La résilience

Même s’ils ne sont pas nouveaux, certains mots arrivent tard dans notre vie. Ç’a été mon cas avec le mot « résilience ».

Berlin sous la neige

Je ne l’avais jamais lu avant qu’il reprenne vie après un long moment à croupir au fond du dictionnaire. Aujourd’hui et depuis quelques décennies, on peut l’entendre et le lire plusieurs fois par jour.

Avant de connaitre sa définition exacte, en fonction des exemples lus ou entendus, je présumais que la résilience était la capacité d’affronter des épreuves et de les transcender en gardant peu de séquelles.

J’ai ensuite consulté mes dictionnaires et dans son sens primaire, il est question de fatigue du métal, de sa capacité à absorber de l’énergie avant sa rupture. Elle caractérise la résistance au choc, elle indique jusqu’à quel point de l’énergie peut être emmagasinée par un corps sous l’effet d’une déformation élastique.

D’autres définitions se sont ensuite rajoutées à partir de l’exemple donné par la physique des matériaux. On parle alors de ressort moral, de la qualité d’une personne à ne pas se décourager, qui ne se laisse pas abattre, qui surmonte les événements de vie difficiles. Ou encore, l’aptitude à affronter un stress intense et à s’y adapter.

Bref, j’avais visé assez juste avec ma propre définition, du moins en ce qui concerne l’aspect psychologique. Alors pourquoi j’étais toujours pris d’un étrange malaise lorsque j’entendais les gens utiliser ce mot ? C’est comme lorsque quelqu’un parle d’une personne « versatile » plutôt que « polyvalente », mes oreilles s’échauffent. Avec « résilience », j’avais un effet semblable alors que les interlocuteurs l’utilisaient apparemment adéquatement. Victimes de guerres, ou de catastrophes naturelles, celles-ci étaient qualifiées de « résilientes » par les commentateurs, les journalistes, les animateurs de radio et de télé.

Et un jour, j’ai finalement compris la cause de mon malaise. Chaque fois que je lisais ou j’entendais ce mot, c’était dans le cadre d’événements d’actualité. Les animateurs parlaient de la grande résilience des victimes interviewées face aux catastrophes de tout acabit. Mais comment parvenaient-ils à jauger leur degré de résilience uniquement sur la base de quelques déclarations captées sur le vif alors que la poussière virevoltait encore partout ? Comme pour la versatilité et la polyvalence, mes oreilles entendaient l’expression « résilience », mais en fait elles auraient voulu entendre « résistance ».

Résistance est l’un des synonymes de résilience, mais ces deux mots ne sont pas équivalents. La résistance se caractérise par une réaction immédiate à un choc. Mais est-ce de la résilience pour autant ? Vraiment pas. Il faut du temps pour constater l’existence d’une résilience. Ou encore, elle apparait (ou pas) sur une longue période durant laquelle plusieurs événements difficiles se succèdent. Presque toutes les personnes victimes d’un traumatisme auront offert de la résistance, mais seules celles qui parviendront par la suite à vivre le plus normalement possible seront résilientes.

Tous les mots commençant par « R » ne sont pas Résilience

Toutes les catastrophes nous affectent. Nous nous en sortons transformés, jamais identiques à ce que nous étions avant qu’elles ne surviennent. La résilience ne se caractérise pas par l’absence de séquelles, mais par celles qui nous permettront encore de vivre sans trop affecter notre bien-être ni notre entourage. Et dans les cas les plus remarquables, de vivre encore mieux, de devenir meilleur.

Parler de résilience au lendemain d’une catastrophe est, selon moi, une impropriété. Et, sincèrement, seuls les proches immédiats des victimes pour qui leur regard est parfois plus juste, peuvent décemment les qualifier de résilientes.

Ne pas voir devant soi et pourtant garder espoir

De toute façon, faire montre d’une grande résistance n’est pas moins glorieux que de montrer une grande résilience, même si on peut facilement penser le contraire, puisque la résilience ne se tient pas sur les épaules de la résistance, ce sont deux échelles parallèles. Une personne peut présenter une grande faiblesse face à l’adversité et pourtant, elle peut ensuite poursuivre sa vie sans problèmes. Comme il est possible de fortement résister et ensuite de chuter et de ne pas être en mesure de se relever, le syndrome du choc post-traumatique en est un bon exemple.

Un autre exemple, on peut très bien résister à une pluie d’insultes mais ensuite en être profondément affecté, tout comme on peut difficilement les encaisser, comme une injustice, mais par la suite ne pas tout remettre inutilement en cause.

Alors, j’invite tous les commentateurs, tous les journalistes traitant de l’actualité à se rabattre sur le mot « résistance » plutôt que d’utiliser « résilience » pour parler de la capacité immédiate à subir des chocs sévères, et de conserver ce dernier pour des reportages ayant pour objectif de montrer la façon dont les personnes ont passé à travers les épreuves une fois qu’elles sont derrière elles ou lorsqu’elles ne cessent de pleuvoir.

Et le Corbot dans tout cela ? Est-il résistant, résilient, aucun des deux, les deux ? Ne me le demandez pas, demandez-le plutôt à mes proches. Ce n’est pas inutilement que j’ai grandement restreint mon cercle social, vous en trouverez peu qui répondront n’importe quoi.

La vérité est-elle bonne pour tous ?

Dans mon précédent article traitant de la fatigue, je concluais sur le principe que la vérité m’a aidé à tracer mon chemin parmi mes difficultés et que me la cacher n’aurait pu que me perdre et retarder mon processus de guérison. Mais est-ce le cas pour tout le monde ?

Sombre piège

À mon avis, la vérité est bonne pour tous. On est porté à cacher la vérité auprès d’une personne qu’on considère comme étant une sorte d’enfant, vulnérable, une personne à protéger, quitte à lui mentir, un moindre mal, pense-t-on. Mais que se cache-t-il sous cette belle excuse ?

Malheureusement, mentir, même à un enfant, n’est pas la solution. C’est une marque de faiblesse de l’adulte qui préfère mentir, une solution simple, plutôt que de trouver une façon élégante et adéquate de lui dire la vérité.

Élever un enfant dans le mensonge fera inévitablement de lui un menteur. Alors, la prochaine fois que vous hésiterez en pensant protéger votre progéniture en lui cachant la vérité, sachez que vous lui donnez le parfait exemple de ce que vous ne voulez pas qu’il devienne plus tard.

Oui, la vérité est bonne pour tous, seules les façons de la dire ne sont pas toujours adéquates. Évitez la facilité, creusez-vous les méninges et osez dire la vérité de la meilleure manière que vous pouvez imaginer. Un enfant saura vous pardonner une déclaration maladroite mais véridique, jamais il ne vous pardonnera de lui avoir menti dans le but factice de le protéger alors que la fainéantise ou la couardise en sont la véritable raison. Et que vous le vouliez ou non, votre leurre ne durera qu’un court laps de temps, car il sait d’emblée discerner la différence.

Même les plus pieux mensonges n’achètent pas de la protection, par contre, uniquement et à coup sûr, de la déception.

Fatigué

Songe à Charlevoix

Êtes-vous fatigué ? Pas cette fatigue qui nous prend lorsqu’on dépasse l’heure normale du dodo. Pas cette fatigue issue de l’exaspération de côtoyer des gens idiots ou casse-pieds ou harceleurs. Pas cette fatigue causée par un quotidien morne, répétitif et inintéressant. Pas cette fatigue ressentie à la veille des vacances suivant une période surchargée. Pas plus que cette fatigue causée par le dépassement de nos capacités physiques lors d’une joute ou d’un défi sportif relevé. Non, je parle de la fatigue, de la vraie, de l’épuisement total, du corps qui tire la prise et qui plonge la tête dans le néant.

Êtes-vous fatigué ? Ou l’avez-vous déjà été ? Ou encore, sentez-vous venir cette fatigue absolue que vous parvenez encore à repousser à coups de pied au derrière ou à l’aide de quelconques substances ?

Êtes-vous fatigué ? Car moi, je l’ai déjà été. Je sais comment et pourquoi j’en suis arrivé là. Je sais combien de temps ça m’a pris pour descendre lentement, mais inexorablement dans cet abime. Je connais les premiers, deuxièmes et troisièmes signes avant-coureurs. Je sais aussi combien il faut de temps après le débranchement pour revenir dans le monde des vivants fonctionnels et ensuite pour récupérer ses capacités d’autrefois, compte tenu évidemment de l’avancement en âge.

Je ne crois pas être une exception, mais la fatigue m’a quand même tiré vers le bas durant trois décennies. La pente descendante est lente, elle est longue, mais heureusement, dans mon cas, elle s’est un jour terminée. Cependant, lorsque ma condition a cessé de descendre, eh bien ! mon état était évidemment à son point le plus misérable. Et une fois rendu à ce niveau minimal, personne ne peut prédire combien de temps ça prend pour le quitter et reprendre le chemin vers le mieux-être. Oui, durant longtemps mon état n’empirait pas, mais il ne s’emmieutait pas vraiment non plus. Un état proche du rhododendron ou de l’amanite, plus de l’amanite, parce que personne ne voulait s’approcher de moi.

Et pourtant, malgré mon état dégradé, je n’ai jamais perdu espoir de m’en tirer. J’ignore pourquoi j’avais encore cette force intérieure alors que tout partait à vau-l’eau. Jeune, j’ai vécu de multiples épisodes où j’aurais pu perdre la vie. Je m’en suis toujours tiré grâce un peu à la chance, mais aussi par ma façon relativement calme d’appréhender le danger. Calme n’est peut-être pas le terme le plus exact, car parfois mon cœur battait la chamade. Je choisirai le mot « conscient » en opposition au mot « paniqué ». Conscient de la situation et de son degré de dangerosité.

Même si je n’avais aucune expérience en la matière, je présumais assez bien du danger lié à la fatigue extrême. Je l’acceptais comme une nécessité, ce qui n’était pas faux dans les circonstances.

Combien de temps m’a-t-il fallu pour me remettre de cette fatigue absolue ? Oui, car j’ose croire que j’ai maintenant réussi à me sortir de ce terrible puits sombre. Mes facultés physiques suivent la normalité de mon âge, mais mes facultés psychiques actuelles valent bien celles de mes trente ans.

Je me considère tout de même chanceux d’avoir eu un ratio approximatif de 2 pour 1. Pour chaque deux ans de fatigue, un an de récupération. Donc pour trente ans à abuser du manque de sommeil, j’en compte quinze durant lesquelles ma tête s’est lentement mais graduellement remise à fonctionner normalement.

Pour tous ceux qui pensent qu’il est possible de récupérer rapidement d’un état de fatigue extrême, dites-vous qu’on ne récupère vite que des petits abus. Ceux qui ont perduré demandent une échelle de temps à peu près comparable pour disparaitre, et parfois ce n’est que partiellement.

Ceux qui croient qu’avec ce genre d’évaluation je suis une personne pessimiste n’ont encore rien compris de la réalité. Bien au contraire, je me considère comme une personne très optimiste et la preuve en est que je n’ai jamais capitulé, que je m’en suis sorti, et ce sans jamais me masquer la réalité. La vérité ne doit pas nous effrayer, elle seule peut bien nous guider comme une ligne de survie sur un voilier affrontant les tempêtes. Si la vérité est parfois difficile à accepter, lorsque cette barrière est franchie, plus rien ne peut nous entraver.

Le nez quantique

On a tous appris que le sens de l’odorat fonctionne comme un système de clés-serrures.

Draugen

Les molécules détectables s’insèrent dans des récepteurs capables de reconnaitre leur forme spécifique.

Ce paradigme a été inventé en 1894 par le chimiste allemand Emil Fisher et il a perduré pendant plus d’un siècle. L’idée des clés-serrures était séduisante, car au moment de sa création, la physique quantique n’avait pas encore été élaborée. Elle le sera à partir de 1900 jusqu’à approximativement la fin de la décennie 1920.

En fait, aujourd’hui encore, cet ancien concept de réceptacle à géométrie variable reste largement diffusé même s’il a été à maintes reprises mis à mal par d’éloquents contre-exemples. Le plus connu est celui du ferrocène et du nickelocène, deux molécules de taille et de forme rigoureusement identiques et qui pourtant, engendrent des odeurs bien distinctes.

Noter que l’odorat humain peut compter sur 347 différents récepteurs olfactifs travaillant de concert. Cela signifie que nous ne distinguons pas seulement 347 odeurs différentes, mais bien 2347 combinaisons différentes (multipliez 2 par lui-même 347 fois), plus que le nombre d’atomes dans l’Univers. Le principe de clé-serrure n’est pas vraiment compatible avec l’idée de déclencher plus d’un récepteur par molécule odoriférante.

Alors comment fonctionne notre odorat si ce n’est pas comme une clé qui s’insère parfaitement dans une serrure faite pour elle ? Pour dépasser ce paradigme d’une autre époque, il faut comprendre certains principes de la physique quantique.

À l’échelle des atomes, ceux-ci n’ont pas une localité et une vitesse bien définies. Cela est dû au principe d’indétermination (d’incertitude) qui fait d’une particule un mélange indissociable d’onde-corpuscule ayant la possibilité statistique de se retrouver n’importe où dans l’univers. Un objet quantique comme un atome ou une molécule n’a pas de frontière bien délimitée et son énergie est définie par sa fréquence plutôt que par sa masse et sa vitesse.

Une molécule (odorante) est une onde avec une fréquence de vibration propre ! Étonnant de penser que notre nez ne capte pas une forme moléculaire, mais bien sa fréquence. Cela explique que certaines molécules distinctes aient des odeurs indiscernables puisque leur fréquence de vibration est commune, preuve de cette nouvelle façon de comprendre les odeurs face à l’ancienne basée sur des clés-serrures.

Ces fréquences vibratoires se situent dans l’infrarouge moyen. On ne peut pas les voir et elles sont trop ténues et hors limites pour être perceptibles par nos récepteurs cutanés ou par notre œil. En fait, comprendre que l’odorat est sensible aux ondes infrarouges moyennes explique le gap qu’il y avait dans le spectre des fréquences sensibles par nos différents sens. En effet, cette nature quantique du sens de l’odorat remplit précisément un vide dans le spectre des fréquences détectables par les autres sens du corps humain.

Œil : spectre visible = 0,4 – 1 µm;
Odorat : infrarouge moyen = 1 µm – 3 µm;
Peau : infrarouge lointain = 3 µm – 1000 µm;
Eau : microondes et ondes radio = 1 mm – 100 km;
Oreille : ondes sonores = 10 km – 10 000 km.

Quelle conséquence le quantique apporte-t-il ?

Une conséquence majeure découle de ce changement de paradigme. Si l’odorat détecte les ondes infrarouges émises par les molécules et non directement ces molécules, la conséquence la plus évidente est la vitesse de propagation des odeurs. Une molécule n’a pas besoin de se déplacer spatialement pour être perçue par notre nez puisque ses ondes électromagnétiques infrarouges le font à la vitesse de la lumière. Cela explique comment il est possible de détecter des odeurs dont les molécules n’auraient jamais eu le temps de se diffuser.

Il suffit d’une seule molécule pour générer une onde se propageant quasi instantanément à l’échelle des distances planétaires. Le problème de savoir comment la molécule diffuse vers notre nez devient caduc. Son onde le fait parfaitement bien. Auparavant, je ne comprenais pas comment les requins réussissaient à sentir l’odeur du sang sur de très longues distances alors qu’il n’y avait aucune chance qu’une seule molécule ait pu voyager aussi loin aussi rapidement.

Évidemment, comme tout détecteur, chacun des 347 récepteurs de notre nez possède son degré de sensibilité. Une onde d’amplitude inférieure au niveau faisant réagir ceux d’entre eux qui y sont sensibles ne sera peut-être pas détectée, sauf si l’effet tunnel, une autre bizarrerie de la physique quantique, en décide aléatoirement autrement.

Grâce à la dualité onde-corpuscule des molécules, le transport des odeurs est un phénomène non pas mécanique comme on le croyait autrefois, mais quantique. Les odeurs ne se propagent pas à la vitesse de diffusion des gaz, mais à la vitesse de la lumière. Le concept de clé-serrure a été battu en brèche et il est important de cesser d’y faire référence.

Cet article a été largement inspiré des travaux du professeur Marc HENRY de l’Université de Strasbourg.

Sommes-nous une espèce sociale ?

Sanctuary of Shadows

La question peut paraitre triviale. On a juste à regarder autour de soi pour ne voir que des humains vivant près les uns des autres, échanger des biens entre eux, s’associer pour construire des structures immenses qui profiteront à d’autres qu’à eux-mêmes. Si l’humain n’était pas social, il ne ferait rien de tout cela, pensons-nous.

Et pourtant, tous ces actes « sociaux » sont motivés par une seule idée, celle de recevoir suffisamment pour assurer sa survie et celle de sa famille immédiate. Les personnes suffisamment riches pour être totalement rassurés sur leur confort jusqu’à la fin de leur existence continuent de s’enrichir plutôt que de distribuer leurs richesses au profit des plus démunis. Quand on devient milliardaire, on veut juste devenir multimilliardaire.

Un certain pourcentage de l’humanité n’a pas volé leur titre d’humaniste, mais ce n’est ni la totalité ni la majorité, seulement une toute petite partie. Tout le reste est profondément égoïste. La sociabilité humaine tient principalement de l’opportunisme. L’humain sociabilise par nécessité, par désir de recevoir plus que le coût de donner, par peur de se retrouver sans personne pour lui venir en aide, pas par amour du partage et du don de soi.

Le désintéressement véritable existe, mais il se fait rare. L’humain reste encore une espèce qui voit sa survie dans celle de lui-même et de sa descendance, bien avant celle de sa communauté, celle de sa patrie et encore moins celle de l’humanité. Notre piètre intérêt envers les changements climatiques le prouve hors de tout doute. Les nations qui continuent de se développer à vitesse grand V au détriment de l’environnement le prouvent également.

Comme toutes les autres espèces vivantes, l’humain continue d’évoluer. Ces changements conforteront sa place sur Terre ou le feront disparaitre. Pour survivre à nos impacts négatifs sur la planète, nous devrons augmenter substantiellement notre sociabilité et cesser de regarder la croissance comme seul critère valable de survie.

Personnellement, je garde peu d’espoir en un changement suffisamment radical de nos valeurs pour renverser la vapeur à temps. L’humanité devra s’effondrer avant de pouvoir redémarrer sur de nouvelles bases. Mais quel survivant voudra changer alors que la planète Terre, dégarnie de ses humains, redeviendra apte à être conquise ?

Si l’humain survit à lui-même, il reprendra ses bonnes vieilles habitudes égoïstes. S’il disparait, quelle autre espèce serait suffisamment apte et méritoire pour prendre sa relève ? Par quelle espèce serons-nous remplacés au sommet de notre planète ? Peut-être par aucune en particulier.

Possiblement, l’humain aura été une aberration qui ne reviendra plus du moins, pas sous cette forme aussi dominante. La Terre est peut-être trop petite pour endurer une forme de vie aussi malfaisante, aussi destructrice et génocidaire en regard des autres espèces ainsi qu’envers la sienne.

Notre planète sans humains ne cessera pas de voir les espèces disparaitre. La Nature est ainsi faite qu’avant nous, 99 % de toutes les espèces ayant vécu sur notre caillou se sont éteintes et après nous, les extinctions continueront. Mais comme autrefois, elles seront causées par des bouleversements naturels, pas par une hégémonie.

Le second souffle

C’est le titre d’un film de 2014 que j’ai récemment visionné sur la plateforme Amazon. Il met en vedette la célèbre Hilary Swank dans le rôle principal et Emmy Rossum pour lui répliquer dans le rôle d’une aide-soignante.

Linkin Park – Numb Piano

Mis à part les traits caricaturaux à la mode très américaine de l’aide-soignante maladroite au début du film, ils ne peuvent s’empêcher de la montrer au paroxysme de son incompétence au cas où certains spectateurs seraient trop peu allumés pour comprendre que la personne n’a aucune expérience dans le domaine, le reste du film m’a profondément ému.

Pour ceux qui ne l’ont jamais vue, je ne divulgâcherai pas le sujet abordé dans cette œuvre réalisée par George C. Wolfe qui a joué un rôle obscur dans le film « Le diable s’habille en Prada », les prestations de Rossum et surtout celle de Swank valent leur pesant d’or.

Bien que je sois habituellement un adepte des films aux effets spéciaux démesurés, je ne boude pas mon plaisir de regarder ce genre d’œuvre dont le sujet touche des valeurs humaines même si la facture générale du film demeure modeste.

C’est le genre d’œuvre qui me réconcilie un peu avec la vie d’aujourd’hui. Si le film n’est pas totalement fictif, il existerait donc encore des personnes capables de bontés désintéressées et d’autres pour les apprécier à leur juste valeur !

J’exagère un peu mon désenchantement, mais on ne refait pas un Corbot, surtout s’il ne veut rien savoir du contraire. Être souvent déçu et occasionnellement grandement ravi est préférable, du moins dans ma tête, au contraire. J’exècre ces personnes qui aiment tout, presque également et sans distinction. Les diamants sont rares, les ersatz pullulent, je déteste qu’on essaye de me refiler de la camelote sous prétexte qu’elle brille tout autant.

Dans ce film, on retrouve un crescendo d’émotions bien maitrisé qui ne paraissait pas au moment du dénigrement de l’aide-soignante. Il va vraiment falloir que les Yankees cessent un jour de considérer les cinéphiles comme des imbéciles incapables de comprendre un deuxième degré même pas subtil. Ça gâche la sauce au point où j’ai failli fermer mon téléviseur. Dans ce cas, j’aurais raté le meilleur en me fiant au pire, mais à ce moment j’ignorais la teneur de la suite. Je me félicite d’avoir tenu tête face à leur stupidité initiale.

Conclusion, si vous n’avez jamais visionné ce film, empressez-vous de le regarder et dans tous les cas, faites-moi part de vos commentaires à son sujet.

Dépasser la physique actuelle

Cet article est la suite des deux précédents qui décrivent la principale difficulté empêchant les voyages interstellaires en coûts de temps et d’énergies raisonnables.

Après un rêve pour violoncelle et piano

Pour voyager loin et en peu de temps, les Extraterrestres ont eu besoin de dépasser les lois physiques connues actuellement de l’humanité. C’est pourquoi, s’ils viennent réellement nous visiter, ils sont porteurs de nouvelles façons de procéder, soit totalement ignorées de notre civilisation, soit seulement hypothétiques à l’heure actuelle.

Bien entendu, nous avons déjà émis certaines hypothèses plausibles, mais elle ne sont accompagnées d’aucune façon de les tester et encore moins de les mettre en œuvre. Deux me viennent spontanément à l’esprit, le voyage via des trous de ver et le repliement-extension spatial autour d’un vaisseau.

On ne peut pas invalider les principes de la physique relativiste, mais on peut jouer avec eux. Einstein lui-même a pensé aux trous de ver, un passage abrégé entre des repliements de l’espace. Un autre physicien, Alcubierre, a quant à lui présenté une autre solution consistant à déformer l’espace devant et derrière un vaisseau spatial afin de le faire surfer sur une vague spatiotemporelle tout en respectant les principes relativistes. Ces deux solutions exotiques permettraient de se déplacer très loin et en peu de temps. En revanche, l’énergie requise pour générer ou utiliser ces solutions parait peu vraisemblable. On parle d’utiliser de l’énergie de valeur négative. Bref, dès qu’il est question de faire bouger de la masse, tout revient toujours à un problème énergétique.

Et l’énergie du vide ?

On sait que le vide contient de l’énergie puisque le vide n’est pas synonyme de néant. On appelle « vide » un bout d’espace exempt de matière, mais ce vide ne peut pas être absolu en permanence, les lois de la physique quantique l’interdisent. Des particules virtuelles se créent et se détruisent constamment, prouvant par le fait même l’existence d’une énergie intrinsèque au vide qu’il est préférable de nommer « énergie du point zéro », sa plus basse valeur intrinsèque.

Selon les expériences, comme celles mettant en présence l’effet Casimir, la densité de cette énergie est évaluée à environ 10-9 joule par mètre cube. Cependant, pour être en accord avec la constante de Planck, théoriquement elle devrait plutôt valoir 10113 joules par mètre cube. Cette énorme différence de 122 ordres de grandeur est appelée la « catastrophe du vide ». Tant que cette problématique persistera, nous ne saurons pas ce qu’est réellement l’énergie du vide, donc s’il est possible de l’extraire sans dépenser plus d’énergie qu’elle en fournirait.

Si notre théorie quantique est vraie, nos expériences actuelles ne montrent qu’une microscopique fraction de l’énergie du vide. Il contiendrait suffisamment de potentiel pour faire à peu près n’importe quoi, y compris de créer et maintenir des trous de ver stables ou construire des moteurs Alcubierre très efficaces, car puisant ses besoins énergétiques d’une source externe plutôt qu’interne. Plus besoin de transporter ses réserves et de devoir les accélérer.

Nos connaissances actuelles nous montrent donc un très léger espoir même si peu de scientifiques abondent en ce sens. Mais il n’est pas totalement exclu de pouvoir un jour voyager vite et loin puisque si l’on s’était fié uniquement aux croyances des scientifiques par le passé, la thermodynamique n’aurait jamais vu le jour, pas plus que la relativité ni la physique quantique. Un consensus scientifique ne définit pas la vérité, seulement ce que la science est en mesure d’expliquer à un moment précis de l’état des connaissances mondiales.

Il a donc suffi à des Extraterrestres plus avancés que nous, ce qui n’est pas très difficile à imaginer lorsqu’on sait que l’Univers avait déjà 9 milliards d’années au compteur lors de l’arrivée d’Homo sapiens sur Terre, d’avoir déjà maitrisé l’utilisation de l’énergie du point zéro, ou de toute autre solution d’ailleurs, pour nous visiter sans y dépenser des centaines de générations d’êtres biologiques ni d’avoir parfait le recyclage absolu.

Alors oui, des êtres venus de très loin pourraient effectivement nous visiter. Les Extraterrestres seraient potentiellement une réalité présente, mais aussi passée. En revanche, pour le moment, nous sommes très loin d’être en mesure d’expliquer la façon dont ils s’y prennent et encore moins de les imiter.

Je propose de tout miser sur l’énergie du point zéro. Commençons par résoudre le paradoxe entre ses valeurs théorique et pratique, car il cache potentiellement une solution exploitable. S’il s’avère que la théorie dit vrai, il faudra ensuite trouver un moyen efficace d’harnacher cette colossale source d’énergie quasi inépuisable et les voyages interstellaires deviendront réalisables sans parfaitement résoudre les autres difficultés précédemment abordées.

Nous pourrions alors voyager léger tout en pouvant atteindre des vitesses relativistes, ces dernières nous faisant bénéficier de la dilatation du temps pour se déplacer à des distances astronomiques en des temps raisonnables.

Faire avec

Cet article est la suite du précédent qui décrit la principale difficulté empêchant les voyages interstellaires en coûts de temps et d’énergies raisonnables.

Schubert : Sonate pour piano No 19 en do mineur

Des Extraterrestres ont-ils réussi à contourner les problèmes du temps et de l’énergie ? En fait, il se pourrait qu’ils n’en aient pas eu besoin. Leur solution consiste peut-être à faire avec les lois connues. Nous, Humains, voyons les voyages générationnels comme une difficulté majeure, car notre psychologie n’a pas été forgée en conséquence. Nous avons été éduqués dans un monde où les individualistes, les ambitieux, les hiérarchisés et les belliqueux sont récompensés. Mais si un peuple s’était donné depuis toujours d’autres valeurs centrées sur la communauté, le partage, la patience et le respect, effectuer des voyages interstellaires générationnels serait pour eux beaucoup moins ardu.

Il leur resterait cependant une autre difficulté majeure à surmonter et elle n’est pas des moindres, c’est le recyclage. Plus un voyage s’étire en longueur et plus croît la quantité des ressources nécessaires pour le rendre à terme. Un vaisseau spatial doit vivre en autarcie totale, ses habitants sont donc condamnés à recycler 100 % de toutes leurs ressources internes, y compris leurs déjections. L’ensemble du vaisseau et de ses habitants ne doivent engendrer aucune perte, aucun gaspillage et aucune fuite vers le vide spatial.

L’eau, l’air et la nourriture nous viennent évidemment en tête, mais il n’y a pas que ces ressources vitales à considérer. Puisqu’il est impossible de prévoir suffisamment de pièces de rechange pour tous les bris éventuels, tout doit être réutilisé et refabriqué, y compris les pièces mécaniques et électroniques. Le vaisseau doit être équipé d’une usine à tout faire, absolument tout ce dont il contient déjà. Des imprimantes 3D très avancées pourraient venir à bout de ce problème. Cependant, le vaisseau spatial doit aussi être blindé contre les perforations dues aux micrométéorites, car un seul trou, même minuscule, risque de faire échouer la mission s’il n’est pas immédiatement colmaté. Une armée de microrobots dédiés à cette tâche pourrait limiter les pertes.

Et il faut également parler du problème de la chaleur, de sa déperdition, mais pas que ça. Le vide glacial d’un côté de la cloison et une température ambiante de l’autre, le vaisseau doit absolument recevoir plus d’énergie provenant d’une quelconque étoile qu’il en perd au profit du vide environnant puisque l’isolation ne sera jamais parfaite. L’autre problème provient des lois de la thermodynamique. Un moteur quelconque ne transforme pas 100 % de l’énergie consommée en énergie mécanique. Une partie s’envole en chaleur qu’il faut absolument récupérer à 100 %, ou en acquérir d’une source quelconque, voire d’une source externe, pour compenser les pertes énergétiques.

L’envoi de robots ou d’androïdes à la place d’entités biologiques résout certains problèmes, dont ceux liés à la psychologie inconstante, du moins on peut le prétendre, mais cette solution ne fait pas totalement disparaitre l’obligation du recyclage absolu et l’endiguement de toutes les pertes.

Pertes nulles et recyclage total sont les deux obligations absolues d’un vaisseau spatial au long cours. Et puisque la perfection n’existe pas, il serait surprenant que cette solution du « petit train va loin » soit celle envisagée par les Extraterrestres pour venir sur Terre ou ailleurs. En regardant maintenant vers nous, ces deux difficultés resteront probablement irrésolues durant encore plusieurs siècles, voire jamais. Ainsi, les voyages interstellaires habités ne se font et ne se feront pas avec une technologie primitive comme la nôtre actuellement.

Dans le prochain et dernier article de cette série : Dépasser la physique actuelle.

Les Extraterrestres viennent-ils nous visiter ?

Je vous propose une série de trois articles dans lesquels, j’aborderai succinctement les difficultés liées aux voyages spatiaux sur de longues distances.

Schubert : Symphonie No 8 en ré mineur – Andante con moto

Si vous avez lu d’anciens articles de mon blogue, vous savez probablement que j’en ai écrit plusieurs concernant l’existence probable d’êtres d’origine extraterrestre. Mon opinion se fonde sur les lois universelles de la physique. Nous sommes la preuve vivante que l’Univers possède la capacité de faire émerger des êtres hautement évolués. Ce constat nous oblige à considérer cette possibilité comme étant également universelle. 

La preuve est faite, il existe des centaines de milliards de planètes dans notre seule Galaxie. Que quelques-unes parmi toute cette panoplie abritent de la vie intelligente et technologiquement avancée est statistiquement quasi certain. Et puisque la Terre a vu le jour environ aux deux tiers de l’existence de l’Univers, ce dernier a joui de plus de 9 milliards d’années supplémentaires avant la création de notre planète pour engendrer des êtres capables de prouesses semblables et plus grandes encore que les nôtres. La question à poser n’est donc pas de savoir si les Extraterrestres évolués peuvent exister, mais pourquoi ils n’existeraient pas.

Il en va autrement avec leur présence sur Terre. Considérer que des Extraterrestres viennent nous visiter apporte son lot de suspicions. Les distances entre les planètes sont si considérables qu’il est malaisé de penser qu’ils ont réussi à maitriser une forme avancée de propulsion suffisamment efficace pour leur faire traverser des distances colossales en temps raisonnable tout en dépensant une quantité d’énergie capable d’être embarquée dans un vaisseau spatial.

En fait, la théorie de la relativité restreinte d’Einstein stipule qu’il est possible de jouer sur le temps des voyages spatiaux. Contrairement à la logique de la physique newtonienne à laquelle notre cerveau a été musclé, en physique relativiste, plus vous voyagez vite et moins le temps nécessaire pour parcourir de longues distances est grand. Cette bizarrerie n’apparait toutefois que si vous voyagez à une vitesse proche de celle de la vitesse limite, c’est-à-dire à celle de la lumière dans le vide, soit la fameuse constante « c ».

Par exemple, prenons un vaisseau filant à 99,99 % de la vitesse de la lumière. Pour traverser notre Galaxie dans le sens de sa longueur, elle qui s’étire sur 100 000 années-lumière, les voyageurs à bord ne vieilliront pas de près de 100 000 ans comme on serait porté à le croire en faisant une simple division newtonienne. Selon la transformation de Lorenz requise pour les calculs relativistes, le temps propre à ceux-ci sera 100 fois moins long. Donc, leur périple ne durera que 1 000 ans.

Le problème est que pour voyager à une vitesse très proche de « c », il faut une débauche d’énergie d’autant plus grande que vous tentez de vous rapprocher de cette vitesse limite. Et toute cette énergie doit être embarquée à bord de votre vaisseau spatial sous forme de masse transformable en énergie. Et plus la masse du vaisseau est grande, plus il faut d’énergie pour l’accélérer. Vous avez compris le cercle vicieux, il n’est pas évident de s’en affranchir, et même de savoir s’il est possible de le faire, dans le cadre d’un voyage interstellaire habité.

Selon les connaissances technologiques connues actuellement, se déplacer d’une planète à une autre ne peut pas s’effectuer en temps raisonnable selon la physiologie humaine actuelle. Plusieurs centaines de générations seraient nécessaires au point où les lointains descendants des générations instigatrices du projet auraient probablement perdu le sens initial de leur voyage. Alors, puisque les lois naturelles sont universelles, les extraterrestres se butent aux mêmes difficultés. Partir de loin pour venir sur Terre n’est donc pas une mince affaire.

Des solutions réalisables existent-elles ? Lire le prochain article.

Hubert a rejoint ses étoiles

We are cursed

Rarement plus d’une personne par génération a la capacité d’influencer positivement l’humanité tout entière et Hubert Reeves a été l’une d’elles. Son amour pour la science, pour l’écologie, pour la langue française, mais surtout pour les gens a façonné sa nature profonde et incidemment la nôtre.

Contrairement aux discours démagogiques qui enflamment les esprits, le sien, dépourvu de hargne, a toutefois engendré de très grandes passions. Comme quoi l’éducation et les explications simples et claires valent autrement mieux que les phrases incendiaires dépourvues de sens.

Ce Montréalais de naissance et Français d’adoption savait que la science avait causé les catastrophes environnementales que nous connaissons aujourd’hui, mais il croyait également qu’elle pouvait nous en affranchir si on la mettait au service de notre bien-être. La science n’est ni bonne ni mauvaise, elle fait ce pour quoi on la harnache. Malheureusement, l’incurie permanente de nos dirigeants en matière de protection de la Nature l’a profondément bouleversé et l’a peut-être en partie anéanti.

Nous sommes tous des poussières d’étoiles comme nous sommes tous devenus des fragments d’Hubert Reeves, de sa pensée, de ses préoccupations et de ses amours.

Merci, Hubert, d’avoir été présent dans nos vies.