Croire n’importe quoi

Certains individus comparent Stonehenge au LHC le Large Hadron Collider du CERN. Le cercle de pierres des plaines agricoles anglaises serait un concentrateur d’énergies au même titre que son supposé successeur des temps modernes. Mis à part la forme circulaire des deux structures, rien ne les compare. Tant qu’à faire, construisez un cercle de dominos sur le plancher de votre salon et vous aurez un LHC miniature.

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Le LHC n’est rien de moins que la machine la plus complexe jamais construite par l’humain. Son niveau technologique est si avancé qu’il a repoussé toutes nos compétences aux confins et au-delà de leurs limites dans tous ses domaines imaginables. Pour notre civilisation, il y avait avant le LHC et après le LHC.

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Je serais étonné, c’est un euphémisme, que des cercles de pierres nues aient la capacité de concurrencer le travail que peut offrir une machine comme le LHC. L’écart entre les deux se compare à celui séparant un virus de l’humain.

On peut exprimer toutes les hypothèses qui nous passent par la tête si on le désire, mais sans le début du commencement de l’entame du soupçon d’une preuve, il est préférable de les reléguer aux oubliettes. Il ne suffit pas d’imaginer un truc pour qu’il devienne une vérité, ce que semblent oublier certains férus de théories basées sur des analogies simplistes.

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Bien entendu, ces gens ne connaissent rien du LHC et en fin de compte, ils ne connaissent rien de Stonehenge non plus pour oser les comparer. Ils ne connaissent rien à l’astronomie, à la physique des particules, aux rites anciens, à la physique quantique, à l’histoire, etc., en bref, ces gens ignorent tous de quoi ils parlent. La majorité d’entre eux ne sont que de grandes gueules ignares des notions les plus élémentaires dans tous les domaines qu’ils osent aborder publiquement.

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C’est facile à prouver. Il suffit d’écouter attentivement ce qu’ils ont à nous dire. En quelques minutes, ils auront réussi à tout confondre. Ils sont incapables de simplement nommer les objets et les concepts avec un degré de précision acceptable. Planète, étoile, équinoxe, solstice, pentagone, hexagone, atome, particule, masse, poids, force, énergie, etc., la liste de leurs erreurs et de leurs confusions s’allonge à l’infini. Alors, imaginez lorsqu’ils tentent d’expliquer des interactions simples ou complexes entre les éléments de leur vocabulaire erroné. Ça donne des perles pour lesquelles on finit rapidement par se lasser tellement elles reviennent fréquemment.

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Dans toutes les sphères d’expertise, il est toujours préférable d’en connaitre suffisamment avant de vouloir faire la leçon. Ah, il existera toujours un auditoire pour écouter ces prédicateurs, les gens encore moins bien informés qui croient avoir affaire à des spécialistes, tout simplement parce qu’ils ont revêtu une vieille soutane.

Le plus triste, confrontés à admettre leurs erreurs, ces pseudo spécialistes ne se précipitent pas à la bibliothèque pour en apprendre davantage afin éviter de répéter leurs bourdes. Non, ils persistent et signent, preuve de leur petitesse, de leur inutilité, de leur toxicité.

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J’ai pris l’exemple extrême de la comparaison entre le LHC et Stonehenge pour imager mes propos, parce qu’elle existe. Toutefois, bien d’autres sujets font l’objet d’une abominable et confuse relecture pavée d’aberrantes déclarations basées sur des arguments inexistants ou totalement incultes.

Le problème n’est pas d’imaginer des théories, même les plus étonnantes, cela constitue d’ailleurs le premier pas de toute bonne démarche scientifique. Le vrai problème survient juste après cette phase de libre pensée. Il faut ensuite imaginer comment il serait possible de prouver ou de réfuter ce qu’on avance. Voilà généralement où la sauce tourne, où le grand vide sidéral remplit la tête de ces gens et où leur démarche logique se termine.

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Nous sommes tous des victimes potentielles de ces faux spécialistes, à moins de nous informer à partir de plusieurs sources variées. Nous ne pouvons pas tout connaitre, mais nous pouvons apprendre à débusquer les informations crédibles et à reconnaitre celles qui ne sont que de la poudre aux yeux.

Je me suis inventé une expression que j’utilise depuis plusieurs décennies. « Quand c’est trop beau pour être vrai… ben c’est trop beau pour être vrai ». Autrement dit, quand ça semble trop extraordinaire, c’est juste faux.

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Ce joli nom dont toutes les mères veulent qu’au moins un de ses enfants le porte est celui d’un géocroiseur repéré près de la Terre. En terme astronomique, un géocroiseur proche est à moins d’une distance Terre – Lune. Lui, il passe à une demi-fois cette distance.

Date
2018-05-15
Distance
0.5 LD
Vitesse (km/s)
12.8
Diamètre probable
71 m

Faisant un respectable 60 à 130 mètres de diamètre s’il explosait près du sol à sa vitesse de croisière de 12,8 kilomètres par seconde, il pourrait détruire une grande ville. Ses paramètres le placent dans la classe des impacteurs comparables à celui de Toungouska qui en 1908 ravagea 60 millions d’arbres dans un rayon de 20 kilomètres et fit des dégâts jusqu’à 100 kilomètres. Heureusement, ce cataclysme s’est produit en Sibérie et aucune perte de vie humaine n’a été recensée.

Malgré l’immensité de l’espace, ce lieu abrite une foule de dangers et plusieurs d’entre eux gravitent à proximité de la Terre.

On peut voir cet astéroïde filer de bas en haut sur l’animation suivante. Comme son nom l’indique, il a été repéré en 2010, mais les astronomes ont ensuite perdu sa trace. Il l’ont récemment redécouvert et l’ont pris en photo. 

Qui sait si cet astéroïde ne viendra pas un jour s’attarder un peu trop près? S’il le fait, il ne sonnera pas à notre porte avant d’entrer. En revanche, il va cogner très fort!

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Le LBT, le VATT et LUCIFER

Non, je ne vous parlerai pas de sandwich Laitue-Bacon-Tomate. Ça s’applique également pour les Véhicules Autonomes Tout-Terrain desquels vous n’entendrez pas parler. Et enfin, je resterai loin du diable, mais là c’est un peu moins certain. Commençons donc par lever l’ambiguïté sur les trois premières lettres afin d’écarter définitivement l’hypothèse du sandwich. Dans le monde de l’astronomie, LBT signifie « Large Binocular Telescope », un télescope géant perché au sommet du mont Graham en Arizona à plus de 3,2 km d’altitude. Il s’avère être le télescope optique terrestre ayant la meilleure résolution grâce à ses deux miroirs de 8,4 mètres solidaires de la même monture azimutale. C’est le seul télescope géant à vision binoculaire au monde. Quant au VATT, c’est le Vatican Advanced Technology Telescope. Les deux appareils partagent la même montagne comme le montre la photo ci-dessus où l’on voit le VATT au premier plan et le LBT en arrière. Ils font ensemble partie (avec d’autres instruments) de l’Observatoire international du mont Graham.

Vous avez bien lu, le second appareil de précision appartient au Vatican et une équipe de religieux y travaillent. On oublie souvent que l’Institution s’est toujours intéressée à l’astronomie. À Castel Gandolfo où le pape se retire l’été, une coupole ayant abrité un télescope trône toujours au sommet du palais pontifical. Aujourd’hui, les religieux qui travaillent au VATT sont d’authentiques scientifiques tout autant que leurs quêtes.

Toutefois, une rumeur persistante circule voulant qu’on y parle ouvertement de vie extraterrestre et plus particulièrement d’entités extraterrestres, comme si leur existence était une évidence au même titre que la rotondité de notre planète. Le Père George Coyne, directeur de l’Observatoire du Vatican, ne renie pas leur existence. On est loin de l’époque de l’Inquisition où on brûlait Giordano Bruno sur un bûcher pour avoir affirmé que de la vie ailleurs que sur Terre devait foisonner. Aujourd’hui, le Père Coyne donne raison sans ambages au supplicié.

Au LBT, le voisin immédiat du VATT, on trouve un instrument scientifique, en l’occurrence une caméra infrarouge couplée à un spectrographe, qui porte le nom surprenant de LUCIFER. Je vous fais grâce de la définition exacte de ce long acronyme. Toutefois, il règne ici une confusion apparaissant un peu partout et je voudrais l’éclaircir. Puisque les deux observatoires font partie de la même organisation, certains prétendent que le Vatican a sciemment nommé l’instrument ainsi. Toutefois le Vatican n’a rien à voir avec cet appareil qui ne peut pas se connecter au VATT. Par contre, je suspecte un petit comique travaillant au LBT de s’être donné un mal fou pour trouver cet acronyme, juste pour tirer la pipe à ses voisins.

Il faut l’avouer, c’est tout de même ironique de savoir que les prêtres travaillant au VATT ne sont qu’à deux pas de LUCIFER. D’autre part, ce n’est plus un secret pour personne, les religieux ont l’habitude de côtoyer le diable, même à des altitudes stratosphériques. Et qui sait si ce qu’on appelle le diable ne serait pas parfois des entités extraterrestres ? Ainsi on comprendrait mieux pourquoi les prêtres se sentent si libres de parler d’eux.

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