Catena et cousinage

Cousins
Les Québécois et les Français se considèrent souvent comme étant des cousins. Provenant majoritairement de la Bretagne, plusieurs individus ont bravé une longue et éprouvante traversée pour prendre pied et pays en Nouvelle-France.

Plusieurs siècles plus tard, nous continuons de partager une langue commune, plusieurs artistes et autres personnalités. Aujourd’hui et depuis très longtemps, les descendants de ces premiers colons ne forment pas, ni n’appartiennent à la diaspora française. Les Québécois de « souche » forment un peuple individuel et bien que leurs racines furent autrefois plantées en France, les boutures nord-américaines ont créé leur propre espèce, leur propre nation.

Catena
Le mot « catena » provient du latin. Il signifie « chaine ». Son pluriel est « catenae ». Ne jouez pas ce mot au scrabble, il n’apparait pas dans les dicos standards. Cependant, l’Union astronomique internationale (UAI) l’utilise officiellement pour désigner une chaine de cratères d’impact (astroblèmes) ou de dépressions causées par un même phénomène.

On se souvient de la catena causée sur Jupiter après la dislocation de la comète Shoemaker-Levy 9 en 1994. Sur Terre, la plupart des astroblèmes ont disparu. Moins de 200 sont recensés. Dans ces conditions de déficit, les catenae reconnues sont encore bien plus rares.

Œil du Québec
Ainsi surnommé, l’immense astroblème de Manicouagan a été daté de 214 (± 1) millions d’années. Il est répertorié au cinquième rang de tous les astroblèmes terrestres avec ses 100 km de diamètre. Il a été formé par la chute d’une énorme météorite d’environ 4 à 5 km de diamètre et on la soupçonne même d’avoir été l’une des causes potentielles de l’extinction Trias-Jurassique.

Paléogéographie
C’est la discipline scientifique consistant à reconstituer la position des continents sur le globe au fil des ères géologiques. Sachant maintenant que toutes les terres se déplacent les unes par rapport aux autres, il est possible de reconstituer ces puzzles du passé grâce à plusieurs évidences dont le paléomagnétisme imprégné dans les roches constituant les sols d’origine.

La paléolatitude de l’astroblème de Manicouagan à l’époque de l’impact a été évaluée à 22°8′ dans l’hémisphère nord.

Rochechouart
Cette commune française située en Nouvelle-Aquitaine possède également un gros astroblème de 20 km de diamètre nommé Rochechouart-Chassenon. Il a été causé par la chute d’une météorite d’environ 1 km de diamètre. La collision remonte à peu près à la même époque que celle de Manicouagan. De plus, les deux paléolatitudes coïncideraient.

Est-ce une catena ?
Alors, ces deux cratères d’impact forment-ils une catena ? On l’a longtemps cru puisque les différentes datations en tenant compte des marges d’erreur pouvaient le laisser supposer. Cependant, les datations modernes disent peut-être le contraire. La plupart des méthodes utilisées donnent au cratère de Rochechouart-Chassenon un âge plus jeune que Manicouagan, soit de 180 à 206 millions d’années dans le meilleur des cas. On reste tout de même assez éloigné du 213 ou 215 millions d’années de l’œil du Québec.

Faux cousins
Comme les peuples français et québécois, ces deux astroblèmes géants ne sont peut-être que de faux cousins. Il faudrait peut-être encore affiner les datations afin de s’en assurer. Quoi qu’il en soit, que ces deux astroblèmes aient une origine cosmique commune ou non, nous partageons cependant une réalité similaire. Quelque part sur notre territoire, à peu près à la même époque, le ciel nous est tombé sur la tête. Pas étonnant d’être les uns comme les autres de vrais descendants des Gaulois.

Avantages et inconvénients du classement

Depuis quelques jours, je m’attaque avec un certain déplaisir au classement de mes articles de blogue. Pour écrire de nouveaux articles originaux, j’ai besoin de me référer rapidement aux textes précédemment publiés afin d’éviter d’ennuyeuses redondances. J’associe alors à chacun son hyperlien pour ne pas devoir le rechercher parmi la panoplie.

J’ai donc créé une dizaine de catégories et une bonne trentaine de sous-catégories afin de mieux m’y retrouver. Toutefois, le travail de classement nécessite beaucoup de temps et de zénitude puisque mes titres ne me dévoilent pas souvent la nature exacte du contenu. Je dois donc relire la plupart des articles afin de bien les cerner, ma mémoire n’étant pas conçue pour retenir l’information comprise entre le titre et la chute de chacun.

Autre problème, la grande majorité des articles peuvent très bien correspondre à plusieurs catégories ou sous-catégories. Alors comment découper l’intrication ? Je pourrais multiplier les entrées autant de fois qu’elles correspondent à l’une ou l’autre des matières, mais je préfère m’en tenir à un système de classement simple.

Je dois donc choisir la variété dominante, celle qui soutient toutes les autres, en bref la catégorie-excuse. Durant la relecture de beaucoup d’articles, une technique d’écriture utilisée m’a sauté au visage. J’en étais conscient, mais peut-être pas totalement. J’aborde et j’explique un sujet pour ensuite l’associer à autre chose, parfois à un autre sujet, souvent à un comportement humain relatif.

Et ce lien imprévu devient souvent plus important que l’excuse originelle. Expliquer un concept complexe par un autre concept plus accessible ou plus populaire consiste en une technique pédagogique bien connue. Le cerveau humain aime les comparaisons de ressemblance ou d’opposition. La bipolarité restera toujours attractive, car simple à appréhender et à retenir.

Effectuer du classement par catégorie-excuse s’est rapidement avéré insatisfaisant. J’ai donc opté pour une hybridité. Parfois le classement s’effectue en utilisant le sujet évident de l’article et parfois je ne peux faire autrement que de sélectionner le sujet apparemment secondaire du texte. La difficulté s’accroit lorsque ces sujets secondaires pullulent au sein d’un même article. Aucun classement n’est optimal, car cela revient à coller une unique étiquette au sommet de chaque article bien souvent conçu d’un empilement de couches disparates.

Pour nous simplifier l’existence, nous catégorisons nos relations, nos connaissances et les acteurs publics. Nous les séparons et les plaçons dans des cases distinctes sans égards à leur complexité. Nous les agglutinons autour de l’un des deux pôles d’influence. Nous réduisons leur nature à une simple expression.

Et malgré les énormes défauts occasionnés par cette injuste technique de simplification, nous nous en tenons à elle pour des raisons énergétiques. Personne ne possède un bassin d’énergie incommensurable. Et justement, l’étiquetage minimaliste des gens permet d’économiser un tas d’efforts, de temps et d’énergies.

L’injustice est une action émergente impossible à refréner. Elle est générée naturellement à partir des simplifications et ellipses conscientes ou inconscientes de nos analyses. On peut cependant atténuer les pires effets de ces injustices en taisant les libellés de nos étiquettes et surtout les noms de leurs récipiendaires.

Vous reconnaitrez ici l’inverse de cette décence dans le comportement indigne des trolls. Croyant en leur intelligence supérieure parce qu’ils ont enfoncé une étiquette quelconque dans le front d’une personnalité, ils s’empressent de partager leur élémentaire conclusion en vociférant des crachats d’imbécillités. Pourtant, les seules preuves qu’ils apportent sont celles de leur simplicité d’esprit, de leur ignorance crasse en matière de complexité de la nature humaine et, bien entendu, de leur manque total de savoir-vivre.

Ça y est ! Voilà encore un article inclassable puisqu’il contient deux parties très différentes, retenues entre elles par un subtil lien particulier de cause à effet. Mais maintenant que vous y êtes habitué, je souffrirai seul d’avoir mélangé deux catégories puisqu’évidemment je me pose la question fatidique : « Dans quelle foutue colonne vais-je maintenant classer cet article ? »

N comme dans Noir

Je poursuis ma série d’articles dédiés à un mot commençant par une lettre précise. Aujourd’hui, je m’attaque au « N » et à son mot associé, le « noir ».

La lettre « N » est la quatorzième lettre et la onzième consonne de l’alphabet. Elle est une consonne nasale alvéolaire voisée et son signe dans l’alphabet phonétique international (API) est [n]. Il est simple à prononcer ce qui le fait apparaitre dans de nombreuses langues.

Dans le système international (SI), le N est utilisé pour l’unité du newton, une mesure de force. Quant à sa lettre minuscule n, elle apparait comme le facteur multiplicatif « nano » valant un milliardième (10-9) de l’unité. Ainsi, nN signifie nano newton.

Le tableau périodique des éléments utilise la lettre N pour désigner l’azote, nitrogen en anglais. Sept autres éléments chimiques ont des symboles commençant par N dont les plus connus sont le néon (Ne) et le nickel (Ni).

On utilise le n ou le N comme abréviation dans plusieurs domaines. N désigne le nord, les nombres naturels (ℕ) ainsi que la quantité de neutrons. Les deux isotopes de l’uranium, 235U et 238U ont bien sûr le même nombre de protons, celui de son numéro atomique valant 92. Cependant, ces deux isotopes ont un nombre de neutrons N = A – Z, soit le nombre total de nucléides (A) moins le nombre de protons (Z). Donc, N = 143 neutrons et N = 146 neutrons pour les deux isotopes les plus connus de l’uranium.

Quant à la lettre minuscule n, en mathématique elle sert généralement à désigner un nombre quelconque comme dans n + 1, 3n, √n, etc.

Dans mon dictionnaire, je recense 1 951 entrées commençant par cette lettre et parmi celles-ci, une seule aura l’honneur d’être traitée dans cet article, le mot « noir », dont sa prononciation est [nwaʀ].

Petit mot de quatre lettres, le noir est souvent considéré comme étant une couleur alors qu’il est exactement son inverse, une absence totale de couleur. La confusion provient souvent des encres noires utilisées en peinture et en imprimerie. Afin d’alléger cet article, je ferai un abus de langage en utilisant sciemment le terme « couleur » avec « noir » puisque de toute manière, il n’existe pas de noir parfait, à une seule exception près.

Un noir dit parfait ne réfléchit ni n’émet aucune lumière visible et le seul objet ayant cette unique propriété dans la nature est un trou noir. Mis à part cet objet céleste exotique, il existe sur le marché une peinture capable d’absorber 99,4 % de la lumière visible. Son nom commercial est « Musou Black ». Pour un objet conçu par l’humain, en l’occurrence par les Japonais, il fracasse tous les records d’albédo avec une valeur de 0,006. Attendez-vous cependant à débourser un montant non négligeable, mais tout de même accessible, pour un flacon de seulement 100 ml de cette peinture particulière. Je partage un lien YouTube qui vous fera voir son énorme pouvoir absorbant.

Dans la nature terrestre, le noir est la couleur de la nuit mais aujourd’hui, peu importe l’endroit où nous nous tenons, il existe bien peu de chance que nos yeux ne voient absolument rien. La Lune, les étoiles ou la pollution lumineuse quasi généralisée parviennent presque toujours à éclairer un pan de notre environnement. Les bâtonnets de nos yeux s’habituent graduellement à la noirceur nocturne et même si les formes révélées restent floues, leur mouvement devient aisément visible. Heureusement, car nos ancêtres utilisaient très souvent cette sensibilité pour survivre aux attaques des prédateurs possédant, eux, une excellente vision nocturne.

Les corbeaux sont les oiseaux emblématiques de la couleur noire même si l’irisation de leurs plumes les fait souvent apparaitre bien plus colorés. J’ai écrit un article traitant d’une légende amérindienne à ce sujet. Malheureusement, ces oiseaux sont également devenus un symbole de mauvais présages, de fourberie et de multiples dangers. Pensons également aux chats noirs pour les superstitieux. Pourtant, les êtres qui devraient se méfier le plus des chats noirs sont les corbeaux, pas les humains.

En astrophysique, on utilise le mot « noir » pour qualifier une forme d’énergie et de matière bien spéciales. La matière noire et l’énergie noire représentent ensemble environ 95 % de tout le contenu de l’univers. Le qualificatif « noire » signifie ici notre absence totale de connaissance sur la nature de ces deux constituants et non pas leur manque de couleur. C’est-à-dire qu’avec tout notre attirail scientifique et tous nos cerveaux actuellement à disposition, nous connaissons moins de 5 % de tout ce que notre univers nous offre ! C’est bien le cas, en astrophysique, nous pataugeons dans le noir total.

En physique, on nomme « corps noir » un objet absorbant toutes les ondes électromagnétiques. Il les accumule sous forme calorifique et il restitue cette énergie en émettant un rayonnement dit de corps noir. Chauffez un morceau de fer et il émettra ensuite une lumière de couleurs caractéristiques. Noir, rouge sang, rouge cerise, orange, jaune et ensuite blanc, au fur et à mesure que la température du four s’élève, la couleur émise blanchit.

Cependant, les bleus et les verts restent des couleurs inconnues du fer chauffé. Au début du XXe siècle, ces absences étaient totalement incomprises. Et selon la théorie physique en vigueur à ce moment-là, un corps émettant en lumière ultraviolette verrait son énergie de radiation atteindre une valeur infinie ! Heureusement, grâce à Max Planck et ensuite à Albert Einstein, ce mystère fut définitivement résolu en 1905. Ce phénomène radiatif compris signa la naissance de la physique quantique, soit la lumière à énergie quantifiée (discrète) plutôt que continue. On parle des quantas de lumière ou autrement dit de façon plus moderne, des photons.

Dans le monde du symbolisme, le noir est la contre-couleur du blanc. C’est aussi vrai aux échecs, en chevalerie et ailleurs. Le chevalier blanc est preux, chaleureux et vertueux. Le chevalier noir est agressif, froid et fourbe. Étrange que le noir soit froid alors qu’un objet noir devient bien plus chaud qu’un blanc s’ils sont exposés à la même source énergétique.

Le néant primordial est symboliquement noir, de même qu’on considère le noir comme étant négatif ou passif. Aujourd’hui, l’endeuillé porte le noir, mais c’en fut autrement il n’y a pas si longtemps. Et même si le noir signifie la mort, il symbolise également la couleur d’un terreau fertile, donc la vie à naitre.

Dans la nature, le noir est abondant puisque le charbon est noir. Le diamant, lui, est transparent. Pourtant, ces deux objets sont composés du seul même élément chimique, le carbone (C). On peut considérer celui-ci comme ayant (au moins) deux pans totalement opposés. Le carbone vulgaire se transforme en matériau noble sous certaines conditions extrêmes de température et de pression, mais le diamant soumis à une température élevée (≈1 000 °C) devient du simple dioxyde de carbone (CO2) ou autrement dit, du carbone oxydé par l’air ambiant durant le chauffage. On fabrique donc un gaz à effet de serre en brûlant du diamant ! Mais soyez sans crainte, mis à part dans les entrailles de la terre, je doute qu’il existe de telles sources, n’est-ce pas ?

Mis à part les expressions et cooccurrences avec « noir » que j’ai précédemment employées, il en existe une panoplie d’autres qui utilisent le symbolisme de négativité ou de mystère et dans une moindre mesure, la couleur. Parfois, ces caractéristiques s’entremêlent au sein de la même expression.

Expressions :
Visa le noir, tua le blanc ; broyer du noir ; avoir un fun noir ; manger son pain noir ; demeurer dans le noir.

Cooccurrences : 
Roman noir ; liste noire ; boite noire ; caisse noire ; marché noir ; or noir ; marée noire ; messe noire  ; travail au noir ; noir de monde ; misère noire ; humour noir ; mouton noir ; regard noir ; bête noire ; fureur noire ; noirs desseins ; chanson noire ; etc.

Avec toutes ces expressions utilisées quotidiennement, pas étonnant que le noir soit devenu le champion toutes catégories de la mort, du mal, du mauvais, de la misère, de l’occulte, du secret, du mystérieux et de l’insondable.

Et que dire de l’archétype moderne du noir, le corbeau (LeCorbot !) ? Peut-il prendre toutes ces formes négatives de caractères ? Trempe-t-il naturellement dans des combines aussi sulfureuses qu’intrigantes ? Se délecte-t-il des misères et des laideurs humaines ?

Si vous lisez beaucoup des 678 articles que j’ai composés et édités ici même, vous obtiendrez sûrement quelques réponses à ces questions. J’ai reconnu, admis, accepté et partagé avec vous des éléments sombres de moi-même. Vous pourrez évaluer ce Corbot public en tout point semblable à une partie du vrai Corbot. Pour l’autre restée jusqu’ici tapie dans le noir, lisez bien tous les caractères noirs de mes prochains articles, peut-être y découvrirez-vous d’autres fragments de ma personne enfouis au sein de quelques noirceurs littéraires ou placés parfaitement en évidence à la lumière éclatante d’un traité limpide.

Car le noir ne peut pas exister sans s’opposer au blanc. Comme je le mentionnais dans un article précédent, placez un amas multicolore de feuilles dans une pièce entièrement dépourvue de lumière et, faute de celle-ci, elles apparaitront toutes noires. Seule une lumière parfaitement blanche permet de les distinguer correctement et seule son absence totale les rend toutes identiques.

Nous sommes l’une de ces feuilles colorées. Parfois, il est bien d’être distingués et parfois il vaut mieux se fondre dans la masse. Se plonger dans le noir total ne s’avère pas pire et ne vaut pas moins qu’être éblouis par un éclat lumineux, car les deux savent nous rendre aveugles.

Où est le rock passé ?

Selon Neil Young, « Rock ‘n’ Roll will never die ».

Pourtant, force est de constater que le bon vieux rock semble bien peu vivant. Oui, certaines radios nous abreuvent des classiques de ce genre musical, mais où sont les nouveaux rockeurs et rockeuses iconiques, les nouveaux tubes planétaires en la matière ?

Si Neil Young prédit que le rock est éternel, ce qui est possible, toutefois il ne chante pas s’il vivra moribond. Le rock est-il comparable aux vieilles galaxies en manque de gaz pour former de nouvelles étoiles (les nouvelles stars) ?

Je suis peut-être déconnecté, alors renseignez-moi, car de mon côté je peine à trouver un rock actuel consensuel et surtout universel. Le rap et le pop semblent avoir grugé les deux extrémités du rock et je m’en désole pour deux raisons fondamentales, deux pertes sèches. Concernant les styles musicaux, vous excuserez mes propos peu nuancés, car cet article n’a pas pour but de recenser les exceptions.

La musique pop cherche à ressembler à un modèle récent en vogue, au point où il devient très difficile de reconnaitre une chanteuse d’une autre, un musicien d’un autre ou une compositrice d’une autre. On surfe sur la célébrité d’un artiste en le copiant éhontément en de multiples exemplaires quasi indiscernables. Au contraire, le rock cherche à tout prix à se distinguer, car il est irrévérencieux de nature. Grâce à quelques notes, on sait immédiatement quel musicien rock joue ou quelle chanteuse s’égosille. Copier, imiter, reproduire, calquer, peu importe le terme utilisé, la musique pop souffre d’un terrible nivellement. Attention, je ne nie pas toute originalité dans la pop actuelle, mais je la compare à des grappes de raisins où un indéniable succès original génère un agglutinat de produits beaucoup trop semblables. Bien sûr, la pop possède plusieurs grappes distinctes, mais elle vénère et encourage trop la réplication qui dilue fortement son originalité dans un essaim de sosies.

Mon deuxième point déplorable concerne la saleté et la rugosité inhérentes au rock. Le rap en a rajouté beaucoup trop de couches et la pop les a globalement expulsées. D’un côté, on a l’apologie du crime, des compositions issues de repaires de bandes criminalisées, et de l’autre on se retrouve avec du lissage émotionnel, des chansons écrites dans des cabinets de psychologues.

Oui, on peut me qualifier de vieux jeu ou utiliser tout autre terme comparable et je ne nie pas une part d’exactitude. Cependant, cet article cherche principalement à savoir si le rock vit encore ou non. Mes coups de gueule relatifs aux autres styles musicaux restent secondaires. J’en parle uniquement pour comparer les raisons de la popularité actuelle des styles, pas pour les dénigrer. Mes goûts personnels ne changent en rien la réalité musicale présente.

On le sait, le rock a déjà survécu au disco, il a ensuite continué à frayer son chemin à travers la pop. Mais aujourd’hui, le rock ne ressemble plus beaucoup aux jeunes trop bien ou trop mal élevés. Voilà pourquoi, à mon avis, la musique rock a perdu de sa superbe, du moins aux yeux du jeune public actuel.

Le rock est en train de rejoindre la musique classique au rang des belles musiques, mais démodées, vieillottes, surannées. L’une comme l’autre intéressera toujours un certain public de connaisseurs et de curieux, toutefois les beaux jours du rock semblent irrémédiablement derrière lui.

Heureusement, ma bibliothèque de musique rock est bien garnie et j’aurai longtemps le plaisir d’écouter sa grande fantaisie et sa diatribe sociétale acérée. Et tant que d’autres feront de même, alors c’est exact, « Rock ‘n’ Roll will never die ».

Comment nous avons perdu le combat pour le climat

Les climatosceptiques ont convaincu une bonne partie de la population et surtout les politiciens de ne rien entreprendre en matière de protection de l’environnement en usant de démagogie et d’arguments fallacieux. 

Leur technique repose sur l’expérience acquise avec le tabac qui a permis aux entreprises cigarettières de retarder la reconnaissance de la nuisance des fumées pour la santé durant plusieurs décennies. Premièrement, tout nier en bloc. Ensuite, pleurnicher en plaidant l’économie, les emplois, les libertés individuelles. Ensuite, acheter l’intégrité de certains chercheurs en finançant leurs travaux. Et enfin, dénigrer les études les plus sérieuses en criant à l’impossibilité des prédictions inquiétantes en vociférant des insultes comme « alarmistes, farfelues, abjectes, contreproductives » et j’en passe des meilleures.

Dans l’autre plateau de la balance censé faire contrepoids à cette guérilla démagogique, le GIEC édulcorait son discours, le fleurissait de minauderies, d’ellipses, allégeait les prédictions en choisissant systématiquement parmi la panoplie d’études, celles qui paraissaient les moins graves et ainsi les moins probables à survenir.

Dans une confrontation à l’issue fatale pour l’humain comme celle mettant en jeu le climat de la planète, la justesse et la précision des arguments ne comptent pour rien du tout. Les climatosceptiques n’ont eu aucun remords à mentir effrontément en criant au scandale et à la fraude scientifique alors que c’était eux qui baignaient hardiment dans cette fange nauséabonde. S’il est honorable d’opposer une fleur à un bazooka, la candeur n’a jamais gagné aucune guerre.

Parlez-en aux Ukrainiens. Lorsque vous ne choisissez pas de faire la guerre, lorsqu’elle vous est imposée, soit vous vous écrasez, soit vous vous battez. Et si vous choisissez le combat, soyez certains qu’aucune demi-mesure ni aucune fleur ne vous sauvera. Seul le plus motivé des défenseurs aura une quelconque chance de gagner la bataille.

Craignant par-dessus tout d’être considéré comme étant alarmiste, de peur de ne pas être pris au sérieux, le GIEC nous a fait perdre la guerre que nous lui avions demandé de gagner pour le bien et la survie de l’humanité. Maintenant, cet organisme pantelant ne sert plus qu’à observer les conséquences de nos lâches inactions motivées par l’enfouissement des véritables signaux d’urgence. Aujourd’hui, ils constatent et comparent les résultats à leurs prédictions effectuées au fil des ans. Et devinez quoi ? La réalité les dépasse largement, évidemment, puisqu’elles avaient été systématiquement mitigées.

Un menteur éhonté dira systématiquement que ce sont les autres qui mentent. Alors, si nous traitons les climatosceptiques de menteurs, nous ne nous distinguons plus d’eux. C’est pourquoi dans un conflit, le poids de la vérité est totalement nul. Il faut simplement combattre de toutes nos forces en fourrant dans la machine de guerre toute notre énergie et malheureusement ne pas se soucier des « qu’en dira-t-on ».

Le GIEC a choisi une autre tactique éminemment perdante en brandissant la sincérité et en plus, grandement édentée. Leurs responsables n’ont certainement pas fait West Point, Saint-Cyr ou Saint-Jean, car ils auraient tôt fait d’apprendre que la première victime d’une guerre est et sera toujours la vérité.

C’est pourquoi, en temps de conflit, utiliser la vérité comme arme ultime revient à aligner un mourant tenant une lanterne en étant vêtu de blanc. Il n’a aucune chance de ne pas se transformer en cadavre qui ne servira strictement à rien d’autre qu’à montrer à son opposant son éblouissante incompétence au combat.

La beauté du faucon pèlerin

De tous les oiseaux évoluant à nos latitudes intermédiaires, certains présentent une beauté touchante. J’élimine volontairement le corbeau de cette liste par souci d’équité envers les autres représentants de cette classe d’animaux dite « Aves ».

Bien que le canard branchu, le chardonneret, le cardinal, le geai bleu, l’oriole de Baltimore, le harfang ou la mésange charbonnière soient des plus spectaculaires, que dire du faucon pèlerin ?

Ici où je vis, niche actuellement un oiseau au sommet de la tour de l’Université de Montréal. Bien que les doigts soient habitués à se délier pour traiter de son apparence générale passablement suggestive, en ce moment, le principal sujet de discussions est cette femelle faucon couvant quatre œufs de couleurs brun et beige. Les nuances de couleurs arborées par ce spécimen m’éblouissent.

Je dois avouer que le bleu s’avère être ma couleur favorite. Non, contrairement à ce que vous pourriez penser, ma couleur préférée, moi, LeCorbot, ce n’est pas le noir, car celle-ci n’est pas une couleur, mais une « absence de couleur ». Pour preuve, mettez des cartons de toutes les couleurs dans une pièce privée de lumière et ils apparaitront tous identiques, c’est-à-dire noirs. Le noir est ce qui reste lorsqu’on a retiré toutes les couleurs.

Vous pouvez admirer cet oiseau et ses comportements en direct sur YouTube. https://youtu.be/ex996QexEfQ

Le premier œuf a été expulsé le 16 avril et le quatrième le 23 avril 2023, donnant une moyenne d’environ 54 heures entre les pontes. La boite de bois a spécialement été conçue pour recevoir l’oiseau qui n’en est pas à sa première année à cet endroit. La première éclosion est prévue pour le 23 mai. D’ici là, l’oiseau devra se nourrir occasionnellement. Ses proies sont les autres oiseaux, y compris les corbeaux, qu’il attaque le plus souvent en piqué. On le dit l’oiseau pouvant atteindre la plus grande vitesse au monde, plus de 400 km/h. Ses proies sont assommées sur le coup et il utilise son bec pour briser les vertèbres cervicales de ceux qui ont réussi à vivre à l’impact de la collision.

La femelle est de taille plus importante que le mâle, une cinquantaine de centimètres pour elle et une quarantaine pour lui. L’envergure dépasse parfois le mètre. Quant au poids, il varie de 600 g pour les petits mâles à 1 300 g pour les grosses femelles.

Étrangement, au Québec, on le retrouve uniquement dans deux petites bandes aux extrémités nord et sud de la province. À l’Université de Montréal, on l’observe depuis 2007. En France, selon Wikipédia, « Le faucon pèlerin sédentaire est surtout présent sur les reliefs montagneux des Vosges, Alpes, Pyrénées, Jura et Massif central. Il a aussi progressé sur les falaises littorales de la Bretagne et reconquis celles de la Normandie, de la Picardie et du Pas-de-Calais. »

Le faucon pèlerin n’est pas grégaire puisqu’il requiert un vaste territoire pour se nourrir et subvenir aux besoins de sa progéniture. Chaque couple est facilement distant de quelques kilomètres.

Il a peu de prédateurs sinon quelques oiseaux de proie. Son espérance de vie dans la nature tourne autour de treize ans. S’il leur convient, ils nichent au même endroit d’année en année. Ils n’aiment pas s’installer dans des lieux à découvert et près du sol, c’est pourquoi ils choisissent généralement des falaises avec un surplomb, sous les ponts ou plus rarement comme ici au sommet d’un gratte-ciel. Noter toutefois à l’Université de Montréal l’installation d’un abri artificiel constitué d’une boite de bois ouverte sur le côté, munie d’un fond rocheux pour imiter un sol naturel et choisi aux couleurs de la femelle pour mieux la camoufler.

Grâce à la caméra web installée à proximité, tout le monde peut suivre en direct l’évolution de la couvaison, les éclosions ainsi que les comportements des poussins et de leur mère jusqu’à leur départ. Espérons que tout se passera bien pour cette belle famille, mais la vie animale reste bien plus cruelle que la nôtre. Il ne faudra pas s’étonner de la disparité entre les oisillons et la préférence de la mère à mieux nourrir les plus vigoureux au détriment des autres puisque quatre œufs s’avèrent une nichée passablement importante pour ce type d’oiseau.

Profitez de ces moments uniques pour partager quotidiennement une quinzaine de minutes d’observation et de discussion avec les enfants. Voir la vie animale en action et en direct, la regarder évoluer jour après jour restera à jamais gravée dans leur mémoire. Et si des moments difficiles surviennent pour l’un ou l’autre des individus, ils permettront d’expliquer les aléas de la vie, ses injustices inhérentes et leurs conséquences parfois désastreuses.

Peut-être cette leçon de vie aidera-t-elle à arrondir les angles les plus capricieux.

La surprise des galaxies primordiales

Je fus parmi ceux qui corrigeaient la date de mise en orbite du fameux télescope James Webb dans l’article principal sur Wikipédia. J’ai par la suite abandonné cette lassante activité, car je n’en voyais pas le bout. Avec environ 340 points critiques comparativement à une cinquantaine pour d’autres télescopes spatiaux, chaque point critique étant un élément d’échec complet de la mission advenant un malfonctionnement partiel ou complet, on comprend (un peu mieux) la décennie de retard et le budget de vingt fois supérieur à celui prévu initialement. Heureusement, l’attente en valait la peine et plus personne ne chipote sur les coûts « astronomiques » après avoir constaté ses premières images et résultats tout bonnement époustouflants.

Je dois signaler le magnifique travail de la fusée Ariane 5 qui a doublé l’espérance de vie du télescope spatial grâce à la précision de son tir. Ainsi, il pourra nous abreuver plus longtemps d’images à couper le souffle lorsqu’on les compare avec celles des autres télescopes. J’insiste également sur le fait que le James Webb ne succède pas au célèbre Hubble puisque le premier observe dans les longueurs d’onde infrarouges contrairement au second qui voit principalement dans la portion visible du spectre électromagnétique.

Et justement, grâce à cette différence fondamentale, James Webb peut voir tout un tas de trucs laissés dans le noir jusqu’à présent, car l’expansion de l’univers décale la lumière émise par les objets célestes vers des longueurs d’onde plus longues. Donc, ce qui se trouvait autrefois dans le spectre visible peut maintenant être observé uniquement en infrarouge. Et plus on remonte loin dans le passé, donc au plus près du Big Bang, plus les objets s’observent, non plus en rayons visibles, mais en infrarouge éloigné.

Et du coup, à des distances immensément éloignées, une surprise de taille nous attendait. Alors qu’Hubble nous montrait au mieux de ses capacités des galaxies ayant un degré de mochitude élevé (j’ai emprunté ce terme à David Elbaz), James Webb nous fait voir des galaxies bien plus immenses que prévu et apparemment mieux formées.

Les astrophysiciens n’y comprennent plus rien. Leurs modèles de formation des galaxies viennent de voler en éclats, car selon ceux-ci, les plus vieilles d’entre elles devraient plus ressembler à celles présentées par Hubble qu’à celles observées par James Webb.

J’ai lu quelque part que ces résultats remettaient même en cause la théorie du Big Bang alors que rien n’est plus faux. Une multitude d’autres évidences n’ayant rien à voir avec les galaxies primordiales ne sont aucunement réfutées ni même ébranlées par ces nouvelles images. Oui, les astrophysiciens doivent absolument refaire leurs modèles de formation des galaxies. Ils devront peut-être même revoir l’âge de l’Univers actuellement estimé à 13,8 Ga, mais en aucun cas le télescope James Webb n’a pris en défaut le principe du Big Bang.

L’étendue et la qualité de nos connaissances dépendent de la fabrication de nouveaux instruments complémentaires et de plus en plus performants. Puisque le vénérable Hubble vit actuellement sa dernière phase active, on devra bientôt lui fournir un véritable successeur. Pour ce faire, la NASA planche actuellement sur le télescope spatial Nancy-Grace-Roman dont sa mise en orbite initialement prévue pour 2025 est maintenant planifiée en 2027. Tous espèrent que l’expérience acquise avec le Webb permettra d’éviter dix années de retard. Deux suffiront amplement à éprouver notre patience.

Le musher

« Musher » se prononce à l’anglaise : mocheur [mɔʃœʀ], il désigne le conducteur d’un traineau à chiens. Cet article vous aidera à mieux reconnaitre les principaux types de meneurs dans une équipe et à mieux comprendre leurs différences et leurs rôles grâce à l’analogie avec un attelage de traineau à chiens.

J’ai longtemps été directeur d’une base de plein air. L’hiver, les clients pratiquaient le ski alpin, le ski de fond, le télémark, la raquette ou le patin. Certains, plus téméraires ou plus inconscients, allaient jusqu’à tenter l’expérience de la planche à voile sur glace.

Un hiver, j’avais embauché un animateur bien particulier, un musher, et bien entendu avec ses chiens qui étaient, eux, payés en croquettes de poulet. Son traineau faisait la joie de notre clientèle férue d’exotisme innu. Son travail était très exigeant, car entretenir, préparer et entrainer un attelage complet lui prenait tout son temps. On a souvent tendance à idéaliser certains métiers et celui de musher tombe dans cette catégorie. Il ne suffit pas d’aimer les chiens, d’en réunir une flopée et de les atteler au hasard pour obtenir une meute efficace capable de suivre les instructions prononcées par un humain se tenant derrière elle. Et oubliez le fouet qui ne servait autrefois qu’à générer un claquement supersonique, et surtout pas à flageller les tire-au-flanc.

Notre musher était constamment à la recherche de bons chiens qu’il cherchait à obtenir sans se ruiner, quitte à les entrainer plus longtemps. Il m’expliquait qu’un bon traineau est composé de bêtes au caractère et aux qualités bien différentes. De plus, le choix de la position de chacun dans l’attelage s’avère critique. Le gros de l’attelage sans compétence spécifique est placé au centre de l’attelage. Leur position exacte dépend des interactions entre eux. Jeunes avec vieux pour l’expérience et l’émulation, mâles avec femelles pour le désir de plaire, tout amalgame menant à augmenter leur capacité à tirer plus fort et plus longtemps était pris en compte.

Les plus costauds (swing dogs) sont installés plus près de traineau alors que les plus intelligents (team dogs) sont attelés juste derrière le chien leader. Ce dernier est toujours en tête de l’attelage. Ce chien ne fait pas partie des plus forts, bien au contraire. Sa principale qualité est de bien comprendre et d’obéir aux ordres du musher. Il est également le plus rapide afin de toujours rester devant les autres. Son intelligence ne mettra pas en danger l’attelage advenant un ordre pouvant compromettre la sécurité du traineau puisqu’il sait que le musher ne peut pas toujours tout voir. Le rôle crucial du leader fait généralement de lui le chien le plus dispendieux d’un bon attelage.

Au plus près du traineau sont attelés les chiens (wheel dogs) possédant la puissance brute. Grâce à leur grande énergie, ce sont eux qui parviennent à mettre le traineau en mouvement et à franchir les obstacles difficiles. Toutefois ces actions s’avèrent rapidement très épuisantes. C’est pourquoi, une fois en déplacement, le traineau doit poursuivre sa glisse sans s’arrêter, ce rôle étant dédié aux chiens du milieu. Ainsi, tous les animaux travaillent à maintenir l’allure en relayant leurs efforts selon les aléas du terrain pour garder le rythme sans mourir à la tâche.

Parmi les wheel dogs, une place bien particulière est réservée au chien dominant tous les autres, généralement le plus puissant et expérimenté, mais cela dépend surtout de son caractère. Situé au plus près du traineau, il observe et note le comportement de tous les autres chiens et si l’un d’eux ne s’avère pas à la hauteur de ses attentes, il règlera la situation lorsque le musher les détellera.

Un parallèle évident se trace entre un attelage de chiens et un groupe de travail efficace d’humains. Et il est crucial de comprendre une toute première distinction qu’ont entre eux le leader et le dominant. Si mener et diriger le groupe est laissé au leader, alors contrôler et maintenir ou rétablir une situation est la prérogative du dominant.

Le dominant, qualifié de chef de meute, parle peu et agit le moins souvent possible, mais il voit tout ce qui se passe et chaque intervention de sa part s’avère sans appel. Par sa grande expérience et son indicible influence, il amorce le travail et ensuite il comble les passages à vide. Il décerne les compliments tout autant que les mauvaises notes. On ne lui tient pas tête bien longtemps et même le leader se soumet à lui. Chacune de ses interventions en est une qui aurait pu être évitée.

Le leader, lui, sait garder le cap. Il reste fidèle aux ordres du directeur. Il réagit adéquatement si des obstacles se dressent devant l’équipe. Il peut les contourner sans oublier la mission première. Le reste de l’équipe le suit par convention et nécessité plutôt que par la crainte qu’il ne dégage pas. On se fie cependant à son jugement, et plus encore si un deuxième leader lui vient en appui, le soutient et le remplace parfois. Il évalue l’ensemble de l’effort fourni, mais sa place en tête de convoi atrophie grandement ses capacités à jauger le travail individuel des autres membres de l’équipe, et ce contrairement au chef de meute. Il fournit rarement la même énergie brute que le reste de l’attelage, sauf en de rares occasions.

On peut facilement s’apercevoir de l’avantage d’un travail d’équipe lorsque celle-ci est équilibrée. Dans une grande équipe, on ne saurait se passer d’au moins un leader, d’au moins un dominant et d’une bonne quantité de wheel, de swing et de team judicieusement agglomérés pour former des duos, des trios, des quatuors et plus, dont leur efficacité sera basée sur l’émulation, la bonne entente et même l’attirance.

Comme dirigeant, apprenez à composer de bonnes équipes et à distribuer les différents rôles aux bons individus. Comme dans les sports d’équipe, osez modifier vos combinaisons au fil des événements afin de trouver le meilleur amalgame du moment.

Comme équipier, sachez trouver votre place naturelle au sein de vos groupes de travail. Apprenez à acquérir graduellement de l’expérience. Apprenez à discerner les rôles officiels ou officieux des autres membres et à interagir en conséquence.

Si vous devenez le leader, ne vous méprenez pas sur ce rôle en vous croyant en droit d’imposer vos propres vues et idées aux autres. Ne cherchez pas à dénigrer le travail d’autrui même si leurs efforts apparents (ou même réels) semblent disproportionnés.

Une bonne équipe ne sera jamais formée d’individus aux qualités semblables. Ça prend de bons leaders et chefs de meute, mais il faut d’autres membres qui se contenteront des rôles un peu plus effacés, moins prestigieux, mais tout aussi importants pour obtenir un résultat d’ensemble correspondant aux attentes d’un musher (celui qui dicte les objectifs).

Dans les petites équipes de deux, trois ou quatre individus, il est crucial de définir ceux qui joueront le rôle de leader et de chef de meute. Ça évite à coup sûr des conflits si personne n’essaye de s’arroger tous les pouvoirs ou ceux qu’ils ne peuvent adéquatement les assumer.

Analysez les projets qui auraient dû réussir et qui échouent. Vérifiez la composition de leurs équipes et bien souvent vous tomberez sur la cause intrinsèque. Une équipe ayant trop ou trop peu de vrais chefs (leaders et chefs de meutes), une équipe trop peu polyvalente, une équipe grevée de conflits irrésolus et permanents, une équipe qui n’apprécie pas suffisamment le travail collectif composé de différents types d’efforts survenus à des moments distincts et effectués par divers individus.

Lors de la composition d’une équipe, énumérez les qualités primaire et secondaire de chaque individu afin de leur donner leur rôle principal, mais aussi un rôle auxiliaire. Leader, chef de meute, wheel, swing ou team, lorsqu’on maitrise l’art de bien comprendre ces rôles, on accroit fortement les chances de succès d’une équipe.

Soyez ce genre de musher qui sait estimer les distinctions individuelles afin de mener vos projets à la réussite qui ne saurait survenir en composant des équipes à votre unique image. Il suffit de bien se faire comprendre des leaders et le collectif suivra naturellement. Dans le cas contraire, laissez quelqu’un d’autre y veiller, car sachez-le, un musher ne s’arroge jamais le rôle de chef de meute puisque celui-ci doit faire partie intégrante des membres de l’équipe de travail.

Un dirigeant (musher) qui s’inscrit en tant que leader ou chef de meute commet deux erreurs. Conformément à ses pouvoirs intrinsèques, aux yeux des autres, il ne sera jamais un équipier égalitaire et s’il le devient, il ne pourra plus correctement effectuer son travail de dirigeant.

Pour ceux qui ont tout lu cet article, si aujourd’hui vous n’aviez qu’un seul rôle d’équipier à jouer à la perfection (humainement parlant), lequel vous conviendrait vraiment ? Musher, leader, chef de meute, wheel, swing ou team ?

La soudeuse

Ouais ! Bon ! Ne pensez pas à ce type d’appareil servant à souder, pensez plutôt au féminin du métier de soudeur.

J’ai déjà connu une soudeuse et dans votre tête, je le sais, vous imaginez une femme forte au gabarit d’une rétrocaveuse.

Au moment où je l’ai connue, la soudeuse en question pesait au mieux 45 kilos et je serais bien en peine de savoir si ce poids comprenait ses bottes et son masque de travail. Vous croyez qu’elle aurait été plus à l’aise sur les planches d’une passerelle d’un défilé de mode que dans une usine à joindre des plaques de métal. Et pourtant, elle faisait un travail impeccable sans demander l’aide de ses musculeux confrères.

Évidemment, elle devait parfaitement maitriser l’art de lever et de porter de lourdes et encombrantes charges, mais une fois les bonnes techniques apprises, elle ne souffrait d’aucun handicap, et le tout sans devenir haltérophile ou culturiste.

Vous vous demandez peut-être comment elle a bien pu choisir cette carrière ! À l’époque, il y avait pénurie de main-d’œuvre dans ce corps de métier et le gouvernement donnait des subsides aux personnes qui choisissaient d’étudier dans ce domaine. C’est ainsi qu’elle est devenue l’une des rares soudeuses et peut-être la seule au gabarit de chat.

J’en ai tiré quelques leçons que tous devraient connaitre.

  • Premièrement, que la place d’une femme est… n’importe où. Et de ce fait, elle ne prend jamais la place d’un homme.
  • Ensuite, il ne faut pas tirer de conclusions hâtives sur la qualité de son travail à partir de son apparence physique, de son gabarit, mais à partir de ses résultats.
  • Une femme sait compenser la différence de sa puissance physique avec l’homme par de la jugeote, en utilisant les meilleures techniques.
  • Elle ne force pas inutilement. Elle sait trouver le meilleur moyen de s’y prendre.
  • Une femme peut tirer plaisir de son travail, quel qu’il soit.
  • Une soudeuse possède le bon appareil pour regarder une éclipse.

Ouais ! Cette dernière conclusion s’applique aussi aux garçons et si on y pense, elle n’est pas la seule. Bien sûr, il existe plein de gars qui ne travaillent pas en nigauds. Quant aux autres, ce sont certainement eux qui dénigrent le travail des femmes dans des métiers traditionnellement réservés aux hommes.

Comprenons-les. Ces individus gonflent leur poitrine d’orgueil grâce à une musculature impressionnante. Mais si quelqu’un, une femme en l’occurrence, démontre le peu d’utilité de cette masse de chair, que leur restera-t-il de cette fierté mal placée ?

Ces hommes ont vraiment tout intérêt à trouver de meilleures raisons de se glorifier, mais le veulent-ils vraiment ? Et pourtant, si Hulk s’est lui-même mis à la lecture, alors pourquoi pas eux ?

Les volcans de la décennie

La liste des volcans de la décennie est dressée par l’Association internationale de volcanologie et de chimie de l’intérieur de la Terre (sigle « IAVCEI » en anglais).  Les volcans s’y retrouvant sont dignes d’une étude particulière à la lumière de leur histoire éruptive large et destructive et de leur proximité avec des régions peuplées.

Ainsi donc, le mont Erebus basé en Antarctique n’apparaitra jamais sur cette courte liste même si son comportement venait à se dégrader puisqu’il ne menace personne. De même, aucun supervolcan n’y est inscrit même si ces monstres peuvent dévaster des continents entiers, car aucun d’entre eux ne montre de signes d’éruptions imminents (en temps géologique).

Les volcans susceptibles de voir leur nom inscrit sur cette liste doivent également répondre à plusieurs critères spécifiques liés à leurs types d’éjectats. Certains d’entre eux sont déjà en éruption, mais pas tous, loin s’en faut.

Voici donc en ordre alphabétique les seize volcans dignes d’intérêt pour la décennie actuelle.

On remarque dans cette énumération plusieurs noms inconnus. D’autres au contraire nous sont bien familiers comme l’Etna, un volcan pour le moins hyper actif. D’autres ont le don de grandement nous inquiéter, comme c’est le cas du Vésuve et du Santorin, pas pour leur humeur présente, mais pour leur passé hautement sulfureux ainsi que pour les nombreuses populations vivant aujourd’hui à leur pied.

J’ai comparé cette liste à celle de la décennie 1990-2000 pour vérifier si les volcanologues la modifient peu ou beaucoup au fil du temps. Force est de constater qu’ils ont de la suite dans les idées (ou de la paresse mentale) puisque voilà plus de trente ans, cette liste qui comportait un nom de moins recensait les quinze mêmes volcans que ceux apparaissant actuellement. Le seul nom rajouté depuis est celui du mont Rainier.

À propos de ce dernier, pour ceux qui ne le connaîtraient pas, j’ai déjà écrit un article le concernant. Disons qu’il est un proche cousin du mont St Helens, les deux faisant partie de la célèbre chaine des Cascades. Cependant, celui-ci dresse sa cime blanche dans la cour arrière d’une flopée de villes et villages de l’état de Washington aux États-Unis d’Amérique. Un brutal réveil comme on lui prédit signerait une catastrophe majeure. La photo ci-devant le représente dans toute sa majesté. Comme vous pouvez le constater, la montagne semble enceinte et ce qu’elle enfantera proviendra directement des enfers. Ce stratovolcan menace plus de 1,5 million d’habitants et même s’il semble plutôt calme, il est voué à totalement disparaitre en crachant violemment ses entrailles.

Noter que le Mauna Loa à Hawaï s’est réveillé à plusieurs reprises depuis la décennie 1990-2000, confirmant ainsi les prédictions des scientifiques.

Quant au Nyiragongo en RDC, le 22 mai 2021, le volcan connaît une nouvelle phase éruptive. Deux coulées se sont déversées dont l’une s’est arrêtée tout juste aux limites de la ville de Goma. 

En Indonésie, le Merapi menace 1,1 million d’habitants, tous empaquetés comme des sardines sur deux de ses flancs. Sa dernière éruption date tout juste du 27 novembre 2022.

Au Mexique, le majestueux volcan Colima menace grandement les 200 000 habitants de la ville homonyme. Une activité volcanique intense de type majoritairement explosif le rend particulièrement dangereux.

On ne s’étonnera pas de constater qu’il existe plus d’un volcan sous haute surveillance au Japon, il s’agit du mont Unzen qui a émis plusieurs nuées ardentes entre 1990 et 1995 et du mont Sakurajima dont la plus récente éruption d’envergure est survenue le 24 juillet 2022, forçant l’évacuation préventive de plusieurs zones d’habitation.

Le majestueux duo Avatchinski-Koriakski situé à l’extrême est de la Russie peut paraitre presque inoffensif puisqu’aucune éruption n’a entraîné de lourds dégâts matériels ou même des victimes humaines depuis belle lurette, mais sa proximité avec la ville de Petropavlovsk-Kamtchatski, la capitale du kraï du Kamtchatka et la nature explosive de ses éruptions ne laisse rien de présager de bon lorsqu’il entrera de nouveau en colère.

Les Philippines, bien connues pour ses nombreux volcans actifs, dont le tristement célèbre Pinatubo qui a explosé en 1991, possède également sur l’ile de Luçon le volcan actif Taal, une structure géologique très originale puisque le mont émerge au milieu du lac du même nom (la caldeira), mais sa curiosité ne s’arrête pas là. Cette ile contient dans son cratère un petit lac qui contient également une toute petite ile en son centre. On observe donc une ile dans un lac dans une ile dans un lac dans une ile ! Évidemment, sa présence sur la liste de la décennie ne tient pas à son originalité et les volcanologues ont eu raison de l’y inscrire puisque le 12 janvier 2020, il est entré en éruption après 43 ans de calme relatif.

Le Galeras est un volcan andin situé en Amérique du Sud, plus précisément en Colombie. Il entre fréquemment en éruption et certaines ont entraîné des dégâts matériels, mais aussi des morts comme en 1993. Le type éruptif, la fréquence élevée de ses éruptions ainsi que la proximité de la ville de San Juan de Pasto font en sorte qu’il représente un très bon candidat pour apparaitre sur la liste des volcans de la décennie.

La Papouasie–Nouvelle-Guinée n’est pas en reste. Située sur une faille tectonique propice à engendrer des volcans, l’un des plus dangereux se nomme Ulawun. Les laves émises par l’Ulawun au cours d’éruptions majoritairement explosives classent l’Ulawun parmi les volcans gris de la ceinture de feu du Pacifique. Le 26 juin 2019, l’Ulawun entre en éruption, provoquant un regain important d’activité sismique ainsi que l’évacuation de la région.

Le Santa María est situé dans le sud-ouest du Guatemala, tout juste au sud de l’importante capitale Quetzaltenango. Il fait partie de la chaine du Sierra Madre du Chiapas, une fourmilière de volcans qui domine la plaine côtière aux abords de l’océan Pacifique. Sa dernière éruption date du 22 juin 1922 et un siècle plus tard, elle est toujours en cours !

Le Teide est un stratovolcan situé sur l’ile de Tenerife, dans l’archipel des iles Canaries. Sa dernière éruption explosive remonte approximativement à l’an 800, il semble donc étonnant de retrouver son nom sur cette liste. Cependant, le risque d’une violente éruption n’est pas écarté et si elle devait survenir, elle pourrait avoir des conséquences très sévères sur cette ile, ses habitants et les innombrables touristes qui y circulent.

Je ne m’étendrai pas très longtemps sur le cas de l’Etna. Son importante activité éruptive, ses coulées de lave très fluides et la proximité de zones densément peuplées ont fortement joué en sa faveur pour l’inclure dans la liste des volcans de la décennie. J’ajouterai simplement ceci, je considère les habitants vivant à proximité comme étant dotés soit d’une insouciance de cigale, soit de gonades en amiante.

Que dire du Santorin ? Un volcan ayant vécu des centaines de violentes éruptions, crachant cendres et lave sur une période de plusieurs millions d’années. Une ultime explosion survenue il y a de cela 3600 ans fit éclater l’ile, ne laissant qu’un croissant rocheux au milieu de la caldeira sous-marine. La dernière grande éruption survint en 1925 et d’autres plus modestes se s’étalèrent jusqu’en 1950. Aujourd’hui, la présence de quelques fumeroles nous rappelle que sous les eaux un monstre sommeille.

Et à tout seigneur tout honneur, je termine cette déclinaison par le volcan probablement le plus emblématique et le plus célèbre de tous, le fameux Vésuve. En l’an 79 de l’ère actuelle, il ravage entre autres les villes d’Herculanum et de Pompéi. Ce faisant, la montagne est décapitée d’un bon tiers. Il est l’archétype du volcan gris causant des éruptions pliniennes, nom provenant justement de Pline l’Ancien qui y mourut et de Pline le Jeune qui décrivit les événements pour lesquels il fut un témoin direct. Aujourd’hui, la ville de Naples et ses 4 millions d’habitants pile sur les pieds de la montagne qui, pour l’instant, reste relativement stoïque, mais il serait totalement déraisonnable de s’y fier puisqu’elle demeure l’un des volcans les plus dangereux au monde.

Pour terminer ce long article, vous aurez sûrement remarqué la belle distribution géographique de ces seize volcans même si à certains endroits la Nature a été bien plus généreuse qu’à d’autres. Toutes les listes montrent des tares et celle-ci ne fait pas exception. Malgré qu’elle soit dressée par des volcanologues, elle ne sert qu’à ceux qui ne le sont pas. Pour leur part, il ne leur viendrait pas à l’idée d’utiliser cette courte liste pour définir leurs priorités. Les plus étudiés, les plus surveillés de tous brillent parfois par leur absence.

Aucun mot sur le Popocatepetl ou sur le Kelud. Silence total autour des multiples volcans d’Islande et rien sur les dangereux volcans des Antilles que sont le Piton de la Fournaise, la montagne Pelée et la Soufrière. Pas plus que le Cumbre Vieja, le Cotopaxi, Mayon ou l’Ijen n’y apparaissent.

Le fait que cette liste reste figée depuis près de quarante ans me questionne fortement sur sa pertinence. Je ne rejette pas tous les volcans qui y apparaissent, cependant je retirerais certainement le Mauna Loa, un volcan rouge qui a démontré son aspect bénin quasi total lors de ses dernières frasques et j’en ajouterais quelques autres, dont plusieurs parmi ceux que je viens de mentionner.

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