Kawah Ijen, paradis vert, enfer bleu et jaune

En javanais, le nom de cet endroit très particulier signifie cratère Vert. On l’aura deviné, il s’agit d’un volcan situé sur l’ile de Java. Pour plus de précision, on parle du volcan Ijen qui se trouve à l’extrémité est de cette immense ile indonésienne formée par la subduction de la plaque tectonique australienne sous l’eurasienne. Kawah Ijen n’est que l’un des multiples cratères formés depuis l’explosion titanesque de la caldeira de Kendeng survenue voilà 50000 ans qui a totalement détruit son sommet de 3500 m pour ne laisser qu’une cuvette d’où émergent aujourd’hui quatre bouches fumantes distinctes.

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Le qualificatif vert provient de la couleur sublime de son lac sis au fond de la caldeira. Ce plan d’eau est juché à une altitude de 2200 m et fait environ 900 x 600 m. Il possède l’étonnante particularité d’être le plus acide de tous les lacs de la planète avec un pH de 0,2.

Le monstre éruptif est toujours en activité et est classé parmi les volcans gris, c’est-à-dire qu’il est de nature explosive, mais actuellement peu inquiétante avec un indice VEI de 1 ou 2. Les lèvres du cratère atteignent une altitude de 2800 m.

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Les touristes viennent spécifiquement visiter l’intérieur du cratère pour effectuer une virée de nuit où ils peuvent admirer des brasiers bleus, combustions du dioxyde de soufre (SO2) s’échappant du volcan. Le jour, le spectacle féérique de cet enfer bleu relativement contrôlé devient invisible.

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Les fumeroles rejettent d’importantes quantités de SO2 près d’une des rives du lac, forment une solfatare, un dépôt de soufre pur au jaune caractéristique. Malgré la toxicité élevée de ce gaz et sa grande irritabilité cutanée, une armée de travailleurs javanais vient quotidiennement prélever de gros blocs de soufre qu’ils chargent dans deux paniers reliés par une planche. Ils grimpent les pentes abruptes de la cuvette du volcan avec leur lourd chargement avant de redescendre la montagne vers leur village.

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Ce travail de paria leur brûle les poumons et la peau pour en ne leur laissant que des broutilles avec lesquelles ils parviennent à peine à nourrir leur famille. Certains réussissent à économiser durant de longues années afin de se payer un chariot pour se décharger de leur précieux soufre lors du trajet de retour. 75 malheureux euros et la plupart des travailleurs sont incapables de parvenir à se le procurer. Il faudrait qu’ils commencent par porter un masque à gaz et là encore, c’est trop cher pour leurs moyens. Un simple foulard leur sert de protection rudimentaire, pour ne pas dire futile.

Une âme charitable a voulu lever des fonds pour leur permettre de se procurer les équipements de protection et de travail plus adéquats. Elle a dû faire avorter son projet, car la mafia locale aurait détourné tous les dons à leurs profits.

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Une des seules solutions envisageables reste probablement de donner directement de l’argent aux travailleurs lorsque nous allons visiter ce lieu très particulier. En main propre et en monnaie locale uniquement, le risque reste qu’ils s’en servent pour subvenir à d’autres besoins plus pressants et qu’ils continuent de négliger leur santé et sécurité au travail.

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Aucune solution n’est simple sans une intervention gouvernementale exigeant des compagnies achetant le soufre de ces travailleurs qu’ils les payent mieux. Les autorités pourraient également mettre une coop sur pied ou permettre un syndicat légal et que ces organismes veillent aux conditions des travailleurs.

Inutile de chercher très loin pourquoi rien n’est fait pour leur venir en aide.

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Séismes, un mois en apparence normal

Depuis le dernier mois, l’activité sismique d’importance, c’est-à-dire 6,0 et au-delà sur l’échelle Richter, est essentiellement concentrée dans la région de l’Indonésie, de la Papouasie – Nouvelle-Guinée, des iles Fidji, du Vanuatu, de la Nouvelle-Calédonie, des iles Salomon et toute cette région située au Nord et au nord-est de l’Australie, aux jonctions de la plaque tectonique australienne avec les plaques pacifique, philippine et eurasienne. L’Australie poursuit son périple océanique au rythme de 6 à 7 cm par année vers des latitudes plus clémentes et pour ce faire, elle bouscule allègrement les joueurs qui occupent actuellement le terrain.

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D’autres tremblements de terre d’importance se sont produits en Russie orientale (iles Kouriles) et en Alaska (iles Aléoutiennes). Enfin, quelques séismes secondaires, mais assez inquiétants à cause de la population environnante, ont frappé le Guatemala à 5,7 et Haïti à 5,9.

Je constate dans le dernier mois le maintien de la moyenne d’un séisme d’importance survenant tous les deux jours et parmi ceux-ci, deux ont franchi la barre du 7 (7,0 et 7,5), conformément aux probabilités.

Ce mois peut donc être qualifié comme ayant été dans la normale statistique, mais la concentration importante des secousses presque au même endroit a tout de même de quoi étonner. Ces activités nous renseignent toutefois sur certains comportements de la croûte terrestre. Lorsque des régions ont vécu des épisodes de calme relatif comme ce fut le cas pour la région au Nord et au nord-est de l’Australie avant la récente reprise des activités s’ensuit une concentration de plusieurs séismes d’importance. Toutefois, la Terre aurait pu se déchirer d’un seul coup, ce qui aurait engendré un cataclysme comme on en a connu en 2004 et 2011 avec des secousses de magnitude 9,1 et 9,0.

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Un séisme d’une telle ampleur survient en moyenne une fois aux dix ans, mais savoir l’endroit où il se produira relève d’une science très inexacte. J’ai déjà ciblé la côte ouest de l’Amérique du Nord dans mon article sur la catastrophe Cascadia. Toute la région citée en début d’article reste toutefois le lieu le plus probable où surviendrait un tel événement. Cependant, on ne peut oublier de regarder en direction de régions moins fébriles, mais tout aussi susceptibles d’accumuler de grandes quantités d’énergie comme le long de la côte ouest de l’Amérique du Sud, les Caraïbes, l’Alaska, la Russie orientale et même l’Europe orientale et le Moyen-Orient.

Heureusement, nous prenons de plus en plus de précautions pour protéger la population des effets néfastes engendrés par ces catastrophes naturelles, mais jamais celles-ci n’empêcheront totalement des destructions massives et des pertes de vie en grand nombre. Le dernier tsunami survenu aux Célèbes en septembre dernier met fortement en lumière les faiblesses de nos protocoles d’intervention où les alertes au tsunami ont été levées juste avant son arrivée sur les côtes, tuant du même coup des milliers de riverains!

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Puisque la croûte terrestre ne cesse et ne cessera de se déplacer, de se fracturer, de se frotter et de collisionner, nous pouvons affirmer avec certitude que les séismes surviendront en suivant des lois de probabilités logarithmiques telles qu’actuellement définies et que ceux-ci continueront de nous faire trembler… de crainte et de tous nos membres.

Ingéniosité et tête de mule

L’humain est une bête étrange, souvent pour le pire, parfois pour le mieux. Cette vidéo de 5 minutes explique comment des chercheurs sont parvenus à détecter les premières étoiles qui se sont allumées dans notre Univers grâce à un détecteur de la grandeur d’une table de cuisine.

Leur projet allait à l’encontre de l’ensemble de la communauté astronomique qui refusait d’y croire, préférant attendre les télescopes géants censés être opérationnels en 2020 et au-delà, des appareils valant une fortune contre une poignée de petite monnaie pour l’expérience présentée ici.

La courte vidéo est en anglais, mais les images parlent d’elles-mêmes.

Reportage sur le sujet à Radio-Canada.ca