Le 5 mai dernier, l’OMS publiait un communiqué concernant la COVID-19. En voici un court extrait.
« Le Directeur général de l’OMS souscrit à l’avis du Comité concernant la pandémie actuelle de COVID-19. Il estime que la COVID-19 est maintenant un problème de santé établi et à caractère persistant qui ne constitue plus une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI). »
Under an Ancient Sun
On comprend que le virus n’a certainement pas disparu, mais qu’il est maintenant classé dans la même catégorie que l’influenza. Il y aura encore annuellement plusieurs morts causés par la maladie, mais celle-ci est maintenant maitrisée par les autorités sanitaires de la plupart des pays. Elle ne crée plus de pression indue sur le personnel et les infrastructures de santé. En clair, on continuera de vivre avec la présence de la COVID-19 pendant encore très longtemps, par contre son urgence planétaire n’a plus sa raison d’être.
On peut certainement s’en réjouir et célébrer l’événement. La très grande majorité de la population mondiale y a survécu, dont vous et moi. Physiquement et psychologiquement, ce poison en a fait baver à beaucoup d’entre nous. Malheureusement, certains continuent de subir les effets de la COVID longue comme la youtubeuse Physics Girl. Le plus effrayant de la maladie semble maintenant chose du passé. Mais en est-on si certain ?
J’ai déjà écrit que la COVID-19 n’était que le début d’un nouvel état mondial et que nous allons devoir nous y faire. À cause de nos habitudes de vie que nous n’avons pratiquement pas modifiées, inévitablement les pandémies se succéderont. Ce n’est qu’une question de temps avant la prochaine, le temps que les virus actuellement en circulation évoluent vers une forme plus virulente et plus contagieuse. Ou qu’à l’instar de la COVID, un labo peu précautionneux laisse malencontreusement échapper une autre cochonnerie du même genre ou pire encore.
La population en général n’a rien compris de la façon dont elle devait agir pour éviter le pire. Bien au contraire, tout ce qui l’intéressait était de retrouver le plus rapidement possible sa vie antérieure, ses habitudes, justement celles à l’origine de la propagation fulgurante de la maladie.
Il ne faut pas être devin pour prédire le devenir, il faut plutôt être idiot pour croire en des effets différents pour les mêmes causes. La COVID-19 fut simplement un coup de semonce tiré à proximité de notre navire qui n’a eu pour effet que de nous éclabousser. Se réjouir d’avoir évité le pire, et ce faisant de maintenir son cap et sa vitesse, prouve que nous n’avons pas du tout pris cet avertissement au sérieux.
Oui, bientôt nous vivrons un autre épisode d’urgence sanitaire et cette fois-ci, nous n’échapperons peut-être pas à des effets bien plus dévastateurs. Un jour pas très éloigné, notre navire recevra un tir direct sous la ligne de flottaison. Je vous laisse deviner les conséquences.
Dans le Marvel Cinematics Universe (MCU), on exploite la sempiternelle confrontation entre le bien et le mal, ce dernier étant principalement incarné par le personnage de Thanos. Et pour bien se faire, on l’a imaginé très grand, surpuissant, passablement laid et d’une cruauté sans bornes. Dès ses premières apparitions et notamment dans Les Gardiens de la Galaxie, Marvel s’assure qu’il soit allègrement détesté des autres héros et surtout des cinéphiles. Même son nom est un dérivé de Thanatos, le dieu grec de la mort. En psychanalyse moderne, thanatos signifie l’ensemble des pulsions de mort.
Pour aisément parvenir à se faire haïr, il cherchera à récupérer les six pierres de l’Infini par les moyens les plus cruels et les plus abominables qui soient. L’atrocité grimpe encore plus lorsqu’on nous dévoile son objectif ultime.
Si vous ne connaissez pas le résultat du combat des braves gentils contre Thanos et ses alliés, je vous déconseille de poursuivre la lecture de cet article puisque l’objectif n’est pas de divulgâcher l’intrigue, mais plutôt d’analyser les gestes et les intentions du colosse qui ne peut se faire sans dévoiler les conclusions de plusieurs films de cette série.
Dans ce genre cinématographique, le scénario classique consiste à faire vivre d’épouvantables épreuves aux héros afin d’insister sur leurs vertus. Et la très grande majorité de ces histoires se termine par la victoire in extremis des représentants du bien. L’histoire du Seigneur des anneaux en est l’archétype.
Dans le MCU, Thanos cherche à rassembler les six pierres de l’Infini en usant de barbarie mais pas seulement. Souvenez-vous du geste du Dr Strange qui se départit de sa pierre verte en la remettant volontairement au monstre. Et lorsque ce dernier arrache finalement la sixième pierre, la jaune, du crâne de Vision, il est difficile d’appréhender la suite, tellement son objectif ultime nous semble impensable. On anticipe ici un geste d’éclat de la part d’un quelconque héros ou encore d’une remise en question de Thanos.
Et contre toute attente, il claque quand même des doigts, faisant du coup disparaitre la moitié des êtres vivants. Le méchant gagne… et dans la foulée la moitié de nos héros s’envolent en cendres, mais également la moitié de nos proches ! Car malgré la fiction cinématographique, notre esprit projette toujours une partie des images sur notre monde. Sans confondre le réel de l’irréel, on se demande cependant comment nous nous sentirions, comment nous réagirions si une telle catastrophe devait vraiment survenir.
Une fois la mission du vilain accomplie, Marvel change drastiquement l’image de Thanos. On le croyait féru de pouvoir et pourtant il délaisse l’usage des pierres surpuissantes pour tranquillement se consacrer à la popote. Il n’a pas détruit la moitié du monde pour le plaisir, mais au contraire pour le bien de la moitié restante. Et c’est ici où le paradoxe Thanos prend toute sa forme et sur lequel il est important de réfléchir.
Doit-on sciemment faire disparaitre une grande partie de nos semblables pour le bien des survivants ? Nous, qui nous évertuons à sauver à l’unité toutes les vies humaines possibles grâce à la médecine, à la pharmacologie et aux multiples interventions d’urgence, peut-on d’autre part accepter l’idée d’un humanicide même s’il est aléatoire et non discriminatoire ? Notre réponse instinctive est bien évidemment « non ». De tout temps, nous sommes programmés pour sauver nos semblables. Pourtant, on accepte également de tuer d’autres de nos semblables s’ils n’appartiennent pas à notre gang, à notre tribu, à notre peuple, à notre nation et bientôt peut-être à l’humanité lorsque d’autres planètes habitées d’êtres intelligents seront connues.
L’humain vit déjà avec le paradoxe de la protection-destruction. Il suffit d’apporter un subtil mélange de justifications basées sur la crainte et l’obtention d’avantages significatifs pour faire basculer les esprits d’une nature pacifique vers un comportement agressif.
Quelle différence y a-t-il entre deux tribus qui guerroient jusqu’à ce que l’une d’entre elles s’éteigne et le choix de Thanos de zapper une moitié de tous les êtres vivants ? Le nombre, direz-vous. Oui et non. C’est vrai, mais la vraie différence ne se situe pas sur ce point strictement mathématique. La vraie différence réside dans le principe. Thanos n’a pas la prétention de vouloir aider son clan, son peuple, sa nation ou lui seul, puisque le choix des victimes est basé sur le hasard. Contrairement aux peuples se faisant la guerre, l’action de Thanos est désintéressée. Bref, il le fait par bonté au nom d’une nécessité absolue !
Et voilà où je veux en venir. Qui sont les bons et qui sont les méchants ? Quelles actions sont bonnes et lesquelles sont à proscrire à tout prix ? Nous avons tous appris à polariser le bien et le mal et s’ils ne peuvent vivre l’un sans l’autre, il nous est toujours très difficile d’accepter de les faire cohabiter. Pourtant, le paradoxe Thanos vit partout autour de nous, mais également et surtout à l’intérieur de nous-mêmes.
Si l’on se départit des notions absolues du bien et du mal, le paradoxe Thanos tend à disparaitre. Toutes les actions possèdent une partie des deux et il y a plus. Le bien d’aujourd’hui se transforme la plupart du temps en mal à plus long terme et vice versa. L’idée consiste donc à définir nos priorités sans toutefois oublier qu’on ne fait le bien que pour faire émerger le mal, au mieux, plus tard. Le contraire s’applique également.
Thanos n’est peut-être qu’un visionnaire incompris, donc détesté pour cela. Il réfléchit au long terme au détriment du court terme. Notre culture penche généralement du côté opposé. En fait, privilégier le court terme serait censé être réservé aux urgences immédiates. Pourtant, malgré un niveau de confort quasi assuré, nous ne parvenons plus à faire basculer nos priorités vers des objectifs à long terme. Et c’est à ce moment où un Thanos finit par devenir nécessaire, pour rétablir l’équilibre à long terme par un geste immédiat d’apparence insensée.
Heureusement, Thanos n’existe pas vraiment ! Détrompez-vous. La Nature possède tous les moyens de nous faire regretter notre mode de vie centré exclusivement sur des objectifs immédiats sans jamais nous soucier de nos impacts dans un futur éloigné. Donc, nous sommes à la veille de vivre le retour du balancier et cette prédiction n’est pas issue d’une boule de cristal, mais d’une loi universelle fondamentale qui est celle du balancier. Un pendule ne peut pas se maintenir longtemps d’un seul côté du centre. Inexorablement, il finira par aboutir à l’autre extrémité, son état d’équilibre ne pouvant être atteint que lorsque le court et le moyen terme deviennent égalitaires.
Notre mode de vie actuel aura bientôt une fin brutale sans devoir invoquer l’apport d’un Thanos ou d’un astéroïde géant. Les signes avant-coureurs foisonnent et même si on cherche à ne pas les observer et surtout à ne pas en tenir compte, ils ne disparaitront pas pour autant.
Surpopulation, pollution, destruction des milieux et de la biodiversité, changements climatiques, surexploitation des sols et des espèces, il est difficile d’en faire abstraction et pourtant l’humain parvient très bien à se voiler la figure afin de faire perdurer sa folie de la vision courte encore quelques années, et ce sans apporter de changements radicaux à son mode de vie.
Thanos n’est pas un paradoxe lorsqu’il est compris. Il serait plus juste de parler d’une solution extrême nécessaire. L’idée est que nous ne nous entendrons jamais sur l’importance d’appliquer ce genre de procédé drastique et irréversible. Et même si le concept était reconnu et accepté, il sera toujours reporté. Celui qui un jour pressera le bouton rouge, malheureusement il ne commettra pas ce terrible geste à l’instar de Thanos, mais plutôt comme un émule de Staline.
Que nous le voulions ou non, chose certaine, notre population vivra bientôt – à l’échelle temporelle de la planète – une réduction draconienne, et plus probablement une éradication. Ce phénomène exceptionnel emportera l’humain ainsi qu’une grande quantité d’autres espèces vivant sur Terre. Pour ceux qui y survivront, un âge d’or surviendra. Plusieurs preuves géologiques démontrent ce fait, le plus marquant datant de 66 millions d’années lorsque les petits mammifères dont nous sommes issus ont survécu et ont prospéré après d’extinction des dinosaures non-avions.
À quoi ressemblera la Terre après l’humain ? Quelles espèces le remplaceront et prospéreront au-delà du grand cataclysme ? Personnellement, je penche en faveur des insectes, les espècs actuelles négligées de notre monde, comme l’étaient les minuscules mammifères au temps où les sauriens géants régnaient sur Terre.
Bienvenue aux futurs états terrestres des Termitières-Unies, de la République Démocratique des Libellules, de l’Union Apicole, du Royaume-Cafard et de la Principauté de la Grande Fourmi Volante.
Trop de monde sur Terre signifie aussi trop de mauvaises idées pour pouvoir toutes les contenir. L’humanité a depuis longtemps dépassé le nombre optimal d’individus au-delà duquel le contrôle des mauvaises idées devient une tâche impossible. Puisque le capitalisme est basé sur la croissance absolue et surtout ininterrompue, le nombre d’humains a explosé afin de soutenir un régime économique aux accointances cancéreuses.
Les mauvaises idées se sont, elles aussi, multipliées sans que personne puisse y faire grand-chose, car pour juguler une horde de celles-ci, les ressources nécessaires dépassent largement les quantités disponibles. De fait, même si la croissance du nombre d’individus s’applique apparemment de la même façon aux bonnes et aux mauvaises idées, la réalité s’avère tout autre.
Comme un gardien de but, une population peut bloquer une mauvaise idée, mais pas une volée de centaines de bourdes lancées simultanément. Avec la croissance exponentielle de la population, les mauvaises idées ont largement dépassé la quantité pouvant être gérées, contenues, contrôlées ou abattues.
Des gens peuvent se mobiliser une à deux fois par année, mais pas à tous les jours. Ainsi, les mauvaises idées finissent inévitablement par envahir nos vies sans opposition digne de ce nom et ce phénomène est survenu sans relâche depuis plus d’un siècle.
En dépassant le milliard d’individus, la population mondiale a perdu sa capacité de contenir les fous et leurs œuvres de destruction. Tous ces ravages poignent au grand jour depuis des lustres et pourtant nous sommes restés et restons toujours de marbre. Mers de déchets, réchauffement climatique, dégringolade de la biodiversité, déforestation, monocultures, maladies engendrées par la pollution et les pesticides, l’avenir n’est pas sombre, mais opaque, gluant et nauséabond.
La situation est bien décrite dans les films des Avengers. Notez toutefois que le mauvais rôle est tenu par celui qui apporte une solution drastique, celui voulant faire cesser nos folies. La façon de penser ce scénario est intimement liée à notre perception du problème et de la solution. Le problème, ce sont les autres. Le problème, c’est la solution promue. La solution, c’est de ne pas toucher au problème. Et enfin la solution apportée réside à détruire la solution. Suis-je le seul à avoir désiré la victoire décisive de Kronos?
Et vous gardez toujours espoiren l’humain? Alors, ce n’est plus de la naïveté, c’est de l’entêtement acharné! Notre mode de vie est tellement bien ancré que nous refusons tout autodiagnostic pouvant nous apporter la preuve de l’existence d’une quelconque maladie, d’une possible tare, d’un évident défaut ou d’une monstruosité. Notre décadence basée sur le gaspillage, la surconsommation et l’appât du gain pour combler ces désirs aussi irrépressibles qu’inutiles bloque toute introspection. Elle s’avèrerait beaucoup trop douloureuse, alors nous lobotomisons notre sens critique.
En ces temps de noirceur de moins en moins incertains, voici pourtant mon seul conseil et croyez-moi, il ne se veut même pas ironique. Terminez en beauté cette belle aventure. Allez-y! Continuez de voyager partout sur la planète, dépensez immodérément, amusez-vous à tous les instants, soûlez-vous la tronche, défoncez-vous, vivez comme s’il n’y avait pas de lendemain, car bientôt le soleil se couchera et à son prochain lever, le monde chimérique actuel aura disparu à jamais.
Les temps auront irrémédiablement changé et vous détesterez le résultat, vous haïrez les conséquences desquelles vous êtes restés totalement sourds, froids et distants durant tant d’années. Alors, aussi bien en profiter maintenant puisque la Terre se trouve juste sur le point de basculer. Il faut bien que le grand ménage des mauvaises idées s’accomplisse de temps en temps!
Scientifiquement parlant, le moment présent n’existe pas. La fluidité permanente du temps crée du passé qui n’existe plus à partir d’un temps futur qui n’existe pas encore. Le temps n’existe donc ni vers l’avant ni vers l’arrière, alors que les deux segments se touchent à un moment qu’on dit présent, une quantité si infinitésimalement courte qu’elle n’existe pas non plus.
Dans notre vie régulière, le moment présent est la journée en cours. Demain est un autre jour, demain est un autre moment. Vingt-quatre heures constituent donc nos moments présents.
Vivre le moment présent est un concept si difficile à appréhender que la plupart d’entre nous n’ont aucune idée de la façon de faire. Pourtant, on croit tous en être capables, mais la réalité s’avère tout autre.
Depuis notre tout jeune âge, on a été éduqué, formé, entrainé à penser à d’autres temps que le moment présent au point tel que celui-ci semble ne plus vouloir rien dire. Seul le futur compte et seules les pensées dirigées vers l’avenir retiennent notre attention.
Par la force des choses, j’ai été amené assez tôt dans ma vie d’adulte à penser différemment et pour moi, c’est le futur qui n’a pas de sens. Je me consacre donc au moment présent. Toutefois, pour les gens qui m’ont côtoyé, mon mode opératoire leur était inconnu, il devenait donc rapidement intolérable et ainsi inacceptable.
Vous pensez vivre le moment présent, pourtant je pourrais probablement vous reprendre plusieurs fois par jour en vous donnant des preuves du contraire. Vivre le moment présent, ce n’est pas de se prélasser au spa ou de profiter d’un bon film. Vivre le moment présent va bien au-delà de ces douceurs qu’on s’offre occasionnellement.
Je ne pense pas que ma façon de vivre soit meilleure qu’une autre, bien au contraire. Elle apporte son lot de difficultés et je ne vous les énumérerai pas ici. Mais de grâce, ne dites pas que vous vivez le moment présent si vous ignorez totalement ce que cela signifie dans la réalité.
C’est la même chose avec ceux qui se disent véganes, mais qui portent des souliers et des ceintures en cuir et des sous-vêtements en soie. Mais là, j’empiète sur un autre article de blogue.