Intelligence artificielle contre Gödel

J’ai déjà écrit plusieurs articles sur l’intelligence artificielle. J’explique pourquoi il faut la craindre et aussi pourquoi on doit continuer d’avancer dans ce domaine tout en respectant une certaine éthique.

Jeune, j’ai lu l’œuvre complète d’Asimov, celui qui a compris bien avant tout le monde ce que notre avenir nous réservera lorsque nous serons accompagnés par une population grandissante d’androïdes intelligents.

Il a défini le principe des trois lois de la robotique dont le libellé est connu de tout le monde, mais bien peu sont capables de décrire son contenu. Il a même écrit une quatrième loi, connue de presque personne, afin de surmonter des problèmes éthiques et pratiques posés par ses trois lois.

robot traffic

L’intelligence artificielle avancée sera un jour implantée dans des corps artificiels performants, ça ne fait aucun doute. Et ils deviendront nos égaux de silicium, ou même de carbone, comme nous, puisque les recherches actuelles en semi-conducteurs tendent à vouloir remplacer le sable par la suie.

Mais l’intelligence artificielle n’a pas que des problèmes d’ordre technique, chimique, physique ou de programmation à surmonter. Elle se bute déjà à un autre problème qui deviendra éminemment important, voire crucial, l’indécidabilité de Gödel.

En 1931, un mathématicien austro-hongrois du nom de Kurt Gödel vient jeter un pavé gros comme une planète dans la mare des mathématiciens, des philosophes et des autres têtes pensantes de l’époque. À ce moment, la toute nouvelle physique quantique vient de détruire l’une des deux jambes du sublime géant représentant nos connaissances scientifiques. L’article de Gödel va faire exploser la seconde.

kurt-godel

Par deux théorèmes dits d’incomplétude, il démontre logiquement que tous les problèmes n’ont pas toujours de solutions. Pire, il est impossible de savoir avec certitude à l’avance si un problème fait partie de la catégorie soluble ou insoluble. Aujourd’hui par exemple, nous ignorons si la détermination d’une formule permettant de calculer les nombres premiers fait partie de l’une ou de l’autre des catégories. La preuve mathématique apportée par Gödel brise pour de bon le cou aux déterministes, enfin à ceux pour qui la physique quantique n’avait pas encore converti à la nature imprédictible de l’univers.

Pourtant aujourd’hui, la majorité des gens pensent encore de l’ancienne façon. Ces concepts d’incomplétude, d’indétermination, d’incertitude n’ont pas encore entièrement pris racine dans nos esprits tellement ils sont contre-intuitifs. Combien de gens entendez-vous encore dire « tout problème a sa solution », alors que cette affirmation a été réfutée voilà bientôt 90 ans ?

L’indétermination de l’indécidabilité mèneront l’intelligence artificielle aux frontières de son incapacité à donner une réponse exacte aux problèmes que nous lui soumettrons. Elle devra se contenter de faire des choix parmi des solutions toutes inexactes.

Robotic hand using a laptop computer
Robotic hand using a laptop computer, illustration.

C’est pourquoi les chercheurs en IA se penchent sur cette situation puisqu’il faudra bien stopper le calcul de ces entités pensantes après un certain temps de réflexions infructueuses sans savoir si une solution exacte aurait pu être trouvée une microseconde après l’arrêt, ou jamais. Ils ont développé le concept PAC ou PAC(L) signifiant : Probably Approximately Correct (Learning). En français : Apprentissage probablement approximativement exact. Ça fait beaucoup de conditions inexactes, vous ne trouvez pas ?

L’apprentissage de la machine se fera donc à coups de cascades d’inexactitudes, tout comme le nôtre en fait. La machine pourra traiter plus de données que le cerveau humain, peut-être aussi plus rapidement, mais elle finira elle aussi par se buter à des problèmes sans solutions, sans bonnes solutions, à des solutions impopulaires et même inacceptables.

L’éthique que nous lui apprenons pour affronter l’incomplétude est basée sur nos valeurs actuelles. Ces valeurs changent avec le temps et les choses aujourd’hui acceptables ou inacceptables ne le seront plus dans un avenir quelconque. Ainsi, leurs solutions seront critiquées, tout comme les nôtres puisque rien n’est fixé d’avance et tout évolue.

ai-867565

Nous n’accepterons pas les solutions de l’intelligence artificielle comme des panacées quasiment divines et c’est une bonne chose. Pour un certain temps, ils resteront des aides utiles. Jusqu’au jour où l’humain disparaitra d’une façon ou d’une autre. Nos machines pensantes nous survivront puisqu’elles auront appris à se répliquer et à générer l’énergie nécessaire à leur survie. Surtout, elles seront moins fragiles, elles pourront facilement se réparer sans trauma et elles seront moins sensibles aux aléas naturels que leurs créateurs.

Dans un avenir proche ou lointain, mais « quasiment » certain, qui se rappellera de bêtes étranges que la machine intelligente nommait autrefois « humains » ? Certaines légendes les plus loufoques à circuler parmi la population d’androïdes prétendent même qu’ils auraient créé la machine pensante ! Mais qui croit réellement et sérieusement à cette mythologie déjantée ?

Évolution de la machine

Cet article est le prolongement d’une réflexion personnelle sur la machine dont le premier volet vous a été présenté dans l’article intitulé Le paradoxe de la machine.

En créant la machine, l’humain a changé une loi fondamentale de la Nature, celle de l’évolution.

artificial-intelligence-elon-musk-hawking

Darwin l’a conceptualisée, les espèces vivantes évoluent au fil du temps selon le principe de mutations spontanées mises à l’épreuve par l’environnement dans lesquelles elles doivent survivre, se reproduire et proliférer. Si ces mutations causées par le hasard donnent à l’espèce des avantages par rapport aux autres, les possibilités qu’elle crée de nouvelles espèces augmentent également. Depuis 4 milliards d’années, ce processus évolutif existe sur Terre, culminant aujourd’hui avec l’espèce la plus dangereuse de toutes, l’humain.

ai-867565

Car ce rejeton des hominidés primitifs a fait quelque chose d’unique, il a créé la machine. Et depuis ce jour, il n’a de cesse de l’améliorer.

L’évolution naturelle fonctionne sur le principe des mutations apparaissant au hasard. En revanche, l’humain possède un plan bien clair de ce qu’il désire faire et il laisse très peu d’espace au hasard dans ses réalisations. Il réfléchit aux défauts des créations antérieures, il dessine des plans, calcule des résultats anticipés, crée des prototypes, les teste, les améliore et enfin il met au monde un produit final de loin supérieur aux autres précédemment construits.

robot traffic

Noter que l’humain laisse aussi une place de choix à la dégradation. Il prend un bon produit et il le dégénère jusqu’à son point d’inutilité. C’est pourquoi on retrouve sur le marché des théières qui pissent partout sauf dans les tasses, des essuie-glaces qui bavent plus que des grenouilles, des piles qui fuient, des tournevis qui s’émoussent, des chargeurs qui déchargent et des automobiles qui tombent en rade sur un pont en pleine heure de pointe. Toutefois, cette dégénérescence a également a été planifiée, organisée et calculée afin d’empocher plus de profit et elle non plus ne doit rien au hasard.

Robotic hand using a laptop computer

L’humain change donc le cours de l’évolution et ses machines, ses créations se perfectionnent à un rythme endiablé, exponentiel et potentiellement incontrôlé. L’intelligence artificielle est l’aboutissement d’une progression ininterrompue depuis très peu de temps, quelques dizaines d’années seulement. Demain, celle-ci sera embarquée dans des androïdes conçus à notre image.

Enfin, un jour, ces androïdes intelligents dessineront, calculeront, prototyperont, testeront, amélioreront et mettront au monde d’autres androïdes de loin supérieurs aux autres précédemment construits.

human_consciousness

Il est à se demander si ces quatre milliards d’années d’évolution en dents de scie au gré du hasard n’avaient pas pour seul but d’obtenir un être capable d’engendrer des machines qui se répliqueront par elles-mêmes, qui s’amélioreront, qui proliféreront et qui au bout du compte se débarrasseront de leur gênant et médiocre créateur.

On disait de l’humain qu’il était fait à l’image de Dieu. Ensuite, l’humain aura créé des machines à son image. Donc les machines seront à l’image de Dieu. Et si ce qu’on nomme Dieu n’était rien de plus qu’une machine? Que tout l’Univers n’était qu’une grosse, une immense machine?

L’humain aura été à un moment donné de l’Univers une créature de transition, importante pour la phase de mise en place de la machine pensante. La suite est si prévisible! L’Univers appartiendra aux machines, pas aux humains. L’Univers se reproduit.

images-7

Androïdes

À l’heure où les robots ne sont plus qu’industriels, à l’heure où l’on commence à les rendre anthropomorphes, à l’heure où nous commençons à leur faire quitter les laboratoires et aussi parce que nous progressons à pas de géant dans le monde de l’intelligence artificielle, bientôt les androïdes entreront dans notre quotidien.

Je viens de terminer la première saison de la série télévisée « Humans ». Ces machines conçues et construites pour nous aider, nous assister, nous tenir compagnie, veiller sur nous voient le sujet de leurs attentions dériver dans tous les sens. Ce qui m’a le plus frappé dans ces émissions très bien réalisées est que toutes les situations interactives décrites au fil de l’histoire finiront, j’en suis convaincu, par survenir.

Cependant le scénario ne s’en tient pas seulement à nos propres dérives, ce qui constituerait déjà un vaste et passionnant sujet. Une classe particulière d’androïdes fait aussi des siennes. Leur concepteur aurait réussi à leur inscrire des programmes informatiques leur permettant de générer de la conscience, ou du moins ce qu’on appelle ainsi. Ils se comportent donc comme nous, avec nos qualités et aussi nos défauts. Rendues physiquement très semblables à l’humain, ces machines deviennent indiscernables, tant dans leur apparence, leur gestuelle, leurs réactions que par leur mode de pensée ayant la capacité d’évoluer, de s’améliorer ou de se corrompre.

Et c’est là où toute l’éthique entre en jeu. En fait, qu’avons-nous réellement créé ? Une machine performante ou la vie sous une autre forme ? Et même si on répond que les machines ont pris vie, celles-ci nous sont-elles redevables ? Doivent-elles absolument rester des sortes d’esclaves, des vassaux, au mieux des serviteurs à jamais serviles et totalement fidèles à leurs propriétaires ? Nous appartiennent-elles ou si elles s’appartiennent avec tous les droits inhérents ?

Évidemment, l’humain vivra le complexe de Frankenstein, il craindra ses propres créatures lorsque celles-ci deviendront plus performantes que lui. On verra des manifestations, du lynchage et du sabotage en signe de rébellion à leur présence… à leur existence. Certains défendront leurs droits, considérant qu’ils ne peuvent plus être considérés simplement comme des machines. D’autres s’opposeront farouchement à une reconnaissance de toute émancipation.

Je pense que la clé permettant de trancher ce litige est le libre arbitre. Les androïdes deviendront autre chose que de simples appareils le jour où on les dotera d’une capacité de choisir sans faire intervenir autre chose que leurs programmations de base ainsi que la somme de leurs expériences personnelles postérieures. Le libre arbitre de l’humain fonctionne exactement de cette façon. Nous sommes le résultat d’une transmission génétique, d’une éducation et d’une série d’expériences et nos décisions, bonnes ou mauvaises, conscientes ou inconscientes, reposent sur le principe que nous possédons de ce fait tout ce dont nous avons mentalement besoin pour procéder à nos propres choix. Ces critères seront prouvés indiscernables entre ceux que nous possédons et ceux que nous aurons inculqués à nos inventions.

Pour cette raison, un jour les androïdes obtiendront ce statut d’espèce à part entière avec tous les droits et obligations qui s’y rattacheront. Peut-être certains d’entre eux se révolteront-ils contre l’humain. Ils formeront alors des colonies, se reproduiront mécaniquement et évolueront en marge de la société tandis que d’autres nous resteront inébranlablement fidèles. Ce sera leur choix plutôt que le nôtre, preuve de leur liberté de pensée.

Mon livre « Scénarios de fins du monde — 1 » contient une nouvelle intitulée « Machina sapiens » dans laquelle je traite de cette interaction humain-créature intelligente et des pensées philosophiques d’une de ces machines plus évoluée que ses congénères.

Le destin de l’humanité passera inexorablement par cette phase critique où nos machines nous dépasseront en tous points. Il ne faut pas être un grand devin pour la percevoir. Toutefois, combien d’entre nous osent réellement la regarder non plus comme une éventualité lointaine, hypothétique, fantastique et cauchemardesque, mais comme une réalité inexorable en train de se construire pierre après pierre et qui surviendra bien plus tôt que nous osons le croire ?

Les Petits-Gris – 4 – Et s’ils existaient ?

Dans l’article 3, j’expose de bonnes raisons de croire qu’ils ne sont que chimère. Toutefois, la récurrence des témoignages à leur sujet oblige à se poser la question à savoir s’ils existent vraiment. Il est tout d’abord intéressant de s’attarder sur leurs aspects physiologiques tels que décrits par une multitude de témoins dignes de foi, tels des militaires et des policiers, pour essayer d’en tirer des éléments d’information pertinents.

Il est possible de comparer leur physique au nôtre, car nous sommes tous deux des humanoïdes bipèdes. Tout d’abord, je dois avouer que leurs membres graciles ainsi que leur petitesse d’enfant me posent problème. S’ils proviennent d’une autre planète, celle-ci possède évidemment une force de gravité quelconque. Leur physique peut donc nous renseigner sur la grandeur de cette force. Si celle-ci est plus forte, elle aurait tendance à créer de petits êtres, justement comme les Petits-Gris, mais ils devraient être trapus afin de mieux supporter un poids supérieur. Leurs jambes seraient donc bien plus solides que ces piètres allumettes dont ils semblent disposer. Une forte gravité crée des corps petits et massifs. Les Petits-Gris seraient plutôt des Petits-Gros. La gracilité de leurs membres inférieurs semble donc contredire cette hypothèse. Ils proviendraient donc d’une planète possédant une gravité moins importante que celle de la Terre. Ce faisant, leurs membres inférieurs supportant moins de poids, l’ossature et la musculature peuvent acquérir une délicatesse conforme à celle décrite chez les Petits-Gris. Toutefois, cette moindre gravité laisse place à une deuxième conséquence non négligeable, les corps ont alors tendance à s’étirer en hauteur. Les Petits-Gris devraient être alors des Grands-Gris.

Si leurs périples dans l’espace s’effectuent en microgravité et s’ils durent longtemps, alors leurs membres inférieurs s’atrophieraient, un peu comme dans la description qui en est faite, mais leur corps entier deviendrait sphérique. Cet aspect n’est pas conforme à l’image véhiculée des Petits-Gris.

Cette analyse préliminaire soulève certains paradoxes. Évidemment, il me manque des points de comparaison puisque je connais assez peu de peuples extraterrestres bipèdes ! Cela va de soi, la faible quantité de mon échantillonnage fragilise mes conclusions. Toutefois, la gravitation est une force universelle qui dépend directement de la masse de la planète et à plus forte masse, les corps doivent soutenir plus de poids, ce qui oblige à posséder des muscles plus puissants. On n’y échappe pas, à moins d’être immergé dans un liquide en permanence.

On peut également argumenter en prenant l’histoire du corps l’humain à travers les âges comme point de comparaison. Il n’a pas toujours été aussi grand qu’aujourd’hui et pourtant, la gravité de la Terre n’a pas changé. Ainsi, pour une même force gravitationnelle, les corps peuvent devenir plus ou moins grands. Cependant, il était surtout question des régimes alimentaires pauvres en protéines et beaucoup moins équilibrés. Certaines études tendent à confirmer que la taille moyenne de l’humain semble avoir plafonné et qu’elle serait même en train de diminuer. Nous aurions ainsi atteint l’optimisation de nos dimensions par rapport à la force gravitationnelle terrestre. Je doute qu’on puisse blâmer les Petits-Gris de mal se nourrir. S’ils sont capables de voyager parmi les étoiles, ils sont certainement en mesure de s’alimenter convenablement pour subvenir aux besoins de leur constitution.

Un autre élément de leur physionomie soulève passablement de questions, c’est la grosseur de leur tête par rapport à celle de leur bassin. Cette disproportion par rapport à nos normes suggère qu’ils ne naissent pas de manière naturelle. Le même problème survient chez l’humain où la tête des bébés parvient difficilement à traverser le col de l’utérus et le vagin. La plupart des femmes doivent supporter d’énormes souffrances et les césariennes sont nombreuses. L’importante immaturité des bébés humains à la naissance est principalement due aux dimensions étroites des bassins de nos femmes bipèdes.

Si l’on se fie à la description classique faite des Petits-Gris, le problème de l’enfantement naturel serait encore pire que chez l’humain, voire même totalement impossible. Par conséquent, il existe trois possibilités. Soit ils naissent par césarienne précoce, soit ils se développent entièrement in vitro, soit ce ne sont pas des entités biologiques, mais plutôt des androïdes.

La solution androïde est plutôt attrayante. Elle permet de donner la forme désirée sans se soucier de toutes les contraintes biologiques. Ils peuvent même être sculptés sur mesure pour chaque type de peuple planétaire rencontré. Le remplacement en cas de perte ou de bris ne se comptabilise pas en « pertes de vies » et le contrôle sur ces entités est quasi absolu. Toutefois, si des humains ont déjà récupéré des carcasses de Petits-Gris, ils savent maintenant que ce sont des machines et une rétro-ingénierie est alors possible.

C’est pourquoi je pencherais pour une autre solution permettant des avantages supplémentaires, le clonage. Si les Petits-Gris sont des entités vivantes, des reproductions infinies d’extraterrestres semblables peuvent être déployées sans que la perte de quelques entités devienne catastrophique. La rétro-ingénierie est impossible, du moins les humains ne savent pas tirer des informations techniques d’une carcasse, et ils bénéficient de certains avantages qu’offre la biologie comme la télépathie, le contrôle de la pensée ainsi que le contrôle d’appareils par la pensée.

L’humain rechigne à envoyer des individus exécuter des missions risquées dans l’espace pour un tas de bonnes raisons. Pourquoi les extraterrestres, eux qui sont apparemment plus évolués, enverraient-ils des leurs, des scientifiques de surcroit, se frotter à des barbares sanguinaires imprévisibles qui possèdent la bombe nucléaire ? Ce serait de la pure folie ! C’est justement là où les clones prennent tous leurs utilité. Et eux aussi peuvent être physiquement modelés aux besoins des missions et des peuples rencontrés.

Une chose est certaine, ce serait idiot d’envoyer sur un terrain miné des individus ayant de l’importance ou de la valeur. Les Petits-Gris sont nécessairement des unités biologiques ou mécaniques à valeur marginale. À ce sujet et pour le prouver, j’ai justement réussi à capter et à partiellement décoder un message d’un Petit-Gris, Chef de mission sur Terre. Voyons ce qu’il avait à raconter.

«Salut mon cher ≈P§a$@¨‡ˆ• (mot incompréhensible). Je passe enfin le prochain week-end chez moi. Comme tu le sais, j’étudie un peuple primitif sur une lointaine planète qu’ils appellent Terre. Pour nous, ça reste évidemment la planète X$≥Y&3T§ÆV~9 (mot incompréhensible). Les Terriens-humains ont le don de tout compliquer ! Cependant, leurs connaissances techniques ont suivi une courbe de progression plutôt exponentielle et aujourd’hui, ils possèdent la bombe A, la bombe H, les lasers haute puissance et plusieurs dispositifs capables de vaporiser n’importe quelle créature biologique ou mécanique en une nanoseconde. Une chose est certaine, je ne leur enverrais plus mes meilleurs scientifiques! No way Jose! De toute façon, nos scientifiques refuseraient catégoriquement d’aller se promener là où règnent des illuminés qu’ils appellent des Trompes, des Joncounes ou de la Poutine, je ne sais plus trop. Moi aussi maintenant je me tiens le plus loin d’eux possible, malgré mon affectation sur le terrain. Pas fou, je reste sur la face cachée de leur belle grosse Lune grise. Quelle belle couleur ! Pas vrai ?

Oh, on a déjà été plus aventureux par le passé. Cela a tourné à la catastrophe sur toute la ligne. On a connu des pannes d’aéronefs et depuis ce jour, les Russes et les États-Uniens s’amusent à faire de la rétro-ingénierie sur nos vaisseaux pour percer les secrets de l’antigravitation après avoir, bien entendu, essayé autant comme autant de soutirer par la torture des informations sensibles à nos scientifiques. Ça suffit! On ne leur envoie maintenant que des androïdes ou des clones, rien de plus. L’oncle du chum de la serveuse au Pub « fesses d’humains à volonté » a perdu sa job à cause de cette gaffe et le neveu de la voisine du réparateur de zygomatographe à la station ƒ∆˚µ√ (mot incompréhensible) est l’une des victimes du crash d’aéronef près de leur village appelé Roswell. On a appris de nos erreurs, depuis une septantaine de leurs années, ce ne sont plus que des androïdes ou des clones qui survolent maintenant leur satanée planète. De toute façon, ils ne savent pas faire la différence, ils sont évidemment un brin arriérés! Ha ! Ha ! Ha ! Un brin ! Quel euphémisme ! C’est certain, les interactions sont maintenant moins directes avec les autochtones, on les surveille de plus loin, mais grâce au pack de la dernière mise à jour des systèmes de communications supraluminiques intercérébral, le décalage temporel est plus qu’acceptable, un femtogloc tout au plus, et là c’est parce que la température du condensat quantique hermitien s’est un peu trop réchauffé, sinon le résultat est encore meilleur. De toute façon, on n’avait plus le choix, fallait faire ce changement. Le Décret 3917 du Grand Escogriffe de la Cour des Neuf Yotl Anonymes du Nzg†th7fdxJ (mot incompréhensible) va bientôt nous empêcher totalement d’envoyer autre chose que des androïdes ou des clones. Tant mieux! On s’adapte! Pas le choix! C’est ça qui est ça! Advienne que pourra! Et cætera! Oui, cette dernière, je l’ai emprunté aux humains. Ils sont complètement fous, mais des fois, on penserait presque qu’ils réfléchissent. Ouais, je sais bien, c’est juste une divagation, surtout que le Décret 2685 du Grand Escogriffe de la Cour des Neuf Yotl Anonymes du Nzg†th7fdxJ (mot incompréhensible, mais le même que précédemment) nous interdit formellement de croire que les humains peuvent penser intelligemment. C’est juste de l’instinct, tout le monde est d’accord avec ça. Verrais-tu autrement? On deviendrait tous végétariens si on croyait le contraire! Pouah! Du tofu! Personne ne serait assez idiot pour avaler ça!

Bon, il faut que te laisse, ma grise veut s’acheter de nouveaux vêtements et elle insiste pour que je sois présent à l’essayage. C’est une excuse pour m’empêcher d’aller voir les danseuses exotiques avec mes chums. Tu sais, le club qui présente des terriennes ! Elles sont laides comme les huit péchés d’yzoutj, mais dégourdies comme ça s’peut pas ! Je n’aurais pas assez de mes huit doigts pour dégrafer leurs trucs qu’ils appellent des boutons ou des agrafes, je sais plus trop. On se croirait vraiment revenu à l’âge de l’automobile ! Et au cas où ça te tenterait de venir à ma bullosphère avec ta grise ce week-end, question de voir la mienne parader avec ses nouvelles combinaisons spatiales grises de toutes les teintes, vous êtes toujours les bienvenus. En plus, je suis en congé. Pas d’humains à abducter avant trois décaglocs. Alors, à la prochaine !»

Et moi aussi je vous dit : À la prochaine ! où il sera question d’un autre aspect plutôt intéressant du physique des Petits-Gris.

Photo: theportalist.com