L’âge des civilisations extraterrestres

Vous pourriez croire que ce n’est que spéculations et pourtant, nous pouvons utiliser les mathématiques pour répondre à cette question potentiellement critique pour notre survie à long terme.

Tout d’abord, un élément essentiel consiste à connaitre l’âge de la Terre par rapport à celui de la Voie lactée. De fait, si la Terre a presque l’âge de son hôte, il est très peu probable que d’autres civilisations soient plus âgées que nous. En revanche, si la Terre était née très tardivement, nous risquerions d’être les benjamins entourés d’ainés.

4,5 milliards d’années pour la Terre et 13,5 milliards d’années pour la Voie lactée, notre planète a tout juste le tiers de l’âge de sa Galaxie. Cette fraction s’avèrera essentielle pour la suite du calcul.

Nous avons constaté que le nombre de civilisations sur Terre par rapport à leur espérance de vie, qu’elles furent grecque, sumérienne, romaine, égyptienne, soviétique, maya, aztèque, etc., suivait une courbe décroissante exponentielle. Très peu ont survécu longtemps et un grand nombre ont rapidement disparu. Voici à quoi ressemble cette fameuse courbe montrant l’âge en fonction du nombre de civilisations. L’âge maximal de 100% correspond à l’âge de la Galaxie. Ainsi, la plus vieille civilisation possible n’existerait plus (ou n’aurait jamais existé).

Si l’on place un point au tiers de sa hauteur, (33 %) celui-ci projeté sur l’axe horizontal le coupe à environ 12. En considérant la valeur 50 comme étant le point significatif le plus élevé et en ramenant cette valeur à 100 %, 12 vaut donc 24 %. En première approximation, considérons donc qu’à cause de l’âge de la Terre par rapport à celui de sa Galaxie,  un quart des civilisations sont plus vieilles que nous tandis que les trois quarts sont plus jeunes.

Ainsi, nous n’aurions probablement rien à craindre des civilisations plus jeunes qui seraient technologiquement moins avancées que nous. Reste la civilisation plus âgée, certainement capable de nous anéantir assez facilement. En revanche, son âge lui a-t-il conféré plus de sagesse ?

Cet exercice mathématique répond, du moins partiellement, au paradoxe de Fermi. La plupart des vieilles civilisations ont eu le temps de s’éteindre, probablement à cause du principe du grand filtre évoqué dans l’article précédent. Et puisqu’elles se raréfient de plus en plus, il en resterait très peu dans notre environnement galactique immédiat pour nous porter atteinte ou seulement nous signaler leur existence.

Le Grand filtre

J’ai abordé à quelques reprises le sujet du paradoxe de Fermi. Ce physicien se demandait où étaient tous les extraterrestres si des multitudes de mondes existaient dans l’Univers. Puisque celui-ci est vieux de 13,77 milliards d’années et que la Terre n’en a que 4,5 milliards, des hordes d’étrangers techniquement plus avancés que nous auraient déjà dû débarquer sur notre planète. Or, on n’en voit pas, du moins pas de manière évidente et officielle.

Des centaines de raisons ont déjà été invoquées pour expliquer leur absence, ou du moins leur invisibilité. Parmi celles-ci, l’une d’elles a particulièrement attiré mon attention. Il s’agit du Grand filtre.

Si cette théorie est juste, eh bien ! on est mal barrés. Elle expliquerait l’absence d’E.T. par le fait que toute civilisation technologiquement avancée finit inexorablement par se détruire à l’aide de ses propres inventions ou des conséquences de sa croissance et de son développement.

Le filtre agirait tôt ou tard et, dans la majorité des cas, il surviendrait avant d’acquérir les moyens de peupler d’autres lieux dans la Galaxie. L’humanité a frôlé l’extinction lors de la guerre froide à cause de l’arme atomique et cette menace n’est pas encore entièrement révolue. Il pourrait également s’agir d’une catastrophe naturelle. Ça pourrait être une arme biologique ou tout simplement d’un virus naturel virulent issu de la dégradation de l’environnement, de la surpopulation et des modes de vie irrespectueux de la Nature. Ça ne vous sonne pas quelques cloches ?

Si toutes les populations extraterrestres disparaissent avant de coloniser à grande échelle d’autres systèmes planétaires, leur existence restera à jamais une simple hypothèse. Le Grand filtre agirait rapidement après l’élévation d’une civilisation au rang de peuple technologique puisqu’il regrouperait des centaines de causes létales plausibles, toutes capables de l’anéantir. Tant de dangers et si peu de sagesse acquise pour tous les affronter feraient en sorte de réduire à néant les chances qu’une civilisation puisse évoluer vers une espèce capable de visiter et coloniser la Galaxie.

Puisque les lois de la physique et de la chimie sont semblables, peu importe le lieu où les espèces vivantes évoluent, on peut parier que les civilisations extraterrestres font face aux mêmes contraintes que nous-mêmes et qu’elles progressent de manière à peu près équivalente. L’inverse est également vrai. Si, inexorablement, les peuples des étoiles se détruisent, probablement le même fâcheux destin nous attend.

Alors, priez pour observer une panoplie de peuples extraterrestres débarquer sur Terre dans les plus brefs délais, la théorie du Grand filtre sera ainsi mise à mal, nous permettant peut-être d’espérer avoir un avenir autre que celui de sombrer dans l’oubli ou l’ignorance universelle d’avoir un jour vécu, évolué, inventé et d’être passé à un cheveu de visiter les étoiles.

Classifications du niveau d’évolution des civilisations

Plusieurs personnes ont défini des niveaux de civilisation permettant de cataloguer leur degré d’évolution. Même moi, je m’y suis mis avec mon échelle Keaq inventée pour les besoins d’une nouvelle que j’ai écrite en 2015.

La plus idiote de ces classifications et malheureusement l’une des plus connues, non ce n’est pas la Keaq, vilain lecteur, c’est la Kardachev, du nom de son inventeur, sûrement un imbuvable camarade soviétique rouge sur la vodka qui en fit la publication lors d’une conférence en 1964, donc avant la crise du pétrole de 1973.

Elle possède seulement trois échelons.

I. La civilisation capte et consomme 100 % de l’énergie de sa planète
II. La civilisation capte et consomme 100 % de l’énergie de son étoile
III. La civilisation capte et consomme 100 % de l’énergie de sa galaxie

 

alien-sphere-dyson_5498763

Construction d’une sphère de Dyson qu’utiliserait une civilisation de niveau II pour capturer l’énergie entière d’une étoile

 

Considérant l’échelle Kardachev, vous les terriens — moi je suis un extraterrestre et je me dissocie totalement de vous tous — vous n’êtes rien, niveau néant, moins mille, dans la fosse des Mariannes, au sommet des tours jumelles du World Trade Center, au même niveau qu’une bique, qu’une lamproie, qu’une éponge, qu’une amibe. Les 4 dernières comparaisons ne sont pas une insulte de ma part, mais une réalité selon la classification Kardachev.

Ouais, comme vous pouvez le voir, l’échelle Kardachev est un peu réductrice pour les populations qui croient valoir quand même un petit quelque chose au-dessus du zéro, comme les humains, genre.

Ma principale critique concernant cette classification est qu’elle possède beaucoup trop peu d’échelons dans son ensemble, ce qui engendre des défauts majeurs.

1. L’absence d’échelons sous le premier niveau
2. Les fossés abyssaux séparant deux échelons
3. La forte improbabilité de l’existence de l’échelon III dans l’Univers
4. Rien ne peut capter la totalité d’une énergie disponible
5. Une civilisation vraiment très avancée dépense peut-être beaucoup moins d’énergie que des civilisations incapables de bien la maitriser et qui la gaspillent, donc sous-évoluées.

Dans le passé, Carl Sagan avait déjà émis des commentaires défavorables à son égard. Plus récemment, le vulgarisateur scientifique Michio Kaku parlait de remplacer l’énergie dépensée par une échelle basée sur l’économie du savoir. Mais là, on ne parle plus du tout de l’échelle de Kardachev. Aussi bien prendre la classification Keaq, tant qu’à faire ! Mais là, j’empiète sur un autre article.