Savoirs anciens, la distance Terre – Lune

Il peut paraitre idiot de croire que certains anciens peuples pouvaient connaitre la distance séparant notre planète de son satellite en n’étant armés que d’outils de fortune et de connaissances rudimentaires. Ce faisant, on leur attribue de l’aide provenant d’extraterrestres apportant technologies et savoirs. Et pourtant, c’est dénigrer l’inventivité humaine, sa débrouillardise, sa grande curiosité, son sens aigu de l’observation et et de la déduction.

Dans cet article, je vais démontrer comment au temps de Khéops on pouvait mesurer la distance Terre-Lune. En se basant sur d’autres savoirs anciens déjà traités dans des articles antérieurs, comme le théorème 3-4-5, et les dimensions de la Terre et de la Lune mesurées de façon rudimentaire, mais relativement précises, on parvient assez facilement à trouver cette information.

Transportez-vous dans le temps, alors que je discutais avec mon client favori, le grand mais surtout richissime pharaon Khoufou (Khéops) pour connaitre la technique utilisée.

— Cher étrange et charbonneux volatile, vous m’avez déjà montré comment vous êtes parvenu à mesurer la circonférence de la Terre et même celle de l’astre de la Nuit. Et puisque vos explications ne semblent souffrir d’aucune faille, je suis prêt à poursuivre mon apprentissage des mystères naturels. Que m’avez-vous préparé de plus étrange encore ?

— Aimeriez-vous connaitre la distance séparant notre Lune de la Terre ?

— Étonnant Corbot, ne me dites pas que vous volez suffisamment haut pour vous y rendre ?

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— Bien sûr que non, votre brillantissime Achromatopsique. Je ne mesure pas cette distance comme je l’ai fait en comptant mes pas pour mesurer la Terre. Cette fois-ci, nous procéderons différemment. Nous partirons des dimensions de la Lune que nous avons calculées l’autre jour ainsi qu’un point de comparaison et vous verrez comment c’est facile de déduire cette distance nous séparant de notre Belle-de-nuit.

— Alors procédons immédiatement, j’aimerais bien m’y rendre un jour. Je voudrais calculer combien d’hommes je devrais emmener.

— Ne vous emballez pas trop vite, oh Cyclopentanoperhydrophénanthrène ! La distance, quoique énorme, ne se révèlerait pas le plus grand obstacle à surmonter pour vous y rendre.

— J’aimerais bien qu’un jour vous m’expliquiez le sens de vos formules de politesse à mon égard. Elles me sont toutes inconnues et étonnamment complexes à déchiffrer. Même mon responsable du protocole ne m’est d’aucun secours.

— Ce sont des termes éminemment savants, à votre image, votre superbe Yoctoampère pharaonique.

— Ah ! Tant mieux. Vous me rassurez. J’essayerai d’en apprendre quelques-uns afin de montrer mon immense savoir à mes alliés et encore plus à mes ennemis.

— Pour en revenir à notre Lune, voici comment j’ai procédé pour mesurer la distance nous en séparant. Sauriez-vous me dire quelles étaient ses dimensions telles que nous les avons calculées ensemble l’autre jour ?

— Nous étions parvenus à un diamètre de 8338000 coudées populaires en comparant les dimensions de la Terre à celles de la Lune lors d’une éclipse de Lune qui nous avait permis de percevoir les deux circonférences au même moment.

— Oui. Dans les unités sacrées appelées mètres, ça donne un diamètre de 3 474 000 mètres, mais nous continuerons nos calculs en coudées populaires pour votre confort et votre plaisir.

— Allez-y, expliquez-moi comment vous parvenez à calculer la distance entre la Lune et nous sans vous déplacer.

— Vous voyez actuellement la Lune à son zénith et elle est pleine. Ce cercle quasi parfait est de la même grosseur que celui de ce jeton métallique lorsque je le tiens au bout de mon bras. Essayez vous-même. Tenez ce jeton au bout de votre bras et regardez-le en visant la Lune. Vous verrez que les deux cercles se superposent parfaitement.

— Vous avez raison. Lorsque je les place côte à côte, ils semblent identiques et lorsque je déplace le jeton pour occulter la Lune, elle disparait totalement derrière lui.

— Maintenant, mesurons la longueur de votre bras à partir de votre œil jusqu’au jeton. Pour ce faire, j’ai apporté une règle échelonnée en coudées. Voilà, votre mirifique bras mesure précisément 1,44 coudée populaire, très honorable momie. Quant au jeton, il possède un diamètre valant 13 millièmes de coudée.

— Et qu’allez-vous déduire de ces mesures, sombre Corbot ?

— Tout est une question de proportions relatives. Si un jeton d’un diamètre de 13 millicoudées tenu à 1,44 coudée ressemble à s’y méprendre à la Lune ayant 8 338 000 coudées de diamètre, sa distance la séparant de nous sera simplement dans le même rapport.

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— Ah, je vois. Et ça donne combien de coudées ? Calculer des grands chiffres me donne mal à la tête.

— J’arrive à une distance approximative de 926 millions de coudées.

— Ouche ! Donnez-moi une idée plus visuelle de cette énorme distance, je vous prie, très exubérant volatile.

— La distance Terre – Lune représente un peu moins de 10 fois le tour de notre Terre. En mesures sacrées, ça donne 386 millions de mètres ou autrement dit 386 000 kilomètres.

— En distances égyptiennes, je t’en prie, satané plumard sur deux pattes !

— La Lune se trouve à 1158 fois la distance Gizeh-Assiout, votre grandeur Glycosylphosphatidylinositol.

— L’équivalent de plus de mille voyages le long du Nil entre ma pyramide inachevée et cette cité située plein Sud à plusieurs jours de navigation et même en char ! Je réserverai donc mon voyage vers la Lune lorsque je vivrai éternellement dans l’au-delà. J’aurai l’éternité pour m’y rendre, ça me paraitra moins long et fastidieux.

— Judicieuse décision, grandissime Khoufou.

— Que me réservez-vous pour votre prochaine leçon ?

— Le Dieu-Soleil vous intrigue-t-il ?

— C’est le grand Râ ! Ne me dites pas que vous savez des choses sur lui que j’ignore encore malgré les enseignements de mon précepteur ! Je vais le jeter aux crocodiles, celui-là !

— N’en faites rien, ce n’est pas sa faute ! Mes savoirs dépassent largement ses compétences.

— Pourtant, à partir de simples objets communs, vous parvenez à obtenir des informations vraiment étonnantes, dont la distance qui nous sépare de notre belle Lune !

— Un Corbot possède bien des secrets !

Encore célibataire

Pour ceux qui se questionnent avec raison sur les causes de mon célibat, moi qui suis un si bon parti, je voudrais vous parler de ma dernière relation et vous présentant quelques extraits de mes bons mots à l’égard de mo ex.

« Soulève ta tête quand on s’embrasse. Tu vois bien que tu es plus petite que moi et que j’écrase ton nez au lieu de tes lèvres. »

« La prochaine fois que tu me parles de ta mère, je te parle de mon amante. »

« Au bar, j’ai décidé de suivre ton exemple. Quand tu inviteras ta grande amie Valérie à t’accompagner aux toilettes, j’inviterai ta grande amie Valérie à m’accompagner aux toilettes. »

« Je ne t’aide pas à laver la vaisselle parce que, de toute façon, tu vas me la balancer par la tête. »

« Quand tu es venue habiter chez moi, je t’ai fait de l’espace dans mes commodes. Maintenant, je dois aller habiter chez toi pour pouvoir ranger mon linge dans tes commodes. »

« Le repas était excellent. C’était quoi donc ? Du poisson ? Pouah ! »

« Oui, j’ai jeté les trois quarts de tes vêtements parce que je t’aime mieux lorsque tu retires les trois quarts de tes vêtements. »

« Le repas était excellent. Non, j’ai pas touché à la viande ni aux légumes ni aux… aux quoi c’est ça ? »

« Bien sûr que non ! Je te jure que je n’ai pas reluqué cette fille de l’autre côté de la rue qui porte une petite robe fleurie de la longueur pour lui voir la swisshh, qui est montée sur des aiguilles de quinze centimètres, qui s’est teint en blond, qui s’est fait poser des D qu’elle porte sans soutiens, qui porte par contre un C string, qui a les yeux pers, qui a un sourire ravageur et qui a une copine qui elle aussi… »

« Je te donne le choix. Je passe la tondeuse sur notre pelouse ou sur ma pelouse. »

« Pourquoi payer une fortune en manucure alors que, de toute façon, tu vas les briser en m’égratignant le dos ? »

« Pourquoi payer une fortune en manucure ? Les étoiles de mer n’ont pas d’ongles. »

« Bien sûr, je vais t’accompagner au centre commercial. On trouve toujours plein de filles désemparées à la boutique Apple. »

« Bien sûr, je vais t’accompagner au centre commercial. Les salles d’essayage chez Victoria Secrets sont refaites à neuf. Comment je le sais ? Euh ! »

« Baisse ta tête quand on s’embrasse. Tu vois bien que j’écrase ton menton au lieu de tes lèvres. »

« Essayer quelque chose de nouveau au lit ? Bien sûr. Ta meilleure amie Valérie ? »

« Si je t’aime ? « Il n’y a pas de service au numéro que vous avez composé. »

« Si j’aime mieux tes seins que ton cul ? Je préfère ta fesse droite et ton sein gauche. »

« Si je te trouve sexy dans cette robe ? Ton amie Valérie voudrait pas l’essayer ? »

« Oui, encore un voyage de pêche ! C’est la saison des truites arc-en-ciel et à talons hauts. »

« J’ai oublié ton anniversaire ? C’est chiant, ça revient à chaque année ! »

« Oui, encore un voyage de golf ! Les foursomes m’excitent. »

« J’ai oublié la date anniversaire de notre rencontre ? Mais je me rappelle très bien que je t’ai rencontrée. »

« Oui, encore un voyage à Cuba ! Là-bas, même les clientes te servent des sex-on-the-beach. »

« Pas encore un voyage culturel ! Le dernier ne date que de dix ans ! »

« Wow! quels jolis dessous ! Tu portes la tenue parfaite pour me servir une bière, comme au club de… »

« Wow! quels jolis dessous ! Et dire qu’ils vont être détruits dans l’opération qui va suivre. »

« Je t’aime, mais pas trop. Mon médecin m’a mis en garde contre les méfaits de trop aimer la tarte au citron. »

« Si tu étais diabétique, je ne dirais pas non à une tarte au sucre, par contre. »

« Non, je ne quitterai pas mon travail de policier. Et non, je ne te quitterai pas. Parce que lorsqu’on prends un spa ensemble, on fait la meilleure soupe poulet et nouille qui soit. »

« Si je connais le poulet noirci ? Euh ! Que… veux… tu… insinuer ? »

« Chérie, regarde ce nuage, on dirait nous deux quand on s’amuse au lit. Tu ne vois rien ? Ah ! »

« Mes disques vinyles ne sont pas des vieilleries bonnes à jeter. Ils conservent les meilleurs moments de ma jeunesse alors que j’étais encore capable de te trouver des qualités. »

« Ta mère nous rend visite ? Dis-lui bonjour de ma part. »

« Ta mère nous rend visite ? C’est parfait. Elle va enfin te montrer comment bien passer l’aspirateur. »

« Ta mère nous rend visite ? Tu sais, pourtant, que je n’aime pas manger mou. »

« Toi non plus, tu n’aimes pas manger mou ? Et tu ne parles pas de tes aliments ? »

« Oui, j’ai jeté ton beau mélangeur tout neuf. Tu ne m’as pas dit que ta mère devait manger mou ? »

« Lorsque tu m’as proposé un trip à trois, je n’avais pas envisagé te partager avec un godemiché. »

« Lorsque tu m’as proposé un trip à trois, je n’avais pas envisagé te partager avec le concierge. »

« Ta mère nous rend visite ? Non, je refuse ton invitation de trip à trois. »

« Lorsque tu m’as proposé un trip à trois, je n’avais pas envisagé toi avec tes deux copines, et pour moi un laisser-passer pour le spectacle d’André Rieu. »

«  Non, je ne regarde pas trop la télé, vois, je n’ai même pas encore terminé mon carton de bières. »

« Non, je ne t’ai jamais écrit des petits poèmes d’amour. J’accumule mes rimes. Jusqu’au jour où « j’aurai composé un quatrain. »

« Wow! tu es très en beauté ce soir, Valérie est venue te voir ? »

« Wow! tu es très en beauté ce soir, le concierge viens se faire payer le loyer ? »

« Wow! tu es très en beauté ce soir, dommage que je sois obligé d’aller voir mon ami Claude à l’hôpital. »

« Allô! Ah, c’est toi, Éric. Non ça va bien. Elle m’a cru. »

« Allô! Ah, c’est toi chérie ! Éric te fait dire bonjour. Qui ? Claude ? Euh, oui oui, bien sûr, Claude aussi. »

« Tu me quittes ! Tu veux rire ! Et tu vas faire quoi sans moi ? »

« Tu me quittes ! Tu es sérieuse ? Je vais enfin récupérer mes commodes ? »

« Tu me quittes ! Tu veux rire ! Alors que je te faisais pleinement confiance ! »

« Tu me quittes ! Tu veux rire ! Je n’ai jamais été un aussi bon gars qu’avec toi. »

« Tu me quittes ! Tu vas certainement retourner chez ta mère ! » »

« Tu me quittes et tu t’en vas habiter chez ton amie Valérie ! Tu m’invites quand ?

« Tu me quittes ! Tu veux gager ! Dans une semaine tu seras de retour, la tête basse. Et j’écraserai encore ton nez en t’embrassant. »

« Ma petite amie me quitte et elle ne m’a même pas donné une seule raison valable pour expliquer son geste. Les femmes sont vraiment indéchiffrables ! »

« Tu es la plus belle ! »

Quelle femme ne désire pas entendre ces mots de la bouche d’un amoureux? Pourtant, ils sont lourds de conséquences pour vous, mesdames.

J’ai connu deux relations amoureuses durant lesquelles les femmes étaient jalouses. Ce défaut étant absent chez moi, ce sentiment s’avère difficile à comprendre sur le coup et ses motifs, motivations et mécanismes sous-jacents restent nébuleux. J’ai simplement constaté un empoisonnement constant et croissant de mes deux relations sans que je puisse y faire grand-chose.

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Lorsqu’un homme ose déclarer à une femme qu’elle est la plus belle, c’est un mélange de vérité et de sentiments personnels indéfinissables. J’oublie les frimeurs, les menteurs, les manipulateurs qui ne se gênent aucunement à utiliser cette phrase comme un papier collant. Je parle des hommes qui le pensent sincèrement, et ce malgré l’extrême formule utilisée.

Lorsqu’un homme se déclare de la sorte, il ne veut aucunement dire qu’il ne vous trouve aucun défaut physique ou psychologique, ni même que vous êtes la reine de beauté de tout l’Univers. Il devient donc inutile de lui dresser une liste des défauts que la femme se reconnait.ventre-cuisses-fesses-les-francais-sont-complexes.jpeg

«Mon ventre n’est pas plat, mes seins tombent trop à mon goût, j’ai des vergetures, de la cellulite, une tignasse, des grains de beauté mal situés, le gras des bras mous, les gros orteils déviés, un nez aquilin, de trop grosses fesses» et tutti quanti.

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Que croyez-vous, mesdames? Qu’il n’avait rien vu de tout cela? Vous croyez vraiment qu’il est aveugle ou imbécile? Quand un homme déclare que vous êtes la plus jolie, il inclut tous vos propres reproches dans son appréciation. Il dit pourtant la vérité, car selon l’homme, la beauté féminine comporte bien plus qu’une simple facette, votre beauté se situe au-delà d’une appréciation physique cruelle. Pourtant, combien d’entre vous croient le contraire

Pour en arriver à ce constat bien personnel, il vous a comparé à d’autres femmes qui n’ont pas fait le poids lorsqu’il a tout mis les aspects de la beauté dans la balance. Mais pour avoir comparé, il a observé d’autres femmes. Et c’est seulement parce qu’il a comparé qu’il peut déclarer sincèrement que «vous êtes LA plus belle». Sans comparaison, vous ne pouvez pas être mieux que simplement « belle ».

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Regarder sans concupiscence d’autres femmes est normal. Il voit sa compagne, il voit aussi les autres femmes et les aguicheuses ne peuvent nier leur pouvoir en ce sens. Ce processus permet au bout du compte de déclarer sans mentir que «vous êtes la plus jolie». Celles qui reprochent à leur amoureux certains regards en direction de la gent féminine les privent du moyen essentiel permettant de leur dire avec le plus grand sérieux du monde qu’elles sont à leurs yeux la plus belle de toutes les femmes.

Elles risquent en revanche de transformer ses simples regards en œillades, ses compliments en mensonges et ses projets d’avenir en issues de secours. La jalousie injustifiée constitue d’abord et avant tout une injustice et l’homme est conçu pour fortement y réagir.

La jalousie n’a jamais empêché l’infidélité, au contraire elle l’attise. Bien peu d’hommes trouvent la jalousie sexy, de bon goût ou adéquate. Le plaisir de se sentir désiré cède rapidement devant les désagréables conséquences d’une jalousie constante.

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De plus, elle privera la femme du plus beau cadeau qu’un homme puisse faire à une femme, lui dire de manière honnête et amoureuse: «Tu es la plus belle».

Pour celles qui possèdent de bonnes raisons de douter de la fidélité de leur compagnon, encore une fois la jalousie ne règle rien. Le contrôler par ce moyen ou par un autre échouera lamentablement. En contrepartie, les femmes gardent le contrôle de leurs propres pensées, décisions et actes.

Quitter un homme affublé d’un défaut impossible à tolérer reste la meilleure des solutions. Accepter son défaut reste un choix difficile, voire impossible, mais un meilleur choix tout de même que de tomber dans la jalousie lorsque la séparation est écartée de l’équation. Passer un pacte librement et mutuellement consenti n’aura de sens que si les termes sont clairs et réalistes.

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Lorsqu’un homme déclare à une femme jalouse qu’elle est la plus belle, vous pouvez être assurés qu’il ment. On doit plutôt y comprendre: «Ce compliment va-t-il calmer tes sangs?»

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Si déclarer sincèrement à une femme qu’elle est la plus belle revient à l’homme, il revient à la femme de faire en sorte qu’il se sente honnête lorsque viendra le temps de le répéter.

D comme désordre

Aujourd’hui, je commence une nouvelle série d’articles sur des mots commençant par une lettre. Oui, tous les mots commencent par une lettre, je sais cela! Mais pas n’importe laquelle!

Ah! Je vous vois penser! Vous vous dites: «Mais si c’est son premier article, pourquoi ne choisit-il pas un mot commençant par la lettre “A” comme dans toutes les bonnes listes mises en ordre alphabétique?»

C’est que le premier mot auquel je m’attaque est «désordre» et ça aurait été paradoxal, avouez-le, de parler du désordre en plaçant ce mot dans une liste en ordre alphabétique!

Alors voilà, le désordre s’oppose évidemment à l’ordre. On doit donc comprendre ce que signifie le mot «ordre» pour saisir son contraire. En règle générale, le désordre a plutôt une sale réputation. Un fouillis, un capharnaüm, un chaos, un fatras, un bordel, un bazar, voilà ce à quoi on associe le désordre. Pauvre mot, il déprime déjà et je ne fais que commencer!

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Pourtant, je vais prouver que bien souvent, le mot désordre souffre d’une mauvaise réputation infondée. À l’école, on apprend l’ordre alphabétique. Cet ordre n’est pas plus justifié qu’un autre puisque les lettres ne sont pas classées par degré d’importance ou même par récurrence dans la langue française ou par l’ordre dans lequel les lettres sont apparues dans l’histoire, enfin pas toutes. «Ordre alphabétique» devrait plutôt se nommer «convention alphabétique» puisqu’il n’y a aucun réel ordre selon un critère précis, justifiable et vérifiable. La lettre «d» précède la lettre «t» sans raison. Ce sont deux lettres phonétiquement apparentées, dentales toutes les deux et probablement apparues à peu près en même temps dans le langage humain. Il n’y a aucune raison logique d’avoir donné l’ordre 4 au «d» et le 20 au «t». On peut tenir à peu près le même discours pour les 24 autres lettres de notre alphabet, sauf exception.

Alors pourquoi le mot «désordre» nous embête-t-il tant? Est-ce parce qu’il est l’antonyme d’un mot considéré pertinent, juste, logique? Pourtant, ce cher «ordre» qu’on chérit tant est un mot bien plus souvent utilisé improprement ou plutôt dans un sens qui s’est un peu trop étendu avec le temps.

Petit aparté, je ne conserve que le sens premier de ce mot. Voici donc la définition principale du mot «ordre» dans mon dictionnaire: «Relation intelligible qui peut être saisie entre une pluralité de termes».

L’ordre est donc une relation qu’on peut comprendre. Pourtant, il n’y a aucune intelligence qu’on peut déployer pour comprendre l’ordre alphabétique! Ainsi, l’ordre de l’alphabet n’existe tout simplement pas. Au mieux pourrait-on parler d’ordonnancement, mais le terme le plus juste à utiliser devrait être «convention» puisque ce qu’on appelle «ordre alphabétique» est un ensemble de lettres mises les unes à la suite des autres de façon convenue, un arrangement de lettres placées d’une certaine manière, dans un certain ordonnancement qu’on doit apprendre par cœur, sans explications.

Il est donc normal que le mot désordre fasse… désordre puisqu’on s’attend du mot «ordre» qu’il ait un sens qu’il n’a tout simplement pas dans bien des circonstances.

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Alors, avant de crier au désordre, posez-vous la question si l’ordre qu’il est censé tailler en pièce est compréhensible. Dans le sens, en émane-t-il une raison intrinsèque qu’on peut retrouver et expliquer, ou si au contraire, ce n’est qu’une pure convention extrinsèque définie par l’usage ou par une quelconque sommité qu’on doit continuer de vénérer en acceptant aveuglément son diktat archaïque. Ouais, bon, cette phrase atteste de mon tempérament un peu rebelle et même anar sur les bords. Mais que je ne vous vois pas utiliser cet argument fallacieux pour discréditer ma thèse! Un rebelle ne se retrouve pas obligatoirement dans les pommes de terre dauphinoises. Et il a un orgueil, vous saurez!

L’ordonnancement des lettres alphabétiques est utile, il n’y a aucun doute, mais prouver une utilité à une convention est nettement insuffisant pour la qualifier d’ordre. Plutôt que d’utiliser l’expression «en désordre», le mot «mélangé» pourrait bien mieux faire l’affaire la plupart du temps. L’aspect péjoratif est esquivé et il conviendrait souvent mieux aux objets et aux situations qu’on cherche à décrire. Quand on joue aux cartes, les placer en ordre est un défaut innommable. L’apparent désordre qu’on leur inflige en les brassant, c’est là où on voit la subtilité de plutôt choisir le terme «mélanger les cartes», est non seulement recherché, mais essentiel.

Cependant, le mot «désordre» plait aux gens qui cherchent à imposer des règles sans devoir les expliquer. Pour eux, ça tombe sous le sens. Pas besoin d’explications puisqu’on a l’ordre et ses inverses, c’est-à-dire tous les désordres. Si ce n’est pas dans l’ordre tel que défini, c’est nécessairement en désordre, donc n’importe comment, tout croche (dit à la québécoise).

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Prenons un exemple différent, parlons des décimales de la valeur de pi (π). Ici, on peut considérer qu’il existe un ordre et un désordre. Placer ces décimales dans le désordre change la valeur de π. L’ordre des décimales est compréhensible et même calculable. Il existe donc effectivement un vrai ordre et son contraire. Un désordre dans les décimales de π influence inévitablement sa valeur. Voilà un ordre qui a un vrai sens, qui s’explique et qui a des conséquences graves, voire dramatiques, si on ose intervertir certaines décimales, surtout les premières, évidemment.

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Voilà pourquoi l’art est si important. Il fait souvent sauter ce genre de barrières constituées d’absurdités, construites autour de conventions souvent illogiques ou totalement inutiles, surannées, mais tellement présentes qu’elles constituent des carcans dans un anachronisme indéboulonnable autrement. Plus simplement, dans les arts comme partout ailleurs, soit dit en passant, s’attaquer aux faux ordres galvaudés par toutes sortes de préciosités, ça s’appelle de l’originalité et celle-ci est souvent reconnue comme étant à la base de tout talent.

Petite étrangeté pour terminer, dans la définition du verbe «galvauder», on peut y trouver le sens suivant: «mettre en désordre». Ainsi, un ordre infondé qu’on hisse à tout vent serait une définition particulière du désordre! Ça tient la route. En forçant trop la note sans raison valable, on obtient bien souvent le résultat contraire de celui qu’on espérait.

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P.S. Je n’accepte aucun blâme en rapport avec l’état de la chambre de vos ados à la suite de leur lecture de cet article de blogue. Utilisez donc à leur endroit une formule exempte du mot ordre, ça doit bien exister! … en y réfléchissant bien!

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