance, vous parvenez à le rembourser, il vous aura coûté la peau des fesses. Dans le cas contraire, vous venez de vous enrôler à votre insu dans une bande criminalisée. En échange de plusieurs « services », vous parviendrez à diminuer votre dette, mais vous risquez de ne jamais la réduire à néant. Si vous refusez cette avenue, vous ramperez sur le ventre sur le bitume de celle qui conduit à l’hôpital après avoir vu vos avoirs partir en fumée.
J’ai connu un de ces types. En revanche, celui-ci faisait cavalier seul, il n’était lié à aucune bande criminalisée. Un gars très poli, bonne éducation, bien vêtu, toujours sobre, au langage dépourvu de vulgarités, bref un gars des plus fréquentable. J’ai su ce qu’il faisait dans la vie assez rapidement après sa rencontre. Puisque j’étais persuadé que je ne lui emprunterais jamais d’argent, j’étais convaincu de n’avoir absolument rien à craindre.
Il ne buvait jamais d’alcool puisqu’il s’entrainait quotidiennement afin de conserver un corps fortement musclé, son principal moyen de persuasion auprès de sa clientèle la plus récalcitrante. Nous avions des conversations très intéressantes concernant la nature humaine et d’autres sujets connexes.
Lorsqu’il n’exerçait pas ce métier illégal, il vendait des produits de toutes sortes aux personnes venues s’entrainer au même gym que lui. Il recrutait ainsi l’autre partie de sa clientèle. Le gars avait une petite amie, vous savez, le genre à faire baver un eunuque ! Ils s’étaient associés pour acheter un petit resto, le fantasme de sa copine. Après environ un an, épuisés, ils l’ont vendu sans véritablement avoir gagné ni heureusement perdu trop de fric dans l’opération.
Un jour, je me suis retrouvé avec un problème. À ce moment-là, j’étais travailleur autonome et je venais de recevoir après plusieurs mois d’attente un gros chèque d’un important client. Ma banque n’a pas voulu l’encaisser à moins que je n’aille préalablement le faire certifier auprès de l’institution financière du client. Malheureusement, sachant que je venais de recevoir le chèque, je m’étais moi-même engagé à payer certains fournisseurs la journée même et leur faire faux bond, manquer à ma parole, me rendait abominablement furieux.
Alors que je discutais de ma situation avec l’usurier, il me proposa de me prêter la somme requise durant une semaine « sans intérêts », un moyen très efficace d’apaiser les réticences des nouveaux clients. N’ayant aucune crainte concernant la certification du chèque, j’acceptai son offre. J’ai donc pu payer les fournisseurs comme convenu et deux jours plus tard, une fois le chèque encaissé, je remboursais l’argent emprunté à l’usurier, non sans relâcher un profond soupir de soulagement.
Cette expérience m’a permis de tester le système de prêt usuraire sans que l’opération me coûte un sou, mais surtout j’ai analysé comment je me suis senti durant cette transaction. Pas du tout confortable, si vous voulez savoir.
J’ai perdu sa trace un peu plus tard. Un jour, un ami m’a texté pour m’annoncer que l’usurier s’était suicidé alors qu’il venait à peine de franchir le cap des quarante ans. Je me suis alors demandé qui aurait pu découvrir ce que cachait sa bonne humeur constante ?
J’ai utilisé ma connaissance de cette personne et de son travail pour créer dans mon dernier roman un personnage exerçant cette profession. Comme toujours, cela ne reste qu’une inspiration. Le vrai et le faux diffèrent passablement, mais lorsque j’animais sa doublure dans mon livre, inévitablement je pensais à lui, à cet usurier un peu hors du commun.
L’usure l’avait-il usé ? Je crois plutôt que ce fut sa quête incessante d’un idéal difficilement atteignable et encore plus péniblement conservable qui a finalement eu raison de lui. Peu importe qu’ils soient réalisés ou non, la vie nous fait toujours payer chèrement nos rêves démesurés.
Jour après jour, grâce à l’air que je respire, aux liquides que je bois, à la nourriture que j’ingurgite, je remplace une partie des molécules qui me composent, pourtant, je reste le même individu. Les atomes de notre corps se renouvellent entièrement en l’espace de cinq à six ans. Pourtant, je reste apparemment le même individu d’année en année et même de décennie en décennie.
Je donne de mon sang, mon corps recompose ce liquide vital au bout de quelques jours, mais entre-temps, je reste toujours le même individu. Je passe au bistouri pour une ablation quelconque ou je me fais amputer un membre. Je me réveille, je suis le même individu. Je suis branché à un cœur artificiel cent pour cent mécanique, mon entité fondamentale reste la même. Certaines de mes fonctions cérébrales sont atteintes, je parviens parfois à déplacer ailleurs les connexions détruites dans mon cerveau.
Alors qu’est donc mon entité fondamentale? Jusqu’où va ce jeu de rapetissement jusqu’à mon entité réellement indissociable? Mon moi est quoi? De quoi est-il composé? Où se cache mon moi? Quelle est mon essence? Quoi suis-je?
Certains qualifieront ce moi primal de conscience, d’esprit ou d’âme. Elle ou il transcenderait les parties de mon corps ainsi que ses molécules, mais aurait besoin d’un corps fonctionnel pour y demeurer. Voilà pourquoi certains croient en la réincarnation, un moyen de faire transiter une âme d’un corps à un autre.
Le problème, c’est que nous ne comprenons pas encore ce qu’est la vie. Comment passe-t-on de l’inerte au vivant? On pourra invoquer ici le rôle du Divin. Personnellement, j’ai de la difficulté avec ce concept. Par le passé, on expliquait tout le mystérieux, tout l’incompris, par une intervention divine. Les mystères ont ensuite été expliqués de façon scientifique. Un jour, l’explication de l’apparition de la vie nous sera probablement révélée en termes techniques sans faire intervenir une déité quelconque.
Il reste que notre conscience semble capable de transcender notre corporalité. Voyages astraux, expériences de mort imminente, les fantômes et même les simples rêves nous confrontent à l’incompréhensible. Où se trouve notre esprit? Qu’est-il en réalité? Comment est-il lié au corps?
Les mystères de la physique quantique pourraient être liés à ceux de l’esprit.
Évidemment, la question fondamentale reste toujours à savoir ce que devient notre esprit après notre mort. Bien des gens pensent qu’il ne peut persister au-delà de la panne du corps, mais sa capacité à se décorporer jette un doute sur cette fin absolue.
Le dernier et le plus grand mystère risque malheureusement de le rester encore longtemps.
Je vous parlais l’autre jour de la musique et plus particulièrement de la flûte traversière. Lorsque nous décidons par nous-mêmes de jouer d’un instrument, le choix de ce dernier dépend de quelques facteurs. Notre goût personnel pour la sonorité de l’instrument y joue pour beaucoup, son aspect pratique et aussi de notre amour pour certaines pièces musicales qui nous sont restées en mémoire.
Je vous présente aujourd’hui une de ces plages qui a tourné en boucle durant mon adolescence. Elle comporte plusieurs instruments, pas seulement de la flûte. Datant d’une autre époque, les compositeurs n’hésitaient pas à placer sur leur album des pièces de près de 20 minutes, le maximum pouvant être gravé sur un côté d’un disque microsillon.
Les changements de rythmes et de trames apportent des atmosphères dynamiques et planantes aux limites du rêve et de l’amour, de la joie et de la sérénité.
Démarrez cette bande audio, montez le volume sonore et partez vous occuper à autre chose. Laissez la musique vous envahir, vous habiter, vous transporter dans un autre univers bien loin des bêtises et des brutalités dans lesquelles nous vivons actuellement. Revivez le temps où nous prenions le temps de se parler les yeux dans les yeux au son d’une musique qui nous inspirait des paroles tendres et des amours avides.
L’espoir est un sentiment teinté de souffrances. Il résulte de la capacité qu’a l’humain à anticiper l’avenir, mais il émane souvent de l’envie et de la jalousie, ou encore d’un instinct primitif enfoui au plus profond de nous tous. Il se manifeste parfois dans les moments les plus sombres, mais il peut aussi nous quitter sans raison apparente, faisant de nous des loques, des zombis ou des cadavres.
L’espoir s’achète sous la forme d’un billet de loterie, d’une participation à un concours, d’une entrevue ou d’une audition. Il s’amuse avec nous, souffle le chaud et le froid, nous nargue, nous convie à faire la fête, mais n’évite jamais de nous la faire payer cher.
L’espoir nous rend amnésiques, nous gave de nuages vides, nous remplit de déceptions et de rage. L’espoir nous offre la délivrance, mais nous sert la souffrance.
L’espoir est cette toute petite flamme inextinguible qui cherche sans fin le combustible à dévorer. Parfois, on lui permet d’y goûter du bout des lèvres, mais ce n’est que pour mieux le tenir en esclavage.
L’espoir est omnivore, il se nourrit de rêves, de lubies, d’utopies, de chimères et de pensées magiques. Il dépense ses derniers deniers en vain et sans sagesse. Larmoyant, il se raccroche à un signe des cieux inexistant, ignorant les conseils et les mises en garde de ses proches.
L’espoir fustige les pessimistes, leur fait la leçon, pourtant les taciturnes ont cent fois plus de victoires que de défaites à leur compte. L’espoir s’en moque, le moqueur est terrassé, il se relève pour un nouvel assaut, semblant oublier sa dernière déconvenue et la fin certaine de la suivante.
L’espoir est-il si entêté qu’il refuse de regarder en face l’issue fatale impossible à éviter ? L’espoir est-il si bête ? N’est-il rien de plus qu’un chien se pourléchant les babines à la vue d’une viande qu’il n’aura jamais, car située bien à l’abri de ses crocs derrière une vitrine ?
L’espoir n’est rien de plus que l’espoir et ne sera jamais rien de plus que l’espoir. Rien de plus, mais tellement, car l’espoir est tout ce qui reste de l’homme lorsqu’il n’est plus rien. L’espoir est donc tout ce dont l’humain a réellement besoin pour être et pour rester en toutes circonstances et à jamais… un humain.