Les leçons ignorées du passé

Connaissez-vous le PETM? Non? Ce n’est pas un événement techno ni une nouvelle maladie. On désigne sous cet acronyme un ancien passage climatique appelé «maximum thermique du Paléocène-Éocène».

On aurait pu apprendre du passé pour anticiper l’impact de nos émissions de dioxyde de carbone. Non seulement on s’est bien gardé de regarder derrière, on continue toujours d’ignorer l’histoire de la Terre alors que des changements dramatiques sont présentement en train de survenir. Voici donc quelques détails concernant cet épisode plutôt révélateur du passé de notre planète.

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Après l’extinction de la faune géante survenue voilà 66 millions d’années, la Terre a vécu un étrange épisode de réchauffement climatique daté de 55 millions d’années qui a laissé des traces géologiques claires et précises, c’est le passage du Paléocène à l’Éocène. Cette transition nommée PETM a été marquée par l’accroissement dramatique des températures à la surface de la terre et des océans.

Avec 8 à 13 °C supplémentaires, la vie dans les océans devenus très acides a connu l’une de ses pires crises. Les coraux ont disparu, la faune marine s’est réduite jusqu’à presque être anéantie, la plupart des espèces restantes s’étant réfugiées dans les océans boréal et austral. Avec 36 °C à l’équateur, l’eau en haute mer était aussi chaude que celle d’un spa. En Arctique, l’eau atteignait 18 à 23 °C.

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Au sol, la Sibérie, le Grand Nord canadien, le Groenland et l’Antarctique ont totalement fondu. La flore s’y est installée et on retrouvait dans ces lieux polaires des plantes tropicales. Les autres lieux à plus basse latitude sur la planète ont souffert de forte surchauffe, exterminant une grande partie de la vie et déplaçant le reste vers des latitudes plus clémentes. Il va sans dire que le niveau des océans a grimpé à son maximum et que rien n’a subsisté des côtes actuelles où s’entasse actuellement plus de la moitié de la population mondiale.

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On s’entend pour dire que cette période de transition entre les deux époques géologiques aurait été causée par un dérèglement dans le cycle du dioxyde de carbone. Pour des raisons encore imparfaitement comprises, la Terre s’est mise à dégazer en grande quantité cette molécule à effet de serre durant environ 20000 ans. Au cours de ce réchauffement, la fonte du pergélisol et les fonds océaniques ont libéré des quantités phénoménales de méthane, amplifiant d’autant l’effet de serre.

À cette époque, la libération du CO2 se produisait à une vitesse dix fois moins grande qu’avec les activités anthropiques actuelles. Heureusement, la Terre s’en est finalement remise à partir du moment où les émissions anormales de dioxyde de carbone et de méthane ont cessé. En revanche, ça lui a pris au bas mot 150000 ans pour faire disparaitre le surplus des gaz responsable de ce sauna global.

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Voilà un aperçu réaliste, non extrapolé, basé sur des mesures sédimentaires concrètes de ce qui attend notre Terre dans un avenir beaucoup plus proche qu’il n’y parait. Mais rien ne garantit que vous pourrez vous prélasser au soleil le cul dans l’eau turquoise à Ivujivik. Les émissions anthropiques actuelles sont tellement plus importantes et soutenues qu’à cette époque reculée que rien ne laisse supposer que la Terre se limitera à accroitre sa température de seulement 8 à 13 °C.

Et on fait tout un plat autour de la possibilité d’une augmentation de 1,5 °C et ce que nous devrions faire maintenant pour éviter d’atteindre ce niveau considéré comme limite. Quelle risible mauvaise pièce de théâtre! J’ai l’impression de voir un gars tombé d’un bateau en plein océan et qui se demande s’il devrait se départir de sa chaussette gauche ou droite pour éviter de couler! Vous, comme moi, nous savons ce qui surviendra à ce gars peu importe sa décision, n’est-ce pas?

Ça se précise encore plus

Je sais, je m’étais promis de foutre la paix aux climatosceptiques afin d’entamer la phase de préparation aux catastrophes. Puisqu’il ne subsiste aucun doute sur la direction prise et conservée par l’humanité depuis ces deux derniers siècles, vous avez le choix entre le précipice ou le mur de pierre, je ne voyais plus aucun intérêt à discuter du sujet. On devra faire face à notre incurie collective et ça va brasser, croyez-moi ! Mais en tombant sur ce communiqué de presse, je n’ai pas pu résister à la tentation de vous en faire part.

La suite de l’article est directement tiré du site web du gouvernement du Canada et concerne l’Antarctique.

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Communiqué de presse

Le 24 septembre 2018 – Gatineau (Québec)

La température de l’eau de mer près de l’Antarctique augmente, selon une nouvelle étude réalisée par une équipe de scientifiques d’Environnement et Changement climatique Canada et une de leur collègue du Scripps Institution of Oceanography, aux États-Unis.

Leurs conclusions, publiées aujourd’hui dans la revue Nature Geoscience, sont les premières à montrer que le réchauffement de la température de l’océan Austral au cours des dernières décennies résulte directement – et principalement – d’une hausse des émissions de gaz à effet de serre causées par l’homme. La diminution des niveaux d’ozone atmosphérique liée au trou dans la couche d’ozone contribue également au réchauffement.

Les scientifiques ont combiné une analyse de toutes les données historiques existantes et un modèle informatique de pointe mis au point par Environnement et Changement climatique Canada. Ils ont également conclu que les eaux près de l’Antarctique deviennent moins salées, ce qui concorde avec la modification connue des régimes de précipitations dans l’hémisphère Sud.

 

Citations

« Notre étude montre que l’augmentation de la température et la diminution de la salinité observées dans l’océan Austral sont causées par l’homme, qui est responsable de l’augmentation des gaz à effet de serre et de l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique. Il est important de comprendre les changements qui s’opèrent dans l’océan Austral, car ce dernier joue un rôle clé dans le bilan thermique de la Terre et l’absorption du carbone, et les glaciers qui le recouvrent peuvent avoir un impact sur la hausse du niveau de la mer. C’est la première fois que l’influence séparée de la hausse des émissions de gaz à effet de serre et de l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique a pu être détectée dans l’océan Austral. »

– Neil Swart, chercheur, Environnement et Changement climatique Canada

Faits en bref

  • L’océan Austral s’est réchauffé deux fois plus rapidement que la moyenne de l’océan mondial.
  • La hausse des gaz à effet de serre est le principal facteur responsable des récentes augmentations de la température et diminutions de la salinité de l’océan Austral.
  • L’appauvrissement de l’ozone contribue également au réchauffement de l’océan Austral et à la diminution de sa salinité. Cependant, étant donné que le rétablissement de la couche d’ozone est en cours grâce au Protocole de Montréal, on prévoit une diminution de l’incidence de l’ozone sur l’océan Austral.
  • Du 19 au 21 septembre 2018, le Canada a été l’hôte d’une réunion des ministres du G7 pour discuter de l’action climatique mondiale et de la santé des océans du monde.

 

antarctique_sizedLien : https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/nouvelles/2018/09/la-hausse-de-la-temperature-de-leau-de-mer-pres-de-lantarctique-est-causee-par-les-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre-et-lappauvrissement-de-lozone.html

 

Séisme majeur en vue ?

Verrons-nous bientôt un méga tremblement de terre dans l’ouest des USA et du Canada ?

Certains géologues et météorologues le croient. Ils se basent sur les teneurs très élevées et anormales du monoxyde de carbone (CO), du dioxyde de carbone (CO2) et de dioxyde de soufre (SO2) dans l’air au-dessus de l’État de la Californie traversé par la fameuse faille de San Andreas. La photo en tête montre la concentration récente de CO au-dessus de la Californie.

Parce qu’ils ont relevé des émissions beaucoup plus élevées que la normale de ces gaz sur certains sites à travers le monde qui ont été par la suite soumis à d’importants tremblements de terre, ces spécialistes pensent que ce type de dégazage est un bon moyen de prévoir certains séismes.

Cependant, il n’existe pas de preuves ni d’assurances que ce type de comportement du sol est un indicateur fiable. La science n’explique pas encore la relation de cause à effet qui, pour l’instant, n’est qu’une constatation empirique.

Cependant, tout le complexe de failles interreliées à celle de San Andreas accumule des tensions depuis plus de cent ans sans avoir coulissé pour la peine. Les scientifiques sont formels sur un point. La tension va se relâcher dans très peu de temps (à l’échelle géologique). Les deux plaques tectoniques qui s’entrechoquent se déplacent d’environ 3 cm par an. Là où les deux plaques se touchent, le coulissement est bloqué. Ainsi, la terre accumule cette tension en se tordant puisque le déplacement des plaques plus loin de la faille se poursuit sans cesse. Le dernier tremblement de terre majeur s’est produit en 1906 et a détruit une bonne partie de la ville de San Francisco. L’épicentre était situé à 12 km du centre de la ville et avait une magnitude estimée de 7,8 sur l’échelle de Richter.

En 1989, la même ville fut secouée par un autre important séisme, cette fois de 6,9. J’y suis allé quelques jours plus tard et ce n’était pas la joie, malgré des dégâts relativement limités. Voir une autoroute de 2 étages écrasés l’un sur l’autre ainsi que d’autres tronçons complètement détruits, ça ressemblait à des scènes de film catastrophe, mais en vrai.

Le prochain tremblement de terre pourrait survenir plus près de la ville de Los Angeles où la tension monte sans cesse. Les spécialistes craignent un séisme qui pourrait atteindre 8,2 de magnitude. En associant le fort potentiel sismique aux récentes émissions des 3 gaz témoins, on peut craindre le pire.

Cependant, la Terre n’a pas le même rythme temporel que celui des humains. Ce qui nous semble une éternité n’est perçu que comme une miette de temps à l’échelle géologique. Ainsi, lorsque frappera le prochain séisme majeur, beaucoup d’humains perdront sûrement la vie. On n’évacue pas une ville de cette importance sur des prédictions empiriques.

Je souhaite toute la chance possible aux habitants qui seront touchés et une grande résilience afin qu’ils s’en remettent le plus rapidement possible.