Savoirs anciens, la distance Terre-Soleil

Mon récent article intitulé «La pyramide» m’a fait penser que je n’avais jamais publié le dernier de la série sur les savoirs anciens. Le voici donc avec beaucoup de retard, mais comme on dit «Vieux motard que j’aimais».

Ça parait idiot de penser que les anciens peuples, qu’ils soient Mésopotamien, Égyptien, Sumérien, Maya ou toute autre culture ayant vécue à ce qu’on croit être le début des civilisations puissent connaitre des informations complexes de nature astronomique sans qu’elles n’aient été transmises par des entités plus savantes.

Pourtant, munis uniquement d’instruments de mesure de fortune, du sens de l’observation, de méthodologie, de mathématiques simples et de déductions logiques utilisant les connaissances déjà acquises, il fut parfaitement possible à ces peuples de connaitre une information aussi impressionnante que la distance Terre-Soleil.

Je vous invite à lire ou à relire mes différents articles sur les «savoirs anciens» puisqu’ils constituent un échafaudage sur lequel chaque connaissance acquise est judicieusement utilisée pour déduire la suivante, en commençant par la construction d’un carré parfait jusqu’à être capable de mesurer la distance Terre-Lune qui me servira de base pour mesurer la distance nous séparant de notre étoile. En fouillant sur mon site, vous trouverez d’autres articles intermédiaires sur les savoirs anciens afin de reconstituer tous les jalons entre ces deux travaux.

Tous ces savoirs ont probablement été acquis progressivement sans qu’aucun miracle ou aide extérieure de quelconque nature ait été nécessaire. Il suffit de gravir un échelon à la fois pour se rendre sur le toit de l’édifice des connaissances. Évidemment, lorsque l’échelle utilisée n’est plus visible, il est normal de croire à des interventions externes ou surnaturelles. Pourtant, rien de tel n’était absolument requis pour que nos lointains ancêtres finissent par connaitre plusieurs secrets bien gardés de la Nature, dont la distance Terre-Soleil.

Comme dans mes articles précédents sur les savoirs anciens, je discute avec pharaon Khoufou et je lui transmets la méthodologie utilisée pour aller plus loin sur la route du savoir scientifique. Ici, le saut sera vertigineux puisque nous nous transporterons là où réside le dieu Râ vénéré par tous les anciens Égyptiens.

— Cher mystérieux volatile, je ne vous ai pas souvent croisé depuis plusieurs mois et j’avoue que nos rencontres me manquent. Durant la dernière séance, vous m’avez appris à mesurer la distance nous séparant de la Belle-de-nuit à partir uniquement de connaissances élémentaires. Vous savez, cet exploit m’a grandement impressionné. J’ai maintenant le sentiment de détenir les plus grands secrets de l’Univers et c’est bien grâce à vous.

— Mon très grand et illustrissime zygomycète de pharaon, vous ne possédez pas encore le savoir absolu, même si vous vous en rapprochez. Il vous reste un important secret de la Nature à connaitre. Un secret fabuleux que je peux vous apprendre.

— Quel est-il, bon sang? Et expliquez-moi pourquoi je l’ignore toujours, avant de vous faire avaler toutes vos plumes pour me l’avoir caché.

— Cher Chlamydia asymptomatique et vénérien vénéré Khoufou, je ne pouvais vous en parler avant.

— Et pourquoi donc, espèce d’énigmatique et très bientôt embroché conseiller?

— Il vous fallait connaitre et comprendre comment nous avons mesuré la distance entre la Lune et votre Majestueuse Grandeur avant de vous attaquer à plus grand secret encore.

— Allez-vous enfin cracher le morceau ou devrai-je demander à mes crocodiles de vous recracher en morceaux?

— Cette punition ne s’avèrera pas nécessaire, oh Archaeopteryx albersdoerferi, je vous le dis à l’instant. Que diriez-vous de connaitre un secret émanant directement de votre lignée royale et j’ai nommé votre géniteur céleste, le grand Râ en personne?

— Si vous m’apprenez un secret sans nul autre égal, je vous épargne les crocs.

— Je voudrais plus qu’être épargné, j’épargne depuis très longtemps et ce secret mérite largement une caisse remplie de merveilles.

— Je me demandais bien quand vous y arriveriez. Tous ces savoirs gracieusement transmis sans rien demander en retour, je vous trouvais très suspect. Maintenant que vous me dévoilez vos désirs, je peux maintenant vous accorder ma confiance. C’est d’accord. Une caisse de joyaux royaux si votre secret est à la hauteur de vos prétentions.

— Il l’est. Je m’apprête à vous apprendre comment connaitre la distance vous séparant de votre dieu et père céleste.

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— Ah! je me souviens maintenant! Vous me l’aviez promis lors de notre dernière rencontre, mais cette idée m’a semblé si impossible et ridicule que je l’avais oubliée. Cette information m’est évidemment inestimable. J’avais dans l’idée de vous donner une petite caisse de bijoux, je vous en donnerai une moyenne si vous réussissez.

— Votre générosité est incomparable, grand Khoufou dysacromélique.

— Faux! Ma générosité sera comparable à ma cruauté si vous échouez. Vous me titillez une seconde fois avec ce secret, vous n’aurez pas de seconde chance.

— Alors, commençons par nous remémorer la distance Terre-Lune acquise l’autre jour grâce à l’éclipse lunaire. Vous pouvez me la donner en coudées, je ferai la conversion en mètres, euh je veux dire en longueur sacrée.

— Si je me souviens bien de votre leçon, la Lune se trouve à 926 millions de coudées populaires.

— Bravo, chère Dessiccation dendrochronologique. Ce jalon nous sera essentiel pour le prochain calcul. Il nous reste une seule inconnue et pour la trouver, nous devons la mesurer avec grande précision. J’ai choisi aujourd’hui pour le faire car, comme vous le remarquez dans le ciel diurne actuel, la Lune est visible et elle se trouve exactement au quart de son cycle mensuel.

— Oui, on la voit à demi éclairée par Râ.

— C’est exact et ce point est crucial pour nos calculs, car nous utiliserons une fois de plus le principe des triangles possédant un angle droit pour faire nos calculs, comme le triangle 3-4-5. Puisque nous voyons une demi-Lune parfaite, le trio Terre-Lune-Soleil forme donc un triangle dont l’un des anges est droit.

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Voyez sur ce dessin. Cependant, ne vous fiez pas aux dimensions des objets ni des distances sur ce papyrus, ils ne sont là que pour comprendre le principe de la mesure que nous ferons et du calcul qui s’ensuivra. En réalité, le Soleil est beaucoup plus gros, mais aussi beaucoup plus loin.

— Je comprends votre dessin, nous nous sommes servis du même principe pour établir la rectitude de la base de ma pyramide ainsi que pour mesurer la circonférence terrestre.

— C’est tout à fait exact et nous ferons de même avec la distance vous séparant de Râ. Il nous suffit maintenant de mesurer l’angle Ø le plus précisément possible. J’ai déjà posé au sol les cordes nécessaires.

— Je remarque qu’à partir de notre position actuelle, la corde rouge est parfaitement alignée avec la Lune et que la corde verte se rapproche de la direction du Soleil, mais elle n’est pas parfaitement alignée.

— Tout à fait, je voulais vous faire participer à la mesure. Je vais prendre l’extrémité de la corde verte. Vous me ferez signe de me déplacer vers la gauche ou vers la droite jusqu’à ce que je sois parfaitement aligné avec le Soleil. Je déposerai la corde à cet endroit en l’étirant pour qu’elle trace une ligne bien droite. Je reviendrai ensuite pour prendre la mesure de l’angle Ø formé par les cordes rouge et verte.

— Mon ébène ami, selon mon immodeste avis, vos deux cordes rouge et verte forment un angle droit.

— Vous vous souvenez comment tracer des angles parfaitement droits, pharaonique greluche!

— Bien sûr, vous me l’avez montré au moment de tracer la base de ma Grande pyramide.

— Alors refaisons l’exercice avec la corde rouge et une corde rose pour voir si la corde verte forme un angle parfaitement droit avec la rouge.

… (Lire l’article «Une base parfaitement carrée»)

— Par toutes les momies d’Égypte! La corde verte n’est pas parfaitement à angle droit avec la rouge!

— À l’œil nu, la différence n’est pas évidente, mais en étant rigoureux, on voit qu’il existe un petit angle entre les cordes verte et rose. Elles ne se superposent pas parfaitement. Je mesure maintenant les proportions des deux angles formés par la corde verte et je trouve que le grand-angle Ø est 57,4 fois plus grand que le petit.

— Fantastique! Euh! Et on fait quoi avec ce constat?

— On calcule que le Soleil se trouve à une distance 389 fois plus éloignée de la Terre que la Lune ne l’est de nous. En considérant que cette dernière distance vaut 926 millions de coudées, Râ se trouve donc à 360 mille millions de coudées populaires de votre Majestueuse future décrépitude enrubannée. Ça représente environ 150 mille millions de longueurs sacrées que je nomme parfois «mètre», ou encore 150 millions de kilomètres.

— Hé bien! Cette distance est bien trop grande pour la parcourir à bord de ma barque mortuaire et encore plus pour mes maigres jambes vieillissantes. J’attendrai donc que Râ vienne en personne me chercher. Il saura bien trouver le moyen de me transporter aussi loin. N’est-il pas un dieu après tout?

— Très certainement. Sage décision. Me permettez-vous d’emprunter un de vos porteurs pour rapporter ma moyenne caisse?

— J’allais presque oublier votre récompense. Ne dépensez pas tout! Gardez-en pour les jours sombres, Le Corbot. Je me fais vieux et le prochain pharaon Kephren pourrait bien se foutre de vos grandes connaissances,

— J’en prends bonne note et je suivrai vos conseils. En y faisant attention, je pourrais bien en avoir pour les 45 prochains siècles!

— Que sera la vie dans si longtemps?

— Je serais prêt à miser le contenu de ma moyenne caisse que votre belle pyramide tiendra toujours debout.

— Ce serait vraiment emballant! Qu’est-ce qui vous le fait croire de façon aussi certaine, cher Corbot?

— Et si je vous révélais un tout dernier secret, mon très précieux Pharaon?

— Encore plus important que celui d’aujourd’hui?

— À vous de voir. Et celui-là, je vous le fais gratuitement, en remerciement pour votre générosité.

— Allez-y, Tenebricosus Corvus, je suis prêt à tout entendre!

— J’en doute, mais qui sait? Croyez-vous, cher Pharaon, aux voyages temporels?

L’image et le mot

Je reviens de mon pèlerinage annuel au SLM (Salon du livre de Montréal). Première constatation, avant même d’avoir atteint la salle d’exposition principale, la salle au palier inférieur antérieurement dédiée aux livres pour enfants a fait place à une garderie. Immédiatement, je m’interroge et je me réponds du même élan. Les livres pour enfants partageront la salle principale avec la littérature adulte.

Non, c’est plus qu’un partage, c’est une invasion hégémonique. La salle principale est devenue une immense arène où les enfants courent partout. Afin de mieux refléter le changement, le Salon du livre de Montréal pourrait changer son nom pour le «Salon du livre pour enfants de Montréal».

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Il n’existe plus aucune rangée où les bds, les livres-jouets, les livres de donjons et dragons, de magiciens, de licornes et autres personnages jeunesse sont absents.

D’un côté, je suis heureux de l’intérêt porté aux livres par ce jeune public. D’autre part, où puis-je maintenant flâner et bouquiner sans me faire bousculer toutes les trois secondes? Le Salon du livre et peut-être le livre en général se rajeunissent. En retranchant la place autrefois occupée par la littérature adulte, que peut-on apprendre sur l’avenir du livre littéraire?

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Les livres au contenu essentiellement textuel s’achètent maintenant sur le web et disparaitront peut-être totalement des salons axés sur le visuel. Comme partout ailleurs, l’image a remplacé le mot et tue progressivement son mode de diffusion autrefois de prédilection, le simple livre. Pour les adultes, subsistent maintenant des livres de cuisine et autres livres pratiques aux belles photos alléchantes, des livres humoristiques, des biographies illustrées de vedettes populaires ou des autobiographies accompagnées d’une panoplie de photos croustillantes, voilà maintenant l’essentiel du contenu du Salon. Soit un salon pour enfants, soit un salon présentant du divertissement aisé, des piles et des rayons d’incultures, de la malbouffe intellectuelle, à l’instar de ce qu’on retrouve dans le mainstream du web, le livre semble avoir pris le même tournant menant vers les niveaux inférieurs.

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Doit-on s’en inquiéter ou s’en foutre? Dans la vie, tout évolue. La culture littéraire ne fait plus simplement perdre du terrain au profit de l’image, elle se fait littéralement anéantir par celle-ci. Est-ce un changement de paradigme? Nos communications deviendront-elles exclusivement imagées? On peut y voir plusieurs avantages dont l’éclatement de la barrière des langues, l’assimilation bien plus rapide d’une nouvelle connaissance par une présentation massivement parallèle plutôt que sérielle comme dans les chaines de mots où l’on doit les lire en suivant la séquence prédéfinie, un à la fois et les uns après les autres.

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Par contre, les présentations sérielles sous forme de textes resteront toujours plus précises que les images. Les textes ne mourront pas, mais je sens que les images les remplaceront partout où cela s’avérera possible. Les textes deviendront des éléments d’accompagnement, comme lors des expositions d’œuvres picturales et sculpturales où des petits cartons nous donnent des informations précises ne devant subir aucun processus d’interprétation.

Les mots seront condamnés à véhiculer du savoir dur et ce sera la fin de la littérature… jusqu’à ce que des doctorants d’un futur lointain étudient notre époque et découvrent toute la richesse que nous pouvions véhiculer avec des chaines de mots. Ils seront subjugués par l’étonnant pouvoir que nous savions donner à ces chaines de caractères, et ce sans l’aide d’images. Ils publieront leurs découvertes et supputeront que nous pouvions voir des images uniquement grâce aux mots.

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La plupart des gens ne les croiront pas, pensant qu’ils déraillent, qu’ils inventent n’importe quoi et les traiteront d’illuminés. «Tout le monde sait depuis toujours que les mots ne peuvent pas servir à remplacer des images!» Depuis leur plus tendre enfance, et ce depuis des siècles, ils auront appris que seule une image peut remplacer une autre image, les mots ne servant qu’à la partie technique.

Mais des études plus approfondies prouveront ces assertions. Les gens riront de l’inefficacité crasse de ce mode d’acquisition archaïque où l’on assimilait un seul mot, une seule information à la fois. Certains tenteront de faire revivre cet art perdu et caractérisé par sa lenteur en faisant l’éloge de son étonnante capacité à créer du contenu visuel à partir d’une description mot à mot.

La littérature retrouvera un semblant de place parmi les autres arts. Toutefois, elle aura perdu son tranchant et une grande partie de son pouvoir d’intéresser les masses, un art archaïque.

Spécialisation et fragilité

La société humaine a franchi une étape charnière de son évolution le jour où elle a commencé à chasser en groupe. Ces sociétés de chasseurs-cueilleurs l’ignoraient, mais ils venaient d’inventer la fragilité individuelle.

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Cueillir sa nourriture reste un acte solitaire et semblable pour tous les cueilleurs. À ce niveau d’évolution, un acte sociétal est tout de même faisable, celui de mettre les denrées en commun pour les distribuer selon une équité ou selon un mérite quelconque.

On peut se comporter de la même façon à la chasse. Tuer une perdrix ou un lièvre s’effectue individuellement. Toutefois, tuer un bison ou un mammouth est une autre paire de manches. Sans spécialisations, certaines pour attirer la bête, l’isoler, pour la rabattre en enfin pour l’abattre, la chasse aux gros gibiers resterait inefficace. Chacun s’occupant d’une tâche distincte, elles sont mises en commun dans un processus global permettant au bout du compte d’attraper la proie et de gagner, ce faisant, le droit de recevoir une part du gibier.

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D’une chasse à l’autre, les individus amélioraient leur technique, savaient choisir et appliquer les meilleures méthodes lorsque les conditions changeaient. Ils acquéraient ainsi un rôle pratiquement indispensable, mais en contrepartie ils devenaient quelconques sinon médiocres dans les autres spécialités.

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Chaque humain étant différent, l’efficacité d’un groupe augmente avec celle de chaque spécialisation. Accomplir certaines tâches précises parmi un ensemble possible devient un atout non négligeable pour la communauté. Les besoins globaux ainsi que les talents naturels des nouveaux membres définissaient leur futur rôle.

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Maintenant, il est devenu impensable de vivre de manière autonome, nous devons tous nous fier aux autres. Même les ermites ayant décidé de vivre retirés et de ne se nourrir que de leurs chasses, pêches, cultures et cueillettes utilisent des tas d’outils fabriqués par notre société, des graines provenant d’elle et des vêtements issus des métiers à tisser. Ils échangent leurs surplus contre d’autres denrées ou équipements impossibles à obtenir ou fabriquer dans leur milieu.

La spécialisation n’a cessé de grandir avec le nombre d’humains peuplant la Terre. On peut dire que le niveau technologique croit en fonction du nombre d’individus. Acquérir autant de compétences variées aussi complexes et si rapidement avec le dixième de notre population n’aurait pas été possible. Le temps nécessaire à atteindre le même niveau d’achèvement aurait été multiplié par un facteur bien plus grand que dix. Imparfaitement imagé par le concept du tas de sable, pour qu’il croisse, une base de plus en plus vaste s’avère nécessaire. L’imperfection de cette image provient de l’angle de la pente, environ 30° pour le sable, variable pour les connaissances accumulées.

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Plus les spécialisations deviennent grandes, plus elles fragilisent les individus, car des disparitions soudaines de leurs besoins engendrent l’inutilité et l’improductivité immédiates des citoyens s’étant dédiés à les combler. L’impossibilité de se parfaire rapidement dans d’autres spécialités qui prennent parfois plusieurs années à acquérir engendre ce qu’on nomme le chômage systémique et ses dangers croissent au fur et à mesure de la surspécialisation des métiers.

La formation continue s’avère alors la seule planche de salut pour réduire les risques d’obsolescence. Elle ne constitue pas un luxe, mais devient une nécessité dans la plupart des domaines de spécialisation.

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Le temps est révolu depuis longtemps où nous passions nos années de jeunesse à apprendre un métier qui nous suivrait ensuite toute notre vie. Dès notre sortie de l’école, nous devons immédiatement penser à y retourner. Ce perfectionnement constant doit s’inscrire dans une planification régulière, au même titre que la famille, les amis et les loisirs. Ceux qui y adhèrent garderont toute leur pertinence au cours de leur vie active de travailleur au sein d’une société hyper technologique. Les autres, la chance déterminera leur sort en fonction d’aléas totalement hors de leur contrôle.

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Le sujet de cet article m’a été inspiré par Mimika [lespetitesastucesdemimika.com]

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Je m’émerveille toujours lorsque je vois une personne comprendre une notion qui semblait nébuleuse, trop compliquée, incompréhensible, insaisissable. Puis soudain, grâce à une explication, une comparaison, une analogie ou une image, la lumière de la compréhension surgit en éblouissant son visage, la rendant plus lumineuse que le soleil. 

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Parfois, la magie opère dans le sens contraire. Une personne a toujours cru et considéré qu’un truc fonctionnait de telle ou telle façon et, tout à coup, sortant d’un chapeau, la vraie explication vient la frapper en plein front. Ce qui lui avait semblé simple et évident lui montre tout à coup ses vraies couleurs. Instantanément, des liens se tissent avec d’autres éléments et certaines pièces manquantes d’un grand puzzle viennent tout à coup d’apparaitre comme par enchantement et prendre place sans effort dans la grande trame des connaissances qui, quelques fois, avait été tissée de travers.

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Un professeur a l’immense privilège d’être assis aux premières loges pour voir ces transformations survenir. Les gynécologues et les sages-femmes aident les mères à accoucher de leurs bébés. Un prof aide les gens à enraciner les connaissances dans le meilleur terreau possible et aussi à les faire accoucher de leurs meilleures idées. Elles sont toutes deux des naissances, des con-naissances fraichement mises au monde.

Frapper sur la tête d’un clou n’incruste pas les connaissances, les répétitions oiseuses ne font qu’affaiblir le clou qui finira par plier. Les liens tissés entre les différents éléments de connaissance s’avèrent certainement plus efficaces que les scies répétées ad nauseam. Diversifier les points de vue est certainement l’un des exercices les plus complexes qu’un prof est appelé à exécuter. S’il possède sa matière à fond, il sera en mesure d’alterner les angles de vues, de varier les perspectives, sans jamais perdre le fil, ni le nord de la matière à enseigner.

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Un exercice encore plus périlleux pour le prof que des exercices de changements de perspectives, ce sont les analogies. La Nature est bien faite et parfois, les règles gagnantes dans un domaine de connaissances peuvent être transposées dans un autre domaine. Toutefois, les analogies bancales pleuvent bien trop souvent. Et plutôt que d’aider l’étudiant, elles risquent de l’embrouiller définitivement. Si un étudiant éprouve des difficultés à comprendre un principe quelconque, ce n’est certainement pas en l’enlisant dans de mauvaises comparaisons qu’il en sortira meilleur.

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Un prof qui ne possède pas sa matière sera souvent incapable de dévier de son cursus et frappera la tête des clous sans arrêt, espérant que sa trente-neuvième tentative sera la bonne. S’il est animé de bonnes intentions, il cherchera une analogie. Toutefois, sans compréhension approfondie de sa propre matière, chercher une explication dans un autre domaine encore moins maitrisé est voué à n’engendrer que des absurdités.

Et vous, étudiant, lorsque vous subissez ces mauvais enseignements, vous vous traitez de cancre pour ne pas comprendre la matière enseignée, ni comprendre l’analogie, ni comprendre le lien (souvent inexistant) reliant l’une à l’autre.

Un professeur compétent a respecté trois règles primordiales de l’enseignement.

1. Il possède la matière qu’il enseigne dans le domaine d’études en question.
2. Il possède la matière qu’il n’enseigne pas dans le domaine d’études en question
3. Il possède la matière qu’il n’enseigne pas dans d’autres domaines d’études.

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Un prof aux connaissances trop étroites cognera sur la tête des clous et il se verra incapable de forger des analogies pertinentes. Il ne pourra pas mettre les connaissances en perspective, les attacher les unes aux autres, en extrapoler les effets sur les prochains niveaux de connaissances. Il se bornera à jouer le rôle de perroquet.

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L’enseignement se rapproche d’être un art, car il semble si facile lorsqu’il est exécuté avec maitrise et il semble si laborieux lorsqu’un néophyte s’y risque.

Mais attention, un bon prof n’est pas qu’une encyclopédie. Si l’étendue et la variété de ses connaissances sont essentielles, plusieurs autres facteurs influenceront le succès ou l’échec de leurs transmissions.

J’en parlerai dans un prochain article.