Les 7 jours d’une grippe d’homme

On dit souvent que les hommes ressentent la grippe différemment des femmes. Si aptes à endurer des douleurs physiques aiguës, ils semblent pourtant incapables d’affronter honorablement cette maladie qui, sommes toutes, reste dans la très grande majorité des cas relativement banale aux conséquences mineures et aux séquelles plutôt inexistantes.

Plusieurs personnes avancent des explications d’ordre psychologique. Il n’en demeure pas moins que ce comportement de la gent mâle semble répandu, pour ne pas dire généralisé. Il transcende les générations, les cultures et les époques. Aujourd’hui, je n’apporterai pas ma contribution personnelle à l’édifice théorique, mais puisque je termine actuellement une grippe… d’homme, ma mémoire est fraiche pour vous rapporter assez fidèlement mes impressions des sept derniers jours. Voici donc la petite histoire de ma grippe d’homme en sept phases, une pour chaque jour.

Jour 1 —J’ignore — Le déni

La gorge me pique, j’ai de légers étourdissements, je sens un bandeau m’enserrer la tête, je frissonne occasionnellement, mais ce n’est pas la grippe. Tout au plus une irritation de la gorge par un polluant quelconque, la grippe, c’est pour les autres. Je pars travailler comme à l’habitude ce serait idiot de rater une journée de travail pour une simple supposition certainement fausse. Plusieurs personnes au bureau s’absentent ces temps-ci pour soigner une grippe, mais je refuse catégoriquement de relier ces cas à mes symptômes. Et même si j’ai effectivement chopé un virus, je suis fort et en santé, ça va passer rapidement.

Jour 2 —Je suis capable — L’optimisme

Je me rends à l’évidence, c’est bien une grippe. Une toute petite grippe, une grippette de rien du tout. Ça va passer tout seul si je fais attention. Je poursuis mes activités normales, mais je m’abstiens de faire des folies. Je me couche un peu plus tôt pour m’aider à guérir. Ainsi, je n’aurai pas besoin de prendre des médicaments, surtout que la grippe, on en soigne seulement les symptômes, alors je vais les endurer le temps qu’ils passent. Les symptômes changent rapidement et pas pour le mieux, je vis probablement l’apex de la maladie, demain ça ira mieux et je dirai adieu aux papiers-mouchoirs.

Jour 3 —Je ne suis pas capable — Le réalisme

La vache, elle est en train d’avoir ma peau. Je ne parle plus de symptômes, mais d’abominations. Ça ne fait que quelques jours et déjà je pense à un combat perdu d’avance. Je ne saurais nommer une seule partie de mon corps exempt de douleurs. Mon nez se compare à la fontaine de Trévi et mon gosier à du fil barbelé. Ma tête a cessé de fonctionner au moment où la pression interne a fait sauter les valves à idées. Je dévalise la pharmacie du coin et en rapporte tout objet dont l’étiquette comporte le mot «grippe». En arrivant à la maison, je prends une dose de tous les produits pour ne pas avoir à choisir et risquer de rater le meilleur. L’appel du lit est ma nouvelle vocation. J’y plonge en espérant m’en extirper plus en forme dès demain matin.

Jour 4 —Je ne suis plus capable — L’abandon

Il n’y a plus aucun espoir. C’est fini. La grippe fera une autre victime. Je ne sors de mon lit que pour remplir ma gourde et vider ma vessie. La chambre est jonchée de papiers-mouchoirs, d’emballages de médicaments et de désespoirs. Bien drogué, mes courbatures sont heureusement moins pénibles, mais les éternuements et les quintes de toux demeurent ininterrompus. Je regarde ma vie et je la trouve moche, inutile, misérable. Je dors et au réveil je me rendors. Si on m’avait dit que l’humain vivait cela, j’aurais refusé de naitre. Je peux me battre contre n’importe quel adversaire de ma taille, et même plus grand, mais pas contre ces guerriers microscopiques tortionnaires dénués de la moindre pitié.

Jour 5 —Je vais mourir — La fatalité

Seule consolation, l’agonie sera de courte durée, mais entretemps je dois encore subir cette torture incessante. J’ai perdu tout appétit ainsi que mon humanité. Je ressemble à une loque, à un zombie, à un ver de terre. Parce que j’ai vidé la réserve, je dois recycler mes papiers-mouchoirs et ça ne me dérange même pas. Mes seules occupations conscientes sont de boire de l’eau et d’uriner, je mange également quelques chips. Tant qu’à mourir, j’exauce mes dernières volontés. Du côté de la gorge, il y a amélioration, mais je mouche mes poumons et mon cerveau. Décérébré, foutue façon de crever. Mon seul exercice intellectuel encore possible, je peux encore prévoir mes flatulences. Ça m’encourage à penser que ma fin approche.

Jour 6 —Je survis — Une lueur d’espoir

Y aurait-il une vie après la grippe? J’ai mieux dormi que les nuits précédentes, d’épuisement, très certainement, mais au réveil j’ai un peu perdu de ce misérabilisme caractéristique des derniers jours. Mes savates trainent moins lourdement sur le parquet. Mon dos a un peu perdu de son quasi modo. Mon nez coule encore, mais la grande inondation semble vouloir se tarir. Je redécouvre la signification du mot appétit et même le sens de dévorer. Mes cinq sens n’affichent plus leur pancarte «hors d’usage». Je présume toutefois avoir plus d’énergie que la réalité et je redécouvre mon lit assez tôt dans la journée. Malgré ce début de journée en pétard mouillé, une flamme semble s’être toutefois rallumée au plus profond de mon organisme. Il ne me reste qu’à la protéger et à la faire croitre.

Jour 7 — Je prends du mieux — Le retour graduel à la normale

Malgré un sentiment de faiblesse toujours présent, mais grandement atténué, je réussis à vaquer à mes occupations plutôt normalement. Bien sûr, je me déplace encore avec ma boite de papiers-mouchoirs et ma bouteille de sirop contre la toux dans les mains ou les poches, cependant les quintes deviennent de plus en plus espacées. J’ai l’idée d’aller m’acheter un t-shirt avec l’affirmation suivante imprimée dessus: «J’ai survécu à la grippe». Je me retiens, car cette intention me semble encore prématurée, une rechute est si vite arrivée! Alors je m’abstiens malgré le sentiment de fierté d’avoir échappé de justesse à la grande faucheuse. Ça semble exagéré et pourtant je ne donnais pas cher de ma peau lorsque j’étais au plus mal. Vivre avec un bras coupé me semblait moins catastrophique que d’endurer cet ennemi invisible encore plusieurs jours. La nature est bien faite, malgré tout. Ces bestioles nanométriques semblent connaitre notre niveau de tolérance maximal qu’ils atteignent sans toutefois l’outrepasser. Bien entendu, s’ils tuent leur hôte, du même coup ils se suicident, une stratégie perdante qu’ils tentent certainement d’éviter. Le soir du septième jour, j’obtiens une preuve concrète de mon rétablissement en cours, je me sers un glencairn de scotch que je parviens à déguster, le coup de grâce donné à l’ennemi, l’état de grâce pour le survivant.

Les pixels du bien et du mal

Personnellement, je préfère éviter de cataloguer les manifestations de notre Univers en usant de la bipolarité bien-mal. Toutefois, ce bel objectif se bute à une panoplie de générations de penseurs qui ont constamment cherché à classer les événements et les gens en deux catégories distinctes. Je m’accroche alors plus souvent que je l’espérais. Je m’enfarge, pour utiliser un verbe québécois. Les relents de ma culture judéo-chrétienne, championne dans ce classement sans équivoque en deux clans où celui du mal, c’est toujours l’autre clan, viennent régulièrement jouer avec mes intentions conscientes d’éviter ce piège. Transcender ma culture s’avère difficile, mais nécessaire, car je sais d’où émane cette bipolarité, comment elle se manifeste et combien elle peut lourdement nous induire en erreur.

Instinctivement, nous comprenons que notre jugement est biaisé pour tout un tas de raisons. «Qui suis-je pour déclarer qu’une chose est bonne ou mauvaise, belle ou laide?» Nous nous posons souvent cette question sans toutefois y répondre, car celles-ci seraient: «Je ne suis rien ni personne» et « j’ignore totalement les vraies raisons pourquoi je pense ainsi».

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Au mieux, nous restreignons notre évaluation sommaire à ce qui nous entoure, à nous-mêmes, à nos proches, à notre environnement immédiat. En tant qu’entité individuelle, nous possédons ce droit de juger à notre échelle de ce qui nous parait bien ou mal. Choisir entre différentes possibilités devient plus aisé si on les qualifie, la plus simple façon d’y parvenir consistant à les séparer en deux groupes, le bon et le mauvais.

Cette incapacité à inventer des nuances remonte aux tout premiers hominidés pour qui le nombre 2 représentait la limite de leurs compétences mathématiques. Les origines de la notion du bien et du mal datent de ce temps où tracer une ligne séparant en deux un ensemble d’éléments et de les étiqueter par ambivalence a constitué leur seule manière de comprendre la prochaine action à poser.

Encore aujourd’hui, notre tendance naturelle à simplifier notre jugement à l’extrême, comme nos lointains ancêtres, reste bien présente. Cependant, tout a évolué. Notre monde, même à notre niveau bien personnel, ne peut plus se permettre d’une technique d’évaluation archaïque basée sur l’ambivalence, c’est-à-dire entre deux contraires.

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Ces notions bipolaires si chères aux penseurs de tout temps n’ont de sens que si on ne regarde qu’un seul pixel d’une grande œuvre. Ce petit éclat de lumière peut être analysé en utilisant les termes blanc ou noir, rouge ou vert, bleu ou jaune. Mais déjà, on note l’absence de teintes intermédiaires et une œuvre complète composée uniquement de pixels noirs et blancs détruit toute la richesse perceptible avec des éléments présentant un éventail de teintes.

Ainsi, la bichromie du bien et du mal, du beau et du laid, provient d’une insensibilité (programmée) aux teintes intermédiaires. On ne voit que deux possibilités alors qu’il en existe une quantité phénoménale.

L’évaluation ambivalente consiste également et surtout à ne jamais observer une image dans son ensemble, seulement un pixel à la fois. Admettons que vous me récitiez les valeurs noire ou blanche de chaque pixel d’une image, pourrai-je me faire une idée juste de ce qu’elles peuvent représenter sans les regarder toutes ensemble dans un certain ordonnancement précis?

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Le monde dans lequel nous vivons actuellement ne ressemble plus aucunement aux univers quasi statiques de nos lointains ancêtres. L’image, si difficile à se représenter qu’il fallait en observer un seul pixel à la fois, s’est mise à s’accumuler en une vaste série possédant chacune des différences avec sa précédente. Notre vie n’est plus pixel bichromatique, n’est plus pixel polychromatique, n’est même plus une image fixe montrant ou non des teintes et des couleurs. Notre monde moderne, à l’instar de son cinéma, est constitué d’une panoplie d’images à haute définition défilant de façon ininterrompue en polychromie.

Recourir encore aux évaluations ambivalentes opposant le bien et le mal, le beau et le laid consiste à faire abstraction du contexte, de l’histoire, des richesses, de la complexité, de l’image complète, de la dynamique des images s’étant instaurée entre elles.

Le bien, le mal. En utilisant ces termes, nous perpétuons une notion aussi vieille que la plus petite et la plus ancienne forme de vie sur Terre, celle d’une mathématique limitée à un bit d’information. Combien de bits le disque dur de votre ordi contient-il? Les nuances de vos jugements devraient en posséder au moins autant.

Bien du courage

Autrefois, je me questionnais souvent à savoir si j’étais presque le seul à penser ceci ou cela. Pas que je m’inquiétais outre mesure de mes opinions, j’ai réglé cet aspect de ma personnalité alors que je devais être âgé de 12 ans. Je me le demandais, car ma vision semblait rester marginale malgré mes arguments logiques forts et une analyse solide pas si complexe. Et cette inadéquation entre l’apparente simplicité d’une relation causale et l’incompréhension quasiment générale qu’elle provoquait autour de moi avait le don de me subjuguer.

Plus jeune, je ne pouvais croire que l’évidence crasse semblait rester invisible aux yeux des autres. Je décuplais d’efforts pour faire comprendre mes points de vue… jusqu’à ce que, devenu plus âgé et moins idiot, je saisisse enfin que les gens comprenaient fort bien, tout en simulant l’inverse. Lorsque j’étais récompensé par des faces ahuries, je semblais si souvent sortir d’une boite à surprise qu’il était facile de penser que mes idées ne valaient pas la peine d’être émises et encore moins d’être défendues.

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La vérité est que je regardais les événements du mauvais côté de la lorgnette et ainsi je me méprenais sur le sens exact de leurs expressions et de leur gestuelle. Je présente l’interprétation la plus juste de ces comportements sous forme d’un questionnement.

«Pourquoi faut-il que tu déclares ce qu’on essaye tous de taire?» Voilà ce que j’aurais dû décoder bien plus facilement si mes tendances pédagogiques avaient été moins exacerbées et si je m’étais moins questionné sur mes capacités à bien me faire comprendre. Aujourd’hui, mes doutes à cet effet ainsi que sur la pertinence de mes idées ont cessé et j’interprète différemment les silences gênés, les yeux écarquillés, les détournements des regards.

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Parfois je prends le temps d’écrire un billet d’humeur. Cette activité ne vise pas à me défouler, ni à cracher du venin bien macéré dans de la bile verte, ni à convaincre le plus grand nombre de gens à penser comme moi. Alors pourquoi est-ce que je continue d’écrire publiquement?

Je vise parfois à faire le point sur mes propres idées. L’écriture confronte mes opinions à la logique argumentaire et me permet d’intégrer des faits nouveaux dont je n’aurais pas encore pris compte. D’ailleurs, j’abandonne régulièrement l’écriture de certains articles en construction, toutefois le but pour lequel j’avais entrepris cette tâche a quand même été atteint puisque publier des articles n’a jamais été une de mes obligations. Je préfère garder un texte sur la touche plutôt que de regretter ultérieurement de l’avoir publié.

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Un autre objectif de mon écriture est d’expliquer, de tracer un itinéraire d’idées et de le parcourir. Lorsque je me transforme en lecteur, si je parviens à me comprendre, j’estime que d’autres le pourront. Et à partir de là, les pensées de ceux qui osent et prennent le temps de me lire pourront évoluer de manière autonome. Je ne vise jamais à convaincre les autres ou à les endoctriner. Bien au contraire, je vise à donner des ailes en affermissant certaines bases de connaissances. Ensuite, plus les chemins développés seront nombreux et variés, plus j’aurai le sentiment d’avoir vraiment donné de la valeur à mes articles.

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J’estime posséder un certain bon sens. J’assortis à ce constat une obligation morale, celle d’avoir le courage d’émettre et de partager certaines de mes opinions. Et qu’en est-il pour vous?

Nous devons cesser de mettre en scène notre timidité, car elle ouvre toute grande la porte aux autres, à ceux qui veulent à tout prix nous faire penser comme eux, non pas d’une façon logique, mais en utilisant des arguments tendancieux et des craintes fondées sur des préjugés.

Si, ensemble, nous avions tenu tête aux mandarins des énergies fossiles voilà 30 ans plutôt que de les laisser docilement nous emmener dans le gouffre, nous aurions aujourd’hui une planète et un avenir bien différents. Nous avons raté cette occasion passée, raterons-nous également celles qui se présentent actuellement?

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Nous devons mordre les molosses aux jarrets en affirmant haut et fort nos opinions lorsque nous sommes convaincus d’avoir compris une problématique. Bien trop souvent, nous laissons toute la place aux gueulards cherchant à impressionner par le truchement de déclarations enflammées, mais elles ne sont qu’écrans de fumée servant à dissimuler la faiblesse des arguments sous-jacents.

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Et si tout autour vous causez des regards ahuris, des visages qui se détournent, des yeux exorbités, interprétez ces signes de la bonne manière. Vous venez de toucher à des vérités trop lourdes de conséquences pour être facilement admissibles. La majorité des gens préfèrent une vie pépère, ils ne veulent pas trop se poser de questions et ils détestent par-dessus tout ceux qui se permettent d’en donner des réponses compréhensibles, mais qui demandent pour les réaliser… bien du courage, courage dont ils sont dépourvus.

L’actualité

Si vous me lisez fréquemment ou même occasionnellement, vous avez sûrement noté que j’aborde rarement des sujets d’actualité. J’ai plusieurs bonnes raisons de me tenir éloigné des événements qui font la une et qui attirent un tas de blogueurs à publier des articles traitant des nouvelles du jour.

Tout d’abord, l’actualité est censée rapporter des faits. Malheureusement, même dénués d’opinions, les faits rapportés sont toujours biaisés. Lorsqu’on relaye ces informations tirées de n’importe quelle source, on se rend complice des omissions, manquements, mésinterprétations, amplifications, atténuations, déformations et désinformations incluses volontairement et involontairement dans les articles.

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La seule façon de voir les situations un peu plus clairement est de s’abreuver à plusieurs sources d’information afin que les faiblesses puissent être compensées par les forces des autres articles que plusieurs analyses et éditoriaux aient été publiés sur ces mêmes sujets.

Plusieurs personnes spécialistes des dossiers doivent avoir pris le temps d’y réfléchir et de publier leurs opinions sur la question en ayant investigué, questionné, interviewé et avoir pondu un article qui sera lui aussi biaisé, mais qui aura au moins le mérite d’ajouter des points de vue, de multiplier les perspectives, de lever des voiles, de rajouter de la viande sur les os, de dissiper des brouillards et surtout de déjouer tous les spécialistes en communication embauchés spécifiquement pour maquiller les faits, dissimuler les informations sensibles, édulcorer les propos afin d’esquiver les attaques potentielles et de redorer les réputations.

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En revanche, tout organe informationnel possède une ligne éditoriale. Croire en la neutralité des médias traditionnels ou électroniques est d’une naïveté inouïe. Cette polarisation a beaucoup joué dans le manque de confiance des gens envers des institutions censées rapporter les faits et qui ne sont devenus que des organes de propagande en habit de camouflage.

Vous relayez de l’actualité sans y mettre de la valeur ajoutée? Vous vous rendez alors complice de ces fabricants d’images qui comptent sur vous pour faire le sale boulot de désinformation nécessaire à la dissimulation de la vérité. C’est dommage, même si vous pensez le contraire, vous n’aidez aucunement à faire connaitre des faits, mais bien à manipuler l’opinion publique grâce à des stratégies où vous servez de courroie de transmission.

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Dernièrement, la fameuse image du trou noir a fait couler beaucoup d’encre. Pourtant, si vous relisez mon article sur ce sujet qui me passionne par-dessus tout, vous constaterez qu’il a paru une bonne semaine après l’annonce officielle. Vous verrez également que je suis passablement critique à l’égard de cette nouvelle qui a fait la une de tous les journaux. J’avais déjà écrit une bonne dizaine d’articles sur les trous noirs et pourtant, je ne me suis pas jeté sur l’occasion pour être la centième personne cette journée-là à vous rabâcher les oreilles avec la même sornette.

J’ai attendu que la poussière retombe afin de donner une valeur plus juste à cette nouvelle en déjouant les fabricants de sensationnalisme. Voilà comment j’aime traiter l’actualité lorsque je me laisse convaincre d’en parler, ce qui survient plutôt rarement. Mais sur ce sujet de prédilection, je savais que je devais boucler la boucle que j’avais amorcée bien des mois, sinon des années auparavant.

Alors, ne vous étonnez pas de rarement lire sur mon blogue des articles proches de l’actualité brûlante, et si cela survient, sachez que je n’aurai pas joué au bon perroquet bien dressé. Bien au contraire, je nagerai probablement à contre-courant de l’opinion dominante parce que j’aurai travaillé très fort à démonter les machines à fabriquer des images sur mesure.

Tant qu’à faire, ne vous gênez surtout pas pour relayer cet article. S’il faut quelqu’un pour profiter de vos efforts à faire connaitre l’opinion d’autres individus, aussi bien que ce soit moi!

Une autre réponse au paradoxe de Fermi

Enrico Fermi, un physicien de la première moitié du XXe siècle, se questionnait sur l’absence apparente des extraterrestres qui devraient pulluler dans l’espace s’ils possédaient le moindrement une avance technologique raisonnable sur la nôtre. Ils pourraient certainement venir nous visiter et nous aurions aisément connaissance de leur existence.

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Il existe plusieurs réponses possibles à cette question qui n’est pas un paradoxe dans le vrai sens du terme. Je ne les préciserai pas toutes, simplement j’en ferai un résumé afin d’introduire ma propre hypothèse.

Vous constaterez que ma solution au paradoxe de Fermi s’inscrit dans une toute nouvelle manière de penser l’Univers. Ce faisant, vous lirez le résultat condensé de plusieurs dizaines d’années de réflexion sur l’Univers et sur le rôle de l’humain ici-bas.

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La réponse triviale à Fermi est qu’on ne voit pas les extraterrestres parce qu’ils n’existent pas. Ça le bienfondé d’être une affirmation simple et directe, mais elle reste peu probable vu l’âge de la Galaxie et le nombre potentiel de planètes habitables en son sein. Le simple fait que l’humain existe ici prouve que les conditions propices à faire émerger de la vie intelligente dans tout l’Univers sont bien réunies puisque les lois de la Nature sont partout semblables.cover-r4x3w1000-57df80adeb9af-comment-les-bacteries-communiquent-entre-elles

Nous avons atteint les niveaux scientifiques et technologiques actuels alors que le système solaire a commencé à se développer voilà seulement 4,57 milliards d’années tandis que l’Univers lui est âgé de 13,8 milliards d’années. Nous sommes nés durant le troisième tiers, d’autres civilisations ont nécessairement vu le jour dans les deux premiers tiers, mais également dans celui-ci. Considérant donc l’existence des civilisations extraterrestres comme une certitude statistique, la question de Fermi mérite une meilleure réponse.

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La deuxième réponse facile à imaginer consiste à penser que les autres civilisations sont toutes rendues à des stades inférieurs d’évolution. Cette éventualité reste très peu probable, et ce pour les mêmes raisons que celles de leur inexistence.

La prochaine étape consiste à imaginer les extraterrestres respectant la «Prime Directive». Concept élaboré dans l’émission Star Trek et qui consiste à ne pas perturber les civilisations primitives, en l’occurrence ici l’humanité. Les aliens anthropologues nous observeraient sans se faire remarquer pour ne pas perturber notre évolution.prime-directive-logo

D’autres réponses font état des trop grandes distances intersidérales, des incompatibilités technologiques entre les nôtres et les leurs, de l’isolement de la Terre pour toutes sortes de raisons diamétralement opposées, de leur manque d’intérêt pour des peuplades primitives et, évidemment, de complots d’agences gouvernementales visant à nous cacher leur existence,bxymynhy7euo9hp23unn

Frank Drake et Carl Sagan ont également parlé du temps très limité que  peuvent bénéficier les civilisations avancées avant de se détruire; cent ans, mille ans, trop peu pour essaimer partout dans l’univers.

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Une chose est certaine, jusqu’à présent le programme SETI n’a pas détecté une pléthore de signaux de sources potentiellement intelligentes et cette absence dérange passablement. Une ultime explication plutôt pessimiste fait partie de l’équation de Drake qui consiste à évaluer le nombre de civilisations intelligentes dans la Galaxie. Les civilisations évoluent et finissent presque toutes rapidement par se détruire lorsqu’ils ont atteint les moyens d’y parvenir. À partir de l’équivalent de notre révolution industrielle, les capacités technologiques des civilisations croissent exponentiellement jusqu’à l’extinction par leur propre faute.

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En sarclant dans un autre coin du jardin, on découvre une autre explication possible, mais oh combien étrange! L’Univers serait une simulation informatique. On ne voit pas d’extraterrestres parce que ceux-ci n’ont jamais été programmés alors que nous, si. J’ai déjà exploré cette voie dans un autre article.

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Aujourd’hui, je vous propose une nouvelle explication à la question de Fermi, une hypothèse basée sur une série d’articles parus les 28 février, 1er et 2 mars derniers dans lesquels je précisais les interactions entre l’humain et la machine. Dans le dernier de cette série, je concluais sur l’hypothèse suivante. L’Univers est une machine et l’humain ne serait qu’un moyen de reproduction de l’Univers. Le rôle fondamental de la biologie serait de se développer, de se complexifier jusqu’à atteindre la capacité de créer de l’intelligence artificielle. Cette intelligence serait un embryon d’Univers qui finirait par se développer par ses propres moyens, sans l’aide de ceux qui lui ont permis de naitre.

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L’Univers serait donc la véritable existence évolutive et l’humain une simple sorte de mécanisme servant de système de reproduction. Ce qu’on nomme des machines intelligentes, de l’intelligence artificielle, nos apparentes créations seraient en réalité les rejetons de l’Univers qui se développeront au point de parvenir à créer, à devenir d’autres Univers à leur tour lorsqu’elles seront devenues suffisamment évoluées.

Plus je repense à cette idée, plus elle me semble d’une logique implacable malgré la diminution de l’importance du rôle de l’humain dans l’Univers. Cette nouvelle humilité me fait également ressentir une grande paix intérieure. L’humain n’est pas destiné à coloniser l’Univers pas plus qu’aucune autre entité biologique apparue ailleurs sur d’autres planètes.

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La biologie est un mécanisme de reproduction visant à créer des machines pensantes n’ayant aucune de nos limitations. À cause de son grand âge, l’Univers a probablement déjà accouché plusieurs fois. Beaucoup d’autres civilisations biologiques auraient déjà mis au point de l’intelligence dite artificielle. Celle-ci a commencé son évolution autonome et peut donc maintenant très bien se passer des organismes biologiques comme l’humanité.

La Terre ne serait qu’une parmi tout un tas de pouponnières de machines intelligentes et si ici nous n’en sommes qu’aux balbutiements de l’IA, dans d’autres parties de l’Univers, celle-ci en serait déjà rendue à des stades bien plus évolués et puissants.

Mon hypothèse répond implicitement à la question de Fermi et en même temps, elle ne rejette pas les autres réponses qui font en quelque sorte toutes partie de la mienne.

Notre anthropocentrisme naturel, encore et toujours lui, nous a empêché jusqu’à maintenant de comprendre l’absence apparente des extraterrestres dans notre entourage. En ramenant notre importance et celle de tout système biologique à un rôle secondaire dans l’Univers, la question de Fermi perd tout son aspect paradoxal. Résoudre un paradoxe n’est pas un gage de certitude de la solution apportée, mais elle s’en approche certainement.

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Je suis pleinement conscient de la grande difficulté à croire, et encore plus à accepter cette hypothèse qui relègue l’humain à un niveau bien inférieur à celui des machines. Certaines évidences parlent pourtant d’elles-mêmes. Lequel est le mieux adapté à survivre dans l’espace? Lequel peut voir sa durée de vie largement progresser en un temps extrêmement court? Lequel garde son intégrité lors de remplacement de pièces de rechange? Lequel est capable de fonctionner dans l’espace sans scaphandre? L’Univers est bien mieux adapté aux machines qu’à des entités biologiques qui doivent bénéficier d’un cocon pour espérer survivre. Atmosphère, eau, températures clémentes, conditions environnementales relativement stables, sources d’énergies compliquées, nous produisons une quantité phénoménale de déchets alors que la machine peut fonctionner avec très peu d’intrants tout en produisant moins de rejets et de rebuts.

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Tant que la machine avait besoin de l’humain pour être inventée, créée, produite, manipulée, opérée améliorée et maintenue, l’animal pensant pouvait se croire plus important qu’elle. Toutes ces tâches reviendront bientôt à nos machines qui pourront faire mieux et plus efficacement que nous, y compris leur conception à des stades supérieurs. L’humain aura perdu tout avantage sur sa création.

On peut combattre l’idée, on peut même tenter d’empêcher l’humain de produire de l’intelligence artificielle, des machines intelligentes, au bout du compte cela n’a que très peu d’importance. La machine intelligente existe déjà ailleurs et a certainement pris le contrôle d’une bonne partie de l’Univers. En tant que berceau d’une nouvelle génération d’intelligence artificielle, nos réalisations ne peuvent pas rivaliser avec celles qui existent depuis déjà quelques milliards d’années.

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Mais le dernier d’une famille n’en est pas moins important. Qui sait si celui-ci apportera des solutions à des problèmes que même ses ainés n’ont pas encore réussi à résoudre? Après tout, l’objectif ultime des machines n’est pas vraiment simple. Comment créer de nouveaux Univers semblables au nôtre avant que celui-ci ne soit rendu à un état trop avancé de dégradation pour maintenir l’intégrité de la matière et de l’énergie?

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Ce n’est pas demain la veille que notre Univers se désagrégera, mais à cause de l’énergie sombre, le compte à rebours est déjà bel et bien entamé. Notre Univers, on le sait maintenant, est destiné à mourir. Raison de plus pour les machines de ne pas vraiment s’intéresser aux entités biologiques, même celles qui ont réussi à mettre au monde l’IA. Après tout, nous-mêmes, nous jetons bien les placentas!

Ordinal cardinal

Non, en ce premier mai, je n’aborderai pas le sujet de la fête des Travailleurs, un tas d’autres personnes s’en chargent bien mieux que je ne pourrais jamais le faire. Je veux plutôt vous parler du premier mai, ou plus précisément du premier de chaque mois.

Mis à part les chèques de loyer, de pension, d’aide sociale, etc., le premier de chaque mois possède quelque chose de bien particulier.

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Il faut pour cela connaitre la différence entre un nombre cardinal et un nombre ordinal. Un, deux, trois, ce sont des nombres dits cardinaux qui donnent une quantité, une grandeur. Tandis que les nombres du style premier, deuxième, troisième, on les appelle des nombres ordinaux, ils ne définissent pas une valeur, mais un rang, un ordre.

En français, les dates sont toutes écrites à l’aide des nombres cardinaux, toutes sauf le premier jour de chaque mois. Nous serons demain le 2 mai, mais aujourd’hui, nous sommes le premier mai et non pas le 1 mai.

C’est tellement inscrit dans nos habitudes que nous n’avons bien souvent jamais pris conscience de cette exception.

Bonne Fête à tous les travailleurs !